Mamadou Camara, porte-parole de la police : « Pourquoi nous avons fait appel à l’armée »
CONAKRY- Qu’est-ce qui a motivé la décision du Gouvernement de réquisitionner l’armée dans le cadre des opérations de sécurisation et de maintien d’ordre à Conakry ? Quel va être le rôle des militaires qui vont désormais appuyer la police et la gendarmerie dans leur mission ? Le Contrôleur Général de Poliice Mamadou Camara, le nouveau Porte-Parole de la Police Nationale a levé un coin du voile sur cette actualité qui défraye la chronique à Conakry.
Avec lui, nous avons également parlé des différentes stratégies que les services de sécurité comptent mettre en place dans le cadre du maintien d’ordre. Exclusivité Africaguinee.com !!!
AFRICAGUINEE.COM : Qu’est-ce qui a motivé la réquisition de l’armée dans le cadre des opérations de maintien d’ordre ?
CONTRÔLEUR GÉNÉRAL DE POLIICE MAMADOU CAMARA :C’est par rapport aux nombreux appels des citoyens du pays en général et ceux de Conakry en particulier que le Gouvernement nous a instruit de mettre un plan de sécurisation de la ville de Conakry, notamment sur les principaux axes, afin de permettre aux populations de jouir de leurs biens et de s’épanouir. C’est pour cela que nous avons mis le dispositif en place à compter d’hier nuit.
Est-ce qu’il y aura des barrages qui vont être érigés dans la capitale ?
Absolument non ! Aucun barrage n’est prévu dans le dispositif de sécurisation de la ville de Conakry. Ce sont des patrouilles que nous allons organiser et que nous avons déjà commencé à faire sur les principaux axes routiers pour rassurer les populations de circuler tranquillement. Il est hors de question qu’un barrage soit mis dans la ville de Conakry à quelque moment que ce soit.
Les unités qui vont être déployées sur le terrain seront-elles armées ?
D’abord je précise que ce sont des missions mixtes (police, gendarmerie, armée). Mais tous les postes que nous avons constitués, le chef de poste il est soit un gendarme, soit un policier. Quelque soit le grade du militaire qui est là, il est assujetti aux ordres d’un officier de police ou d’un officier de gendarmerie. L’armée est là pour appuyer les forces de sécurité. C’est pourquoi on a fait requérir l’armée. Ils sont là simplement pour appuyer la police et la gendarmerie. Maintenant sur les armes, Absolument, quand on fait des patrouilles, il y a des criminels armés qui marchent qui sont dans des lieux criminogènes, qui braquent, qui tuent des gens, qui retirent des motos, des véhicules. Donc pour lutter contre ces grands bandits, il faut naturellement être armé. Nous allons surtout opérer dans des zones criminogènes, qui ne soient pas les barrages qu’on va placer par-ci par-là.
Nous avons reçu des instructions fermes du Gouvernement de favoriser la libre circulation des personnes et de leurs biens. Il est insensé qu’en exécution de cette mission de libre de circulation des personnes et de leurs biens, qu’on mette encore des barrages.
Quel va être le rôle spécifique des militaires ? Est-ce qu’ils ne seront appelés qu’en dernier recours ou bien ils seront en première ligne ?
Lorsqu’un groupe qui réunit armée, police, gendarmerie est constitué, si le chef est policier ou gendarme, il va sans dire que quand il y a problème sur le terrain, c’est la police ou la gendarmerie qui seront en première ligne. L’armée vient en dernière ligne lorsque la nécessité va se sentir. Les premiers intervenants ce sont la police et la gendarmerie.
Avez-vous déjà ciblé des zones à Conakry où la surveillance sera beaucoup plus accentuée ?
Conakry est très vaste, les zones criminogènes sont connues. La forêt d’Entag est considérée comme une zone criminogène, la forêt de Tombolia en allant vers Dapompa ; la forêt de Kakimbo, sont des zones criminogènes. Donc nous avons plusieurs zones que nous sommes en train d’identifier. Au niveau de toutes ces zones, il y aura des actions qui vont être menées pour lutter contre le grand banditisme et la criminalité pour que les citoyens se sentent vraiment en sécurité.
