Lola : un berger abattu à Lainé, grosse inquiétude chez les éleveurs…

Un berger derrière ses bêtes à Lola

LOLA-La cohabitation entre et agriculteurs dévient de plus en plus difficile entre éleveurs et agriculteurs dans la préfecture de Lola, en Guinée forestière. Et l'assassinat récent d'un berger  réveille les clivages sur fond de suspicion. Dans cette partie de la Guinée, les éleveurs se déplacent avec leurs bêtes en quête de pâturage. Souvent les agriculteurs les accusent de destruction de leurs champs agricoles.   


Ibrahima Sory Diallo a été tué dans la sous-préfecture de Lainé, Lola, alors qu'il veillait sur son troupeau. Son assassin, qui serait un récidiviste, a tiré sur lui à bout portant, après avoir abattu un des animaux. Ce crime amplifie l'inquiétude chez les eleveurs. Interrogé par Africguinee.com, le sous-préfet de Lainé précise :

« C’est dans la forêt de Bonama que le drame s’est produit le vendredi. Mais ce jour, l'autorité sous-préfectorale n’avait pas été informée. Ce n’est que le samedi en ma qualité de sous-préfet, j'ai été informé dans les environs de 7h. Immédiatement, j’ai mis sur pied une délégation composée de la gendarmerie, de la commune et du centre de santé de Lainé. Arrivés sur les lieux, ils ont effectivement vu le corps de l’enfant qui a été tué par un présumé voleur. Son tueur a d’abord tué une vache, parmi les animaux d’Ousmane. Selon un témoin, le berger aurait dit au voleur : c’est vous qui tuez nos animaux ? Cela dit, pour ne pas être dévoilé, il a aussi tiré sur lui », nous a confié Moussa Camara, sous-préfet de Lainé.

Interrogé, Ousmane Diallo, le propriétaire des animaux, révèle que depuis plusieurs années, il est menacé non seulement par des citoyens, mais aussi par le préfet qui le somme de quitter la zone. Selon lui, il a déjà perdu plus de 300 têtes parmi ses animaux depuis le début de cette affaire.

« Ça fait longtemps, les gens sont derrière nous. Nyéréké et son enfant, ont dit qu’ils vont nous faire du mal. Depuis 8 ans je suis là-bas. Les animaux qu’ils ont tués avec moi, que j’ai compté peut se chiffrer à 300. A chaque fois, quand je l'envoie à la gendarmerie, on le libère. Ces derniers temps, je l’ai amené à la gendarmerie plus de 10 fois. Un moment, il avait tué une de mes vaches, qu'il a découpées avant de mettre la viande dans la cuvette de sa femme. Nous l’avons amené chez le sous-préfet. Ce dernier a dit qu’il ne peut plus le garder. Il m’a dit de l'envoyer où je veux maintenant. Je l'ai amené à la gendarmerie de Nzérékoré, où il a fait 4 jours, avant d’être déféré en justice. Mais il n’y a pas eu de suite.

Depuis qu’il a été libéré, ils sont toujours là à tuer mes vaches. Où vais- je partir maintenant ? Je ne sais plus. Nous avons expliqué au maire de Lainé à plusieurs reprises, il n’y a pas eu de suite. Donc, finalement on s’est tu là-dessus. Le vendredi, ils sont allés tirer sur un animal. Les bouviers qui ont entendu les coups de fusil, sont allés les trouver en train de découper l’animal. Quand le jeune lui a dit c’est vous qui tirez sur nos animaux ici ?  Ils ont ouvert le feu sur lui. Ibrahima a reçu deux balles, il a rendu l'âme », s’est lamenté Ousmane Diallo.

M. Diallo a porté de graves accusations contre le préfet de Lola, El Hadj Sékou Touraman Diabaté. Il soutient que ce dernier a proféré des menaces contre lui, le sommant de quitter la zone de Lola en 48 heures sinon, tous ses bœufs seront abattus.

