ARSJPA : La nomination du « malien » Mamadou Cissé fait jaser…
CONAKRY-Arrivé au pouvoir avec l’intention de nettoyer les « écuries d’Augias » dans un pays longtemps miné par la corruption, l’affairisme, le népotisme le colonel Mamadi Doumbouya est-il en train d’être dérouté par de « conseillers occultes » mus par la défense d’intérêts personnels ? La question mérite tout son pesant d’or, car l’homme du « 05 septembre » qui avait promis la « rupture » posent des actes qui contrastent avec certains de ses engagements initiaux. Manque-t-il de vigilance ?
En effet, le 23 Mars dernier, le chef de l’Etat, a procédé à une nomination qui fait des grincements de dents dans la cité. Et à juste raison. D’après un décret lu sur les ondes des médias d’Etat, le sieur Mamadou Cissé a été bombardé au poste de Directeur Général de l’Autorité de Régulation du secteur des jeux et pratiques assimilées (ARSJPA). C’est du pouvoir discrétionnaire du chef de l’Etat, diraient certains. Mais là n’est pas le débat. Cet acte posé par le Colonel Mamadi Doumbouya, suscite interrogation et incompréhension dans le monde des affaires et des jeux de hasard.
Premièrement, c’est la nationalité du promu qui fait jaser. M. Cissé est de nationalité malienne. « Pourquoi mettre un étranger à un poste si stratégique et névralgique ? », s’interroge-t-on alors que la Gouvernance CNRD s’est donnée pour vocation de faire la promotion des cadres nationaux avec le concept « Guinéisation ». C’est dans ce cadre d’ailleurs que les autorités de la transition ont réussi à imposer des guinéens à la tête de toutes les banques primaires. Un acte courageux applaudi par tous les patriotiques.
« Patatras, là en l’occurrence, contre toute attente, c’est le contraire que l’on voit », s’offusque un admirateur du colonel. Ce n’est peut-être pas le seul souci. Présenté comme un « expert » des jeux de hasard, le nouveau Directeur général de ARSJPA n’aurait pas ce titre. En tout cas si l’on en croit à son CV distillé à dessein dans la presse depuis cette promotion controversée, ce titre « d’expert » dans le domaine indiqué précédemment n’y figure nullement. Le malien Mamadou Cissé est titulaire d’un Master d’Audit et Maîtrise des Risques à l’Ecole Supérieure de Management – Alternance ESM-A Marne la Valée (France) et d’une Maîtrise en Gestion de l’Ecole Nationale d’Administration (ENA) du Mali. Point.
Mais en Guinée, à quelques rares exception près, la méthode est connue. Beaucoup d’étrangers, pour « influencer » les décideurs dans le but de bénéficier de leur confiance, s’attribuent des titres pompeux qui n’ont rien à voir avec leur compétence voire même de leur parcours. M. Cissé a (peut-être) bien compris cette astuce.
L’intention de Mamadi Doumbouya de refonder l’Etat ne souffre d’aucun doute. Cet avis est partagé par la majorité des guinéens. Mais s’il n’y prend pas garde, il risque d’être floué dans la prise de certaines de ses décisions. Pour éviter de tomber dans certains pièges, ne devrait-il pas redoubler de vigilance, en menant des investigations sérieuses sur le parcours des personnes auxquelles il confie une portion de responsabilité. Pour certains observateurs, le choix de M. Cissé pour occuper le poste Directeur Général de l’Autorité de Régulation du secteur des jeux et pratiques assimilées (ARSJPA) rappelle la Gouvernance passée. Au mépris des cadres guinéens, Alpha Condé avait cette propension de porter sa confiance à d’illustres inconnus venus de l’étrangers au passé souvent sulfureux. C’est comme ça que certains l’ont grugé, d’autres encore s’en sont fait plein les poches au détriment du pauvre contribuable guinéen et de valeureux cadres guinéens laissés pour compte. Les exemples sont légion : L’ivoirien Don Mello, les maliens Samba Bathily, Mohamed Kanyassy ou encore Matata Ponyo, recruter pour enseigner (excusez du peu) aux ministres guinéens « comment gouverner autrement ». Ceci est autre histoire.
Revenons-en au cas de tout nouveau patron de régulation des jeux en République de Guinée. Comment a-t-il posé ses valises en Guinée ? Selon nos informations, M. Cissé fait partie de cette « cohorte fermée » d’étrangers arrivés en Guinée sous la bénédiction du président déchu. Une source qui connait son parcours confie qu’il était très proche de l’ancienne directrice générale de la LONAGUI, Aminata Sylla aujourd’hui empêtrée dans des démêlées judiciaires devant la CRIEF à cause de sa gestion jugée douteuse et calamiteuse de la guinéenne des jeux. Aujourd’hui, dans certains milieux des affaires une question revient souvent : « Les faits reprochés à dame Sylla n’étendent-ils pas leurs tentacules jusqu’à M. Cissé que certains considèrent comme son éminence grise ? ». A la Crief d’apprécier.
Conflit d’intérêt
Ce n’est pas tout. La nomination de Mamadou Cissé à la tête du régulateur des jeux de hasard pose un autre problème. C’est celui d’un risque énorme de conflit d’intérêt. Car d’après nos informations, le nouveau patron de l’ARSJPA himsel est au centre d’un bras de fer judicaire l’opposant à FLEXBET partenaire de BRYSLA, un acteur de la place dans les jeux de hasard. Dans des documents que nous avons pu consulter, il revendique d’ailleurs fièrement être le représentant légal en Guinée de ces deux associés (FLEXBET et BRYSLA) avec lesquels il est en conflit. L’affaire est encore pendante devant les juridictions guinéennes. Il s’agit d’une plainte pour « abus de confiance et trafic d’influence ».
Ne va-t-il pas utiliser sa nouvelle position pour régler des comptes ? Comment pourrait-il être équidistant vis-à-vis des acteurs qu’il est censé réguler dans la neutralité ? La réponse est connue. Il ne saurait réguler un secteur dont il a lui été un acteur. Mamadou Cissé, à sa position actuelle, est à la fois « juge et partie », résume un observateur averti. Au colonel Doumbouya d’en tirer les conséquences avant que ça ne soit trop tard.
Ismaël Kourouma
Créé le 29 mars 2023 17:51Nous vous proposons aussi
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