Mali : craignant des violences, l’opposition reporte le rassemblement prévu vendredi à Bamako

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Le week-end dernier, la capitale a connu des affrontements qui ont fait officiellement 11 morts et 158 blessés. Le Mouvement du 5 juin fait état d’un bilan plus lourd.


Le mouvement de contestation qui réclame le départ du pouvoir en place au Mali a décidé de reporter un rassemblement à risques prévu vendredi 17 juillet dans un contexte hautement volatil, a indiqué un porte-parole mercredi soir 15 juillet. Le Mouvement dit du 5 juin avait appelé à ce rassemblement à Bamako une semaine après une manifestation qui avait dégénéré en trois jours de troubles civils, les plus graves qu’ait connus la capitale depuis 2012.

Bamako est préservée en temps normal des violences djihadistes et intercommunautaires qui endeuillent le nord et le centre du pays. Sept cultivateurs ont encore été tués par des hommes armés à moto mardi dans le centre, a affirmé le maire de leur village mercredi.

Mais, de vendredi à dimanche, Bamako a connu des affrontements qui ont fait 11 morts et 158 blessés selon le premier ministre Boubou Cissé. Le Mouvement du 5 juin fait état d’un bilan plus lourd. Ses leaders tout juste relâchés avaient appelé mardi à un nouveau rassemblement « de recueillement et de prière » vendredi au monument de l’Indépendance. Ils avaient maintenu le mot d’ordre de « désobéissance civile » et leur exigence d’une démission du président Ibrahim Boubacar Keïta.

Le mouvement a décidé mercredi de remplacer ce rassemblement par des cérémonies « sur tous les lieux de culte sur l’ensemble du territoire national », a annoncé dans un communiqué Ahmadou N’Dounga Maïga, porte-parole d’une composante du collectif qui porte communément ses messages. Il n’a pas fourni d’explication se contentant d’invoquer des « raisons hautement stratégiques ».

Calme précaire à Bamako

Cette décision intervient alors que se poursuivent les efforts pour désamorcer la crise. Le Mali a reçu mercredi une mission conduite par l’ancien président du Nigeria Goodluck Jonathan et composée de personnalités politiques et d’experts de pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Elle est censée rapprocher un pouvoir et une contestation apparemment irréconciliables.

Le calme régnait mercredi à Bamako, mais il reste précaire. La communauté internationale s’inquiète de cette escalade à l’issue imprévisible dans un pays déjà confronté au djihadisme, aux violences de toutes sortes et à la pauvreté, dans une région elle-même tourmentée.

Les Etats-Unis, dans un message publié par leur ambassade, ont appelé toutes les parties à faire preuve de retenue et à « rejeter tout changement anticonstitutionnel du gouvernement ». Ils ont appelé les forces de sécurité « à éviter l’usage excessif de la force ». Et ils ont salué la venue d’une délégation de la Cédéao. Celle-ci doit rencontrer les différents acteurs de la crise au cours des prochains jours. Elle comprend des experts constitutionnalistes.

Parmi les voies de sortie de crise empruntées par un pouvoir secoué figure la nomination de nouveaux juges à la Cour constitutionnelle. Le Mouvement du 5 juin canalise des mécontentements multiples et profonds, contre la dégradation sécuritaire et l’incapacité à y faire face, le marasme économique et social, la défaillance de l’Etat ou le discrédit répandu d’institutions suspectes de corruption.

Des législatives contestées

Ces griefs sont anciens. Mais les législatives contestées de mars-avril passent pour avoir provoqué un déclic et agrégé une coalition hétéroclite de personnalités religieuses, du monde politique et de la société civile, autour de l’imam Mahmoud Dicko, éminente figure publique et farouche adversaire du pouvoir. La Cour constitutionnelle avait invalidé une trentaine de résultats des élections.

Une mission de bons offices de la Cédéao en juin avait conclu que cette décision était « à la base de la crispation ». Elle avait appelé le gouvernement à « reconsidérer » les résultats dans les circonscriptions concernées et à y organiser des élections partielles « dans les meilleurs délais ». Elle avait aussi jugé nécessaire l’installation d’un « gouvernement consensuel d’union nationale ». Ces préconisations sont soutenues par une grande partie de la communauté internationale.

Parmi les gestes d’apaisement qu’il a tentés, le président Ibrahim Boubacar Keïta s’est dit ouvert à un retour en arrière sur la trentaine de résultats controversés. Il a annoncé la dissolution de la Cour constitutionnelle pour créer les conditions de cette marche arrière. Cette dissolution cause des complications non seulement politiques, mais légales, que les constitutionnalistes ouest-africains sont supposés l’aider à résoudre.

AFP

Créé le 16 juillet 2020 10:53

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