Madifing Diané : « Nous devons être fiers de notre histoire… »

Madifing Diané, Gouverneur de Labé

CONAKRY- C’est un pan de l’histoire de la Guinée que vient de revisiter Madifing Diané. Le Gouverneur de Labé qui a été un témoin de l’histoire des indépendances du continent africain, a livré un témoignage. De la création de l’Organisation de l’Unité Africaine au combat que la Guinée a mené pour les indépendances des pays africains, Madifing Diané a livré certains secrets. Et c’est en exclusivité sur Africaguinee.com.


AFRICAGUINEE.COM : L’Afrique célèbre le 58e anniversaire de l’Organisation de l’Unité Africaine ce mardi 25 mai 2021. Qu’est-ce qui a prévalu à la création de cette institution ?

MADIFING DIANÉ : C’est le souci d’unité des peuples africains. C’est le crédo sur lequel cette organisation a été bâtie au lendemain de la décolonisation des pays qui étaient déjà en position de liberté. Face à cette situation, il fallait d’abord unir ceux qui ont eu le privilège d’être indépendants pour faire face à la préoccupation majeure du continent, parce que certains territoires étaient sous domination coloniale britannique, portugaise, espagnole et française. 

Quel rôle la Guinée avait joué dans la mise en place de cette organisation ?

C’est un moment pour moi de m’incliner sur la mémoire de ces illustres devanciers qui sont des pères fondateurs de cette organisation. Sans prétention ou sans zèle, la Guinée est au cœur de la création de l’Organisation de l’Unité Africaine. Nous sommes 9 États sur le continent africain. Et les ainés que sont le Roi Mohamed V, Kwamé Krumah, Modibo Kéita ont fait confiance en la Guinée et l’ont mis au-devant de cette course de sensibilisation des États indépendants d’Afrique pour leur faire accepter la nécessité de s’unir en vue de faire une organisation commune et faire face aux défis de développement et de liberté des peuples africains. La Guinée est au cœur de cette bataille. C’est d’ailleurs pour cette raison que la première fonction de secrétaire général est revenue à la Guinée de façon démocratique à cause du rôle qu’elle a joué. 

Quel héritage Diallo Telli a-t-il laissé à l’Afrique ?

Son héritage a été très positif. Le secrétaire général de l’OUA travaille toujours sous les injonctions des chefs d’États de l’OUA. La préoccupation de l’Afrique à l’époque c’était la décolonisation des peuples africains encore sous domination. L’OUA à travers son secrétaire général, les chefs d’États, a contribué fortement à la décolonisation des peuples africains. C’est à son mérite. D’ailleurs, ils ont travaillé de façon très étroite avec l’Organisation des 24 dont le président était le Tanzanien Salim Ahmed Salim, président du comité de décolonisation de l’ONU. Celui-ci a travaillé de façon très étroite avec le secrétaire général de l’OUA en vue d’accélérer non seulement la libération des peuples africains, mais surtout lutter contre l’apartheid en Afrique du Sud.

Dans quelle circonstance, Diallo Telli est revenu en Guinée ? 

Il a été remplacé de façon très démocratique par le camerounais Joe Ekangaki. Son mandat était épuisé, il avait déjà fait plusieurs années. 

Après 58 ans, peut-on dire que l’OUA a atteint son objectif ?

Je peux dire Oui malgré l’adversité au début de sa création parce qu’une structure qu’on appelait Organisation commune de l’Afrique en marche (OCAM) que la Guinée a qualifiée d’Organisation contre l’Afrique en marche avait été mise en place pour saboter les visions politiques de l’OUA. Mais très vite cette organisation s’est complétement effondrée. Les membres de cette organisation sont toujours restés membres de l’OUA. J’avoue qu’aujourd’hui, nous n’avons aucun territoire africain sous domination coloniale. On peut donc dire qu’à ce niveau, le pari que l’OUA s’est fixé à sa création a été atteint. 

L’institution reste toujours tributaire des financements extérieurs. Est-ce que cela n’entrave pas son efficacité ?

C’est ce qu’avait dénoncé le président Alpha Condé lorsqu’il a dit que nous ne serons jamais indépendants dans nos objectifs si nous n’avons pas la capacité de financer nos institutions. C’est une vérité. Je crois que cet appel a été entendu. Nous ne sommes pas comme au début, attachés à la contribution financière, nous contribuons à la hauteur de nos moyens, même si on peut dire que tout n’est pas encore gagné. La disparité entre nos États est telle que certains n’ont pas suffisamment de moyens pour payer intégralement leur contribution à temps. 

Vous disiez tantôt que notre pays a été un acteur majeur à la création de l’OUA. La Guinée dispose toujours d’une place prépondérante au sein de cette organisation selon vous ?

La Guinée a toujours été l’un des acteurs de la marche et l’émancipation des peuples africains. Dieu soit loué, les présidents qui se sont succédé n’ont en aucun cas oublié ce rôle essentiel de la Guinée. Le président de la République a fait une déclaration majeure aux obsèques du président Idris Déby du Tchad. C’était une déclaration majeure qui honore l’Afrique et l’Africain et qui engage l’Afrique et l’Africain. Les seuls panafricanistes connus que l’histoire veut déformer c’est Kwamé Krumah et Sékou Touré. C’est les deux qui ont toujours clamé le panafricanisme. Les deux ont donné l’idée de la création, ils ont été soutenus par des monarques très éclairés que sont le roi Mohamed V, Haïlé Selassié. Nous sommes le seul territoire au sud du sahara auquel on n’a pas offert l’indépendance. Nous, au lendemain du vote du 28 septembre, le conseil territorial de la Guinée française s’est retrouvé, le jeudi 2 octobre 1958, sous la présidence de Elhadj Saïfoulaye Diallo on a déclaré notre indépendance et installé notre premier président. Il a été élu de façon parlementaire par les 63 conseillers territoriaux de l’époque. Nous devons être fiers de notre histoire. On a été le moteur de tout en Afrique. Nous avons donné la possibilité aux mouvements de libération de se mouvoir à travers le monde avec nos passeports et nous les avons accompagnés dans leurs luttes à certains endroits comme en Guinée-Bissau, au Mozambique et en Angola.

 

Abdoul Malick Diallo

Africaguinee.com

(00224) 669 91 93 06

 

Créé le 25 mai 2021 12:45

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