M’Balou Camara, travailleuse domestique : « Ma patronne m’insultait… »

CONAKRY- De plus en plus de femmes de ménage sont victimes d’abus et de séquestration de la part de leur employeur. Malgré la ratification par la Guinée de la convention 189 de l’Organisation Internationale du Travail sur la protection des employés de maison, ces derniers continuent encore à subir des cas d’injustice.
M’Balou Camara, était une employée de maison. Elle vivait dans la même concession que sa patronne qui selon elle, lui a fait vivre l’enfer.
« C’est une amie qui m’avait mise en contact avec cette patronne qui voulait avoir une femme qui cuisine pour elle et qui fait le ménage. J’ai commencé le travail, elle me payait 200 mille francs guinéens seulement par mois. Elle m’avait promis d’augmenter mon salaire mais rien n’a changé. Parfois, quand elle revient du boulot, elle m’insulte en disant que je n’ai pas bien fais la cuisine. Chaque fois, c’était des problèmes. Elle me confiait beaucoup de tâches. Je pouvais travailler jusque tard la nuit », a raconté M’Balou Camara, une ancienne domestique qui s’est finalement reconvertie dans le petit commerce.
« Ni moi, ni mes enfants, n’étaient en sécurité. C’est à cause de tout ça que j’ai décidé de quitter la maison de ma patronne. Aujourd’hui je vends des boulettes au marché. J’ai pu avoir un peu d’argent à crédit pour commencer mon petit business », relate M’Balou avec beaucoup de fierté.
En Guinée, les femmes de ménage sont souvent victimes de maltraitance. Parfois même d’abus sexuels. Depuis un certain temps, un syndicat milite en faveur de ces femmes qui font pour la plupart un travail dans le noir. Sans sécurité sociale, les femmes de ménage ont pour la plupart un salaire qui est en dessous du SMIG.
« Nous protégeons ces travailleurs nuit et jours. En tant qu’organisation syndicale c’est notre devoir de le faire. Il y a une loi internationale que la Guinée a ratifiée. Elle s’applique donc à tout le monde », a précisé Asmaou Bah Doukouré, la secrétaire générale du syndicat national des employés de maison.
En décembre 2016, la Guinée est devenue le troisième pays africain à ratifier a convention 189 de l’Organisation Internationale du Travail pour un travail décent pour les travailleuses et les travailleurs domestiques, à travers un vote du parlement guinéen.
Selon nos informations, le pays ne dispose pas des statistiques exactes sur le nombres de femmes victimes de ce type de mauvais traitement dans les ménages parce qu’elles sont souvent reduites en silence.
Malgré ces dispositions juridiques, la bataille pour un changement de comportement des employeurs de femmes de ménage est loin d’être gagnée.
Bah Aissatou
Pour Africaguinee.com
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Créé le 21 juin 2020 17:23Nous vous proposons aussi
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