Législatives en Guinée: entretien avec Damantang Camara, porte-parole du gouvernement
CONAKRY- Y-a-t-il eu des fraudes lors des législatives comme le prétend l’opposition ? Quand-est-il des accusations des observations de l’Union Européenne sur l’implication des membres du gouvernement lors de ce scrutin ?Albert Damantang Camara, porte-parole du gouvernement, apporte quelques éléments de réponses dans cet entretien accordé à notre rédaction…
AFRICAGUINEE.COM : Monsieur le ministre, lundi, dans leur déclaration préliminaire, la mission d'observation électorale de l'union européenne, a accusé certains membres du gouvernement d'avoir battue campagne pour le parti au pouvoir en utilisant des moyens matériels et logistiques importants, notamment ‘’des véhicules de l'administration, mais aussi de la mise à disposition de locaux administratifs dans toutes les régions, à l'exception de Labé". En tant que membre et porte-parole du gouvernement, comment vous réagissez face à cette déclaration?
Damatang Albert Camara :Cet aspect du rapport des observateurs de l’Union européenne me laisse perplexe. Des consignes strictes ont été données par le premier ministre aux membres du gouvernement et de l’administration pour ne pas utiliser les moyens de l’État dans la campagne. Vous vous souviendrez que déjà, en milieu d’année, le Ministre de l’Administration du territoire avait envoyé une circulaire à tous les préfets pour leur rappeler leur devoir de neutralité. Il avait renouvelé cet avertissement il y a quelques jours avant le vote.
A l’heure qu’il est, nous n’avons pas d’éléments probants confirmant cette observation de l’Union européenne et il serait intéressant que nous en discutions avec eux. Il est évident, tout de même, que l’Etat n’allait pas arrêter de fonctionner pendant cette campagne et qu’il fallait bien que les fonctionnaires continuent à faire leur travail au quotidien, est-ce qu’il n’y a pas eu confusion dans ces circonstances, de la part des fonctionnaires ou des observateurs ? C’est la question.
Je note, en tout cas, que de manière générale, tous les rapports (OIF, CEDEAO, UA, Mano River, Ambassade des USA et de France) font état d’un scrutin, certes victime d’anomalies et de dysfonctionnements mais globalement satisfaisant, transparent et, surtout, équitable. Aucun camp n’a été avantagé par rapport à un autre.
AFRICAGUINEE.COM : Des sources concordantes, des violences sont ''intervenues'' hier à Fria, causant l'incendie d'une concession. Quel est l'appel que le gouvernement lance à l'endroit des citoyens, en cette phase cruciale?
Ce n’est pas le seul incident de ce genre et il est absolument regrettable que ces poussées de violences se répètent à chaque enjeu politique en Guinée. Il faut que cela reste des cas isolés. Malheureusement les déclarations actuelles des leaders de l’opposition sont très graves et de nature à mettre le feu aux poudres à la proclamation des résultats.
Après les engagements à préserver la sérénité et la paix que nous avons tous pris le 3 juillet dernier, malgré les appels au calme et à la responsabilité de toute la communauté internationale, les principaux leaders continuent à « chauffer à blanc » leurs militants. Comment s’étonner après que des gamins, incapables de faire la différence entre des discours populistes et la réalité des faits, se déversent inconsciemment dans les rues avec tous les risques que cela comporte ?
Quand on dit à un gamin de 16 ans : « si on ne gagne pas, c’est qu’on a été volé et donc il faut sortir », on ne lui laisse aucune alternative. Le propre d’une compétition c’est de comporter le risque de la défaite pour chacun des participants. Exclure totalement cette possibilité alors que, par exemple on n’a présenté que 18 candidatures sur 38 à l’uninominale comme l’UFDG, c’est totalement irresponsable.
AFRICAGUINEE.COM : L'opposition accuse le pouvoir de ''vouloir tripatouiller'' les résultats des élections. Quelle est votre réaction?
Nos élections législatives sont les plus sécurisées qu’on ait jamais eu, l’opposition est représentée à toutes les étapes du processus, les observateurs internationaux sont déployés sur toute l’étendue du territoire. Il n’est pas possible que les fraudes dénoncées par l’opposition aient pu se perpétrer comme le prétend l’opposition. Aucun des rapports susmentionnés n’en fait état. Ces accusations sont donc totalement infondées et quand bien même elles seraient possibles. La loi prévoit les recours juridiques possibles le cas échéant. Pourquoi alors appeler à la violence ?
AFRICAGUINEE.COM : Est-ce que vous êtes prêts à accepter les résultats de ces élections législatives?
Dès son retour de l’investiture du Président malien, le Président de la République à clairement déclaré qu’il se soumettrait à la volonté des guinéens quel que soit le résultat de ces législatives. Pourquoi l’opposition n’en fait-elle pas autant, après tout ce qui a été fait pour la rassurer et l’amener à participer enfin à ce scrutin ?
Relisons tous les différents engagements signés par les parties avant d’aboutir à ce scrutin, il est dommage que certains fassent semblant de les oublier.
L’un de nos principaux partenaires vient pourtant de nous administrer de sages conseils que nous aurions tort de prendre à la légère. Madame Catherine Ashton a en effet invité les Guinéens à attendre dans le calme l'annonce des résultats du vote, et à utiliser si nécessaire les voies de recours prévues par le code électoral. Je ne crois pas que le code en question prévoie les manifestations de rue…
Interview réalisée par Aliou BM Diallo
Pour Africaguinee.com
(+224) 664 93 46 24
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