Mali : un sacrifice pour « sauver » le Colonel Issa Camara?
MALI- L’ombre du Colonel Issa Camara continue de planer sur la Préfecture de Mali, qui souffre encore le martyrs depuis les violences abattues sur elle en juillet dernier.
Alors que les victimes réclament Justice, une affaire plutôt inédite pollue les relations entre les citoyens. Une série de lectures du saint-coran suivies de sacrifices qui étaient prévues au camp d’infanterie de Mali a failli virer à la confrontation.
De quoi s’agit-il ?
Le jeudi 13 octobre dernier, le pire a été évité de justesse quand un sacrifice prévu au camp a été avorté. L’affaire fait grand-bruit dans la cité de la Dame du Mont Loura. Mais selon un responsable militaire du camp d’infanterie de Mali, ces sacrifices visent à implorer Dieu pour la paix et l’unité à Mali. Une assertion à laquelle les citoyens de Mali n’y croient point. Pour eux ces sacrifices n’ont qu’un seul but : faire taire tout le monde sur le dossier Issa Camara.
« Les militaires voulaient une lecture de coran et des sacrifices au camp, les jeunes ont dit niet qu’aucun citoyen de Mali n’ira au camp pour quoique ça soit. Les jeunes se sont opposés, car pour eux, cette affaire n’est pas pour la paix à Mali sinon ce n’est pas au camp que ça doit se faire. Jeudi certains ont voulu s’entêter, mais tout le monde a insisté que quiconque ira au camp pour ces sacrifices annoncés, à la fin il ira ailleurs mais pas dans la ville de Mali. Finalement, le sacrifice n’a pas eu lieu. Nous avons aussi appris qu’ils veulent le faire sous une autre forme, mais tout le monde est vigilant », nous a confié un citoyen de Mali.
Interrogé, le grand-imam de Mali, Elhadj Ousmane Souaré a expliqué que les raisons pour lesquelles tout le monde a refusé le sacrifice, c’est parce que jusqu’à présent, aucune issue claire n’est encore visible sur les exactions commises sur les citoyens à Mali.
« Il n’y a pas de raison qu’on se rendre au camp pour lire le coran ou faire des sacrifices. Ils ont dit que c’est pour la paix et l’entente mais au fond nous ignorons les raisons réelles. Nous leurs avons dit nous ne refusons pas, mais nous ne sommes pas aussi d’accord. C’est effectif tout le monde a refusé, d’ailleurs personne n’a vu la raison de le faire au camp, nous avons dit à l’unanimité que nous n’irons pas au camp », a expliqué l’imam, qui précise cependant que tout est rentré dans l’ordre.
Interpelé sur le sujet, le préfet de Mali, Harouna Souaré, a invoqué le principe de la laïcité. Selon lui le sacrifice est un acte personnel et privé. « La Guinée est un pays laïc, au nom de la liberté de culte, chacun est libre de formuler des intentions qu’il veut et faire des sacrifices comme il entend », relativise le premier responsable de la ville de Mali.
Eviter la confrontation
Pour le président de la délégation spéciale de Mali, Abdoulaye Fili Diallo, il faut tout faire pour éviter la confrontation
Accusé d’être derrière cette affaire, le gouverneur de Labé a donné une explication plutôt « surréaliste » que voici : « un instruit en coran aurait dit au commandant du camp de faire des sacrifices, verser le sang d’un animal suivi de lecture du saint coran pour la protection de nos frontières et la paix dans le pays. Le commandant a remonté l’information à la mosquée la plus proche avec les sages pour qu’ils prennent part. Les sages ont accepté mais quelques jours après, ça été avorté. Comme les populations n’ont pas compris, j’ai demandé à ce qu’ils arrêtent d’abord. Si les militaires ont fait appel aux sages c’est parce que c’est clair la vision.
Des soupçons
De toute façon les intentions annoncées sont claires ; ce qu’on a dit aux sages c’est sur ça que devrait porter les prières, c’est officiel. Mais si les militaires s’étaient refermées au camp pour le faire en faveur du retour d’Issa ou autre chose on aurait pensé autrement, il ne fallait pas faire de confusion autour.
Du rôle du préfet…
Ça c’est entre le préfet de Mali et moi, il m’a rien caché aussi. Dès qu’il s’est rendu compte de l’opposition citoyenne, il m’a informé. Je lui ai dis de surseoir à tout pour éviter des problèmes. En attendant je vais parler avec le commandant de la région militaire. Jusqu’à ce qu’il ait la compréhension ».
Affaire à suivre
Alpha Ousmane Bah
Correspondant régional d’Africaguinee.com
Tel. (00224) 657 41 09 69
Créé le 20 octobre 2016 18:58
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