‘’ J’ai reçu un appel du sous-préfet, mardi pour me dire que le préfet avait besoin de moi jeudi. Le jeudi, je suis allé là-bas, il m’a demandé si c’est moi Ben Laden, je lui ai dit non. Mon nom est Ousmane Diallo. Il m’a dit c’est toi. Il a appelé ses adjoints en me disant qu’il me donne 48 heures pour que je puisse quitter la zone de Lola. Dès que je commence à parler, il me dit de me taire. J’ai dit monsieur le préfet, je ne peux pas sortir comme ça. Je lui ai dit, avant qu’il ne soit muté à Lola, j’étais déjà dans la zone. Il m’a dit est-ce que je le connais bien ? Je lui ai dit non ! Il me dit que c'est à cause de lui qu’ils ont tué les bœufs à Kouankan.

Il m’a dit : tu n’as pas entendu qu’ils ont tué 3000 et quelques bêtes à kouankan ? Je lui ai dit non. Il ajoute que c’est lui-même qui l'a fait. Il a appelé le colonel de la gendarmerie et il a mis le téléphone sur haut-parleur en disant à ce dernier qu’il me donne 48 heures pour quitter. Passé ce délai, ils peuvent abattre toutes mes vaches et les manger, qu’il est responsable. Il a aussi transmis les mêmes instructions au sous-préfet qu’il a appelé devant moi. Il a dit à ce dernier, qu’il me donne 48 heures. Il a réitéré la même chose.

Un jour, des gens sont allés tuer 23 de mes animaux et blesser 22 autres. Après l’acte, quand j’ai parlé, ils ont emprisonné le présumé auteur à la gendarmerie de Lainé. Le lendemain, le sous-préfet est venu demander sa libération. Il a dit que c’est le préfet qui a ordonné cela puisqu’il m'avait prévenu que si je ne quitte pas son territoire, tout ce qui m’arrivera, je ne pourrai pas me plaindre. Et que partout où je vais me plaindre, c’est le préfet qui va répondre. Donc, je suis allé à la police de Lola, pour me plaindre, ils ont arrêté le coupable. Le dossier a été déféré au tribunal de première instance de Nzérékoré. 20 jours après, le préfet a ordonné de le libérer avec un jeune qui fait du karaté ici à Lola. Le petit est venu me dire qu’il va me faire du mal. Le préfet m’a interpellé une seconde fois à Lola en disant que tant qu’il est préfet à Lola, il va faire ce qu’il veut », a accusé Ousmane Diallo.

Interrogé, le préfet a nié toutes les accusations portées contre sa personne. Elhadj Sékou Tourama Diabaté dit n’avoir jamais proféré des menaces contre Ousmane.  Selon lui, tout ce qu’il a fait, c’était de protéger les champs des agriculteurs qui se plaignent souvent d'être victimes des animaux.

« Il m’a accusé à tort. Demandez aux autorités sur place. Tout récemment, il était venu avec le maire dans mon bureau, nous avons mis un comité de suivi pour l’installation des animaux dans les collectivités. J’ai dit à Ben Laden, allez-y,  le maire est le président du comité, vous allez vous entendre. Pour le moment, ce que je demande, il faut éviter les zones agricoles. Maintenant, tout ce que vous allez conclure là-bas pour votre installation, cela n’engage que vous et les collectivités. Pour moi, ce qui est entre vous et moi, c’est fini. Il  m'a accusé à tort, en engageant même un avocat. Mais moi, j’ai la conscience tranquille.

Je lui ai dit qu’il faut négocier avec la commune. Vous pouvez demander au maire pour la confirmation. C’est ce qui s’est passé entre lui et moi. Donc, moi je n’ai plus de problème avec lui. Je n’ai jamais demandé à des citoyens de dégager ses animaux. J’ai demandé seulement à Ben Laden, comme  il a pris un avocat, au même moment, je suis prêt à répondre. Tout ce que je veux, c’est pour sécuriser les champs des agriculteurs parce qu'il y a trop de plaintes contre lui Ben Laden. C’est tout ce que j’ai eu à lui dire », s’est défendu Sékou Tourama Diabaté, préfet de Lola.

Depuis quelques années, la préfecture de Lola est confrontée à des conflits entre agriculteurs et éleveurs. Pour l’heure, le nommé Nyéréké et son fils accusés d’avoir tué Ibrahima Sory Diallo ont été interpellés. Le dossier se trouve au tribunal de paix de Lola.

A suivre…

SAKOUVOGUI Paul Foromo

Correspondant régional d’Africaguinee.com

A Nzérékoré.

Tél : (00224) 628 80 17 43

Créé le 26 juin 2021 22:25

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