Les sages de N’zérékoré parlent : Ce qu’il faut pour éviter de nouveaux conflits…
NZEREKORE- Théâtre de conflits à répétition, la région forestière est la plus fragile et la plus instable en Guinée ! Cette région située dans le sud du pays a connu de nombreux affrontements à caractère ethnique ou religieux. Ces violences ont provoqué de nombreuses pertes en vies humaines et fait des dégâts matériels importants. Les dernières atrocités survenues en mars dernier dans la région ont fait une trentaine de morts. Comment expliquer une telle flambée de violences dans cette région pourtant très riche ?
Le conseil des sages de Nzérékoré vient de faire une autopsie de ces violences. Lors des journées axées sur la paix et la réconciliation entre les communautés de la Guinée forestière organisées cette semaine à N’zérékoré, les causes profondes de ces violences ont été citées. Elles sont diverses et multiformes.
« Même si les conflits qui affectent généralement cette préfecture sont de raisons diverses, le plus désastreux et cyclique sont principalement dus aux incompréhensions, entre kpèlès et les konias. Or l’incompréhension est un indicateur de conflit en état latent, car l’on dit souvent que les incompréhensions d’aujourd’hui sont les sources de conflits de demain. Cette situation suscite autant de méfiance, d’indifférence et de repli identitaire », explique David Massa Zogbelemou, le porte-parole des sages de Nzérékoré.
Egrenant les causes profondes de ces conflits, il a cité entre autres : les frustrations créées par les massacres des années 1991, la vengeance qui anime les communautés Kpèlès et Konias depuis les affrontements de 1991 suite aux élections communales, le non-respect de l’autorité du patriarche; les contradictions entre autochtones et allogènes, l’Intoxication, la manipulation de la jeunesse et des femmes ; la mauvaise gestion des rumeurs ; la communautarisation des conflits ; l’impunité, le non respect du pact de non-agression et de cohabitation pacifique entre les groupes sociaux vivants à Nzérékoré, l’Instrumentalisation des communautés par les politiques et la diaspora, la présence des donzos dans le cordon sécuritaire pendant les évènements, tout comme des anciens combattants de la rébellion du Libéria, de la Côte d’Ivoire et de la Sierra Léone.
Qu’est-ce qu’il faut pour éviter ces violences dans le futurs ?
Le conseil des sages de N’Zérékoré ont fait des recommandations pour mettre fin aux conflits dans la préfecture. Parmi ces recommandations, il y a l’ouverture d’une enquête sérieuse en vue de traquer les présumés auteurs des crimes odieux commis et des dégâts matériels infligés aux innocents ainsi que leurs complices et commanditaires, l’organisation d’un procès libre, équitable, transparent à Nzérékoré, le retrait des donzos du cordon de sécurité pendant les évènements, la création d’emploi et l’exploitation des ressources minières de la région au profit de la population, l’identification des victimes des derniers affrontements du 22, 23, 24 mars 2020 pour leur porter assistance.
Nous y reviendrons !
SAKOUVOGUI Paul Foromo
Correspondant régional d’Africaguinee.com
A N’zérékoré
Tél : (00224) 628 80 17 43
Créé le 9 juillet 2020 16:36Nous vous proposons aussi
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