Quelle est la durée de cette mission ?
Tout travail scientifique demande une évaluation à mi-parcours. A chaque étape, nous allons évaluer la situation. Les populations elles-mêmes vont évaluer l’effet de la mission. Lorsqu’elles se sentiront plus ou moins en sécurité parce qu’il y a pas de sécurité parfaite, nous verrons la nécessité de lever le dispositif.
Vous demandez aux citoyens de collaborer dans cette opération. Comment cette collaboration devrait-elle se faire ?
Les criminels que nous recherchons se trouvent dans des concessions, dans les familles. Donc, c’est en cela que nous demandons à la population de bien collaborer avec les services de sécurité parce que ceux qui sont à côté d’eux sont là pour leur sécurisation. Nous demandons leur soutien parce que si nous tous, nous nous engageons dans cette lutte, il va sans dire que nous pourrons plus ou moins éradiquer la criminalité et le grand banditisme dont les populations ont tant souffert. Nous pensons mettre dans les prochains jours des boîtes à lettre au niveau de la police, au niveau de la gendarmerie pour que certains citoyens qui ont la volonté de dénoncer des zones criminelles que nous ne sommes censés connaitre, puissent le faire afin que des actions soient menées sur le terrain.
Beaucoup de citoyens expriment des craintes notamment par rapport à l’implication de l’armée dans ces opérations. Dites-nous quelles dispositions avez-vous prises pour éviter qu’il y ait des dérapages ou des bavures ?
Nous avons mis une coordination des opérations en place déjà. Cette coordination sera régulièrement avec les Hommes sur le terrain pour le suivi de toutes les opérations et pour les sensibiliser sur le fait que les populations ne sont que des parents, des frères, des amis. Donc, ils n’ont aucun droit de poser des actes qui ne soient pas prévus dans l’ordre de mission.
Combien d’hommes prendront part à cette mission ?
La mise en place a été effectuée hier. Vous savez dans l’évaluation d’une crise, vous partez au fur et à mesure. C’est sûr que les effectifs seront évalués exactement que lorsque nous auront fait à peu près la moitié de l’opération. Donc il est difficile de vous dire maintenant là combien d’Hommes nous allons déployer dans la mission parce que si la nécessité se fait sentir d’augmenter la mission ou d’impliquer tel ou tel service par rapport à ses attributions, nous n’hésiterons pas à le faire.
Le fait d’avoir fait appel à l’armée n’est-il pas un aveu de faiblesse de la part de la police et de la gendarmerie ?
Comme vous le savez, les moyens existent, mais ils sont insuffisants. La criminalité est un phénomène qui évolue avec la société. Les moyens d’hier qu’on utilisait, aujourd’hui ils sont en deçà de ce que nous voyons sur le terrain. Donc, il va sans dire que les autorités doivent prendre des dispositions pour qu’il y ait une adéquation entre les moyens et les réalités du terrain. Mais pour le moment, par rapport au besoin pressant des populations, nous avons fait appel à l’armée pour appuyer les services. Ils sont complètement en dernier plan dans cette mission.
Est-ce qu’il est vrai que des PA vont être installées sur plusieurs axes, notamment sur l’autoroute le « Prince » ?
Oui effectivement, des PA vont être installés. On ne peut pas abriter des agents sous le soleil 24h/24. C’est pour cela nous installons des PA pour que ceux-là qui ne sont pas de faction aient l’abri nécessaire pour se reposer. C’est dans ce cadre là. Mais c’est vrai, des PA vont être basés à des endroits où nous jugerons utiles de les mettre (…), au fur et à mesure que nous découvrirons la nécessité de mettre en place un PA à un endroit, nous le ferons.
Merci de nous avoir accordé cet entretien.
C’est à moi de vous remercier et nous comptons sur vous la presse pour toujours continuer à sensibiliser la population dans le cadre du soutien de cette opération qui ne vise qu’à sécuriser les citoyens et leurs biens, faciliter aussi la libre circulation des citoyens à Conakry.
Interview réalisée par Diallo Boubacar 1
Pour Africaguinee.com
Tél. : (00224) 655 311 112
Créé le 20 novembre 2018 17:17Nous vous proposons aussi
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