Mamadou Sylla : « Cellou Dalein est entrain de rêver en disant qu’il est le Président… »
CONAKRY-Elhadj Mamadou Sylla, le nouveau chef de file de l'opposition n'a pas sa langue dans a poche ! Dans une interview qu'il vient de nous accorder, le leader du parti Union Démocratique de Guinée a amèrement répondu aux détracteurs de son nouveau statut. L'ancien président du patronat guinéen lève également le voile sur son plan d'action. Il promet de s'impliquer auprès du chef de l'Etat pour obtenir la libération des prisonniers politiques. Interview exclusive.
AFRICAGUINEE.COM : Cellou Dalein Diallo ne reconnait pas votre statut de chef de file de l'opposition. Comment réagissez-vous ?
MAMADOU SYLLA : Mais est-ce qu’on lui a demandé de donner un avis ? Il n’a rien à voir avec ça. Nous, on l’ignore. Il n'est nulle part aujourd’hui. Il n’est pas à l’Assemblée et il a perdu les élections. Donc, normalement celui qui ne reconnait pas les institutions de la République est un hors-la-loi. Il est hors service. Il n’a que ses yeux pour pleurer parce que je vois que sa haine ne finit jamais. Tant qu’il va garder la haine, il va s’enfoncer plus dedans. On ne peut pas nier l’évidence. Le gars n’a pas reconnu le Président de la République qui est élu. Il a ses hommes à la CENI (Commission électorale nationale indépendante, Ndlr) qui a déclaré le Président élu et le résultat a été confirmé par la Cour constitutionnelle. A son investiture, il y avait 14 chefs d’Etat. Il a été félicité partout. La France qu’il pensait pouvoir faire quelque chose pour lui a, elle aussi, félicité le Président. Moi, je crois que l’homme doit être croyant, musulman. Mais si tu rentres encore dans la brousse (allusion à l’animisme, Ndlr), c’est vraiment très regrettable
Il a dit qu’il ne va pas aux élections législatives parce que le fichier n’est pas bon. Il n’y a pas eu de cohérence entre ce qu’il dit et ce qu’il fait. Sinon comment partir à l’élection présidentielle avec le même fichier ? Alors qu’il y a eu 200 personnes tuées à cause de lui. S’il est toujours dans cette haine, je pense que c’est la haine qui le guide maintenant. Il est parti à l’élection. Il s’est autoproclamé et maintenant il est dans son coin pour dire qu’il est le président élu. C’est très grave. Mais il est en train de rêver parce que je ne sais comment il peut y avoir deux présidents dans un pays. En plus qu’est-ce que tu as pour prouver que tu es président. L’autre est assis avec ses militaires, il prend des décrets alors que toi tu ne peux pas.
Quand quelqu’un a de la haine, il ne voit pas, et c’est tout le problème qu’il a aujourd’hui. Il a ses cadres, militants au nombre de combien qui sont en prison. Je crois qu'il doit penser maintenant à comment libérer ces gens-là parce qu'il est libre. C’est pourquoi il n’a pas de pitié pour ceux qui sont emprisonnés. L’homme doit voir la réalité et accepter. Je n’ai pas demandé son avis et personne n’a demandé son avis. D’ailleurs ce n’est pas lui qui vote pour le chef de file. Donc on n’a pas besoin de son avis.
Je crois qu’il doit me laisser tranquille, il n’est plus chef de file et il n’y a qu’un seul chef de file et c’est moi. Malheureusement pour lui et heureusement pour moi, ce n’est pas lui qui décide. Il ne veut pas le bien de quelqu’un sinon moi j’ai signé l’alliance avec lui. Donc normalement, si je prends sa place pendant qu’il n’a pas accepté de participer aux élections, ça doit le réjouir. La haine doit s’arrêter là. Mais s’il continue comme ça, il va faire mal à ses cadres et militants. Je pense qu’il doit se ressaisir maintenant sinon il va dos au mur.
Comptez-vous vous impliquer pour la libération des détenus politiques ?
Je suis en train de faire un plan d’action sur trois mois. J’ai validé ça lors de ma retraite avec mon nouveau chef de cabinet qui est aussi un député comme moi. On a travaillé là-dessus, et dans le plan, il est prévu pour les trois premiers mois, la visite des prisons. On va saisir officiellement le Ministre de la justice Garde des sceaux, pour qu’on passe voir. Car c’est notre rôle. Parce que partout où qu’il y a tension, en tout cas moi, tant que quelqu’un est de bonne foi, je suis prêt à aller vers lui. Je sais que quand je dis quelque chose au Président, il a confiance en moi, il agit. En 2010 je faisais partie des gens qui l’ont aidé à être élu. Il y a donc cet aspect. Et moi quand je lui dis la vérité, en lui montrant la réalité des choses, des fois il m’écoute.
Donc, je vais me battre pour que je puisse résoudre tout ce dont je pourrai. En tous cas, ceux qui veulent comprendre nous allons travailler de concert pour décrisper la situation. Ce n’est pas nous qui avons dit que c'est Alpha qui est le Président, ce sont les institutions de la République qui l’ont confirmé. Même moi qui n’avais pas voté pour lui, je suis maintenant obligé d’accepter parce je suis un démocrate, respectueux des lois de la République et de ses institutions. Tous ceux qui veulent qu’on s’entende, il n’y a pas de problème. Mais celui qui veut attendre Cellou qui dit qu’il est le Président élu, je dis qu’il est dans le rêve. Il est en train de rêver, malheureusement ses cadres et militants sont en train de souffrir en prison.
