Les révélations du Général Chérif Diaby à la barre : « Le Président Dadis m’avait dit… »

Général Abdoulaye Chérif Diaby à la barre

CONAKRY-Le procès des auteurs présumés du massacre du 28 septembre 2009 a repris son droit ce lundi 14 novembre 2022. A la barre, le Général Abdoulaye Chérif Diaby, ministre de la Santé et de l’Hygiène Publique, à l’époque des faits. L’officier a comparu assis, lunette claire, vêtu en civil.


Devant le juge Ibrahima Sory 2 Tounkara, cet ancien responsable du CNDD, acronyme de la junte militaire de 2008, affirme qu’après les incidents survenus au stade, il s’est rendu à l’hôpital Donka et constaté la présence de nombreux blessés. A la suite de ça, il s’est rendu au camp Samory pour prendre son treillis en vue de prendre des dispositions urgentes pour leur prise en charge. Il affirme également que le Président Dadis Camara lui avait demandé de faire un devis pour la prise en charge de tous les blessés. Extraits.

« (…)Avec le Dr Sory Condé, nous sommes allés au camp Samory pour prendre ma tenue militaire. Nous sommes allés à Nongo Tâdy, récupérer Dr Abdourahmane Diallo et les clefs (de la PCG). Entretemps, en revenant j’ai appelé mon chauffeur pour lui demander sa position. Il m’a dit qu’il est au camp Alpha Yaya, je lui ai dit de m’y attendre. Arrivé, j’ai instruit mon chauffeur de déposer les deux médecins à la pharmacie centrale pour prendre des kits d’urgence pour les acheminer à Donka où il y avait des blessés.

Après, je suis allé rendre compte au Président Dadis. Je lui ai dit : Monsieur le Président, je suis allé à Donka, il y a eu beaucoup de problèmes au stade, il y a eu beaucoup de blessés. Je précise que lorsque je suis rentré, dès que j’ai commencé à lui expliquer, il m’a répondu qu’il est déjà informé. Il (Dadis) m’a dit de regrouper mes cadres pour faire un devis pour la prise en charge de tous les blessés, après de revenir le voir. De là, on m’a prêté une autre voiture pour me diriger au ministère de la Santé où j’ai appelé les différents cadres. Je leur ai demandé de faire un devis estimatif pour la prise en charge de tous les blessés sur ordre du Président. J’ai composé un comité de crise présidé par le Dr Aboubacar Sidiki Diakité, à l’époque inspecteur général de la Santé.

Lire aussi-Atrocités de 2009 : les versions des ministres de la Sécurité et de la Santé d’alors…

Lorsqu’ils ont fini, j’ai pris le devis estimatif pour retourner au camp Alpha Yaya où j’ai rencontré le Président Dadis. Sur le coup, il a appelé le ministre des finances et le Gouverneur de la Banque centrale. Il les a instruits de mettre ce montant (un milliard quatre cent millions et quelques, ndlr) à la disposition de mon ministère pour la prise en charge des malades. Cette somme a été mise à la disposition du comité de crise (…). En ma connaissance, il n’y a pas eu de malades sortis (de l’hôpital) avec des séquelles. Il y a eu un seul décès. Il s’agissait d’un jeune âgé de 12 ans qui avait reçu une balle perdue à la tête », a déclaré l’officier.

« Quelle était votre fonction ? », lui questionne le juge Ibrahima Sory Tounkara. « J’étais ministre de la Santé et de l’hygiène publique », répond l’accusé. « A ce titre, en cas de survenance d’un tel évènement, quel doit être votre rôle ? », enchaine le juge. « Mon rôle c’est d’essayer de faire l’état des lieux et prendre en charge les blessés », dit M. Diaby. « Avez-vous vu des blessés ce jour ? », continue le magistrat. « Oui, j’ai vu beaucoup de blessés à Donka », dit-il, déclarant avoir donné l’ordre à ce qu’ils (les blessés) soient tous pris en charge.

« Avez-vous vu des corps ? », interroge le juge Tounkara. « Oui j’ai vu certains corps…j’étais avec la RTG et des journalistes d’une télévision internationale, ils doivent avoir les archives ». « Les aviez-vous comptés ? », lui demande encore le juge. « Je les ai fait compter par l’administration de la morgue. Ils étaient au nombre de 57 corps au niveau des morgues d’Ignace Deen et de Donka », a répondu l’accusé.

A la question de savoir le sort réservé à ces corps, le Général Diaby précise que ce sont ces cadavres qui furent restitués à leur famille à la mosquée Fayçal. L’accuse affirme n'avoir pas fait de demande d’autopsie pour connaitre la cause de ces morts. Son audition se poursuit.

A suivre…

Africaguinee.com

Créé le 14 novembre 2022 12:08

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