C’est pourquoi je dis qu’il doit changer d’objectif et se battre pour obtenir la libération de ceux-là. Il est croyant et musulman. Moi, je pense que tant que Dieu ne t’a pas donné ce que tu cherches, tu ne peux rien, s’il te donne, celui qui te combat, quel que soit son pouvoir, il ne pourra rien parce que c'est Dieu le tout puissant qui a décidé. Un bon musulman doit comprendre cela. Mais quand tu t'opposes même à la volonté de Dieu, c’est compliqué. En tout cas moi je reste ouvert.
Depuis 9 mois, bien avant ma reconnaissance par le parlement comme chef de file, tout le monde savait que je suis chef de file, car les résultats des élections en font foi. Le président de l’Assemblée n’était certes pas connu, parce qu’il n’y avait pas eu élection au niveau du parlement. Donc, moi je peux dire que c’est un tort qui a été réparé. A l’hémicycle, j’ai tendu la main à tous les députés de l’opposition et j’ai attendu 10 jours, avant que je n’élabore mon cabinet. Comme vous l’avez vu, j’ai mis en place les structures de mon cabinet en nommant des députés de l’opposition comme conseillers.
Pourquoi Siaka Barry est dans votre cabinet alors qu’il a démissionné de l’Assemblée Nationale ?
Je n’ai pas voulu faire la même erreur que par le passé. J’ai voulu prendre les présidents qui sont avec nous et qui acceptent de venir. Comme Siaka Barry a trois députés, il a certes démissionné et pour sauvegarder l’unité entre nous, en plus il n’a pas démissionné pour le travail de la Guinée, donc comme il s’agit de l’affaire de la Guinée, il a accepté, en tant que président de son parti. Je dialogue avec tout le monde. Ceux qui sont venus, je pense que ce sont eux qui sont intéressés et on ne peut pas forcer quelqu’un.
D’autres députés de l’opposition tel que celui d’ADC BOC, Ibrahima Sory Diallo ne sont pas contents et pensent que les consultations n’ont pas été bien menées. Que répondez-vous ?
Je n’aime pas parler des noms des gens. Tout le monde a vu que ces gens-là, je respecte beaucoup le président de leur groupe parlementaire honorable Deen Touré, un monsieur complet et exemplaire. Mais je vais rappeler que la loi sur l’opposition dit que quiconque réclame son soutien au pouvoir, dès lors tu quittes complètement l’opposition. Qui n’a pas vu des gens comme les Ibrahima Sory faire sa convention en invitant tout le monde à voter pour le RPG arc-en-ciel ? Si votre média ne l’a pas couvert mais quand-même vous l’avez entendu, c’était avant l’élection présidentielle. Plus loin, le monsieur est parti jusqu’à faire campagne pour le chef de l’Etat au Foutah. Si maintenant la charte de l’opposition condamne cela, alors que lui il est avec le pouvoir, comment peut-on encore le retrouver avec nous ? Donc, il faut comprendre.
Les gens parlent d'argent, les cinq cent millions de francs guinéens par mois, moi, je n’ai jamais vu cet argent, j’en ai juste entendu. Je parle avec modestie, au minimum si je prends l’argent dans mes comptes d’ici pour aller en brousse, c’est entre un milliard cinq millions de francs guinéens et deux milliards. Donc, cinq cent millions de francs guinéens, n'affolent que celui qui ne connait pas l'argent. Parce qu’eux ils ne voient que l’argent alors qu'il y a 15 partis qui sont nommés, en plus le chef de cabinet et ses lignes d’appui. Quand on donne quelque chose à tous ces gens-là mais qu’est-ce qui va rester ?
Cinq cent millions ne valent même pas le prix d’une de mes voitures. Parce que moi mes voitures coûtent plus d’un milliard. Quand tu prends 100 000 dollars pour une 4*4, ça coûte un milliard et quelques. C’est ceux qui n’ont pas d’argent qui peuvent s’affoler pour cette somme, mais quelqu’un qui connait l’argent 500 millions GNF c’est juste 50 000 dollars où ça n’atteint même pas. Alors comment peut-on se mettre à crier à cause de ça ? Le monsieur en question humainement je ne le réponds pas. Je vais juste le renvoyer vers les textes de loi. S’il est contre cela et contre ce que le chef de l’Etat est en train d’exécuter les lois, ça c’est entre eux. Humainement je ne peux pas comprendre qu’un monsieur comme lui, qui a donné le nom de son enfant à moi il y a une dizaine d’années, agisse de la sorte à mon égard. En Afrique, c’est le respect, parce qu’il m’appelle fils et je réponds oui père. Alors comment comprendre que ce monsieur-là puisse me dédire jusqu'à ce point? Et ce n’est pas la première fois.
La dernière fois je l’ai appelé, pour lui dire en bon Poular, (tu es peul, mais tu n’es pas reconnaissant). Si quelqu’un n’est pas reconnaissant, ce n’est pas la peine. Moi je pense que c’est la reconnaissance qui doit être entre lui et moi. Parce qu’en Afrique, il y a trois grandes vertus qu’on ne doit pas oublier : tes parents (Papa et maman), ton maitre coranique ou école et enfin celui à qui tu as donné le nom de ton enfant. Ces trois-là on ne peut pas les payer.
Quand tu donnes le nom de ton fils à quelqu’un, c’est le respect mutuel qui doit être entre vous. Je regrette beaucoup mais je ne lui réponds pas. S’il n’est pas content, je lui conseille soit d’aller voir la présidence, soit de faire modifier la loi. En attendant c'est la loi qui s’applique.
Abdoul Malik Diallo
Pour Africaguinee.com
Créé le 30 décembre 2020 11:21
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