Le maire de Dakar boude son procès et se déclare candidat à la présidentielle de 2019
Le maire de Dakar Khalifa Sall, condamné pour détournement de fonds publics, a décidé de boycotter son procès en appel pour protester contre la "violation de ses droits" et présentera sa candidature à la présidentielle de 2019, ont affirmé jeudi sa défense et l'intéressé.
Le maire de Dakar était absent jeudi de l'audience de la Cour d'appel de Dakar, après sa condamnation en première instance en mars à cinq ans de prison pour détournement de fonds publics, selon un de ses avocats.
"Nous avons écrit hier (mercredi) aux autorités judiciaires et à l'administration pénitentiaire" pour leur signifier "le droit de notre client de ne pas comparaître", a affirmé à l'AFP Me Seydou Diagne, du Collectif de la défense de M. Sall.
"Notre décision est irrévocable et c'est pour protester contre les violations des droits de notre client à un procès équitable et sa détention arbitraire", a dit Me Diagne.
La défense du maire de Dakar boycotte depuis mercredi le procès. Elle reproche à la justice sénégalaise de ne pas appliquer un arrêt rendu le 29 juin par une Cour de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao).
Cette juridiction communautaire a considéré que les droits du maire de Dakar, notamment à la présomption d'innocence et à un procès équitable, "ont été violés" et jugé "arbitraire" sa détention entre la validation en août 2017 de son élection comme député, et la levée de son immunité parlementaire en novembre.
Selon la défense, cet arrêt, qui condamne en outre l'Etat sénégalais à des réparations de 35 millions FCFA (environ 53.000 euros) s'impose à la justice sénégalaise et annule la condamnation. Elle avait présenté, sur la base de cette décision, une demande de "libération" de M. Sall, rejetée par le tribunal.
Le maire de Dakar a par ailleurs annoncé jeudi sa candidature au scrutin présidentiel de 2019 "pour redresser notre cher pays", indique-t-il dans une déclaration.
Il invite les Sénégalais à "refuser que le seul choix qui leur soit donné soit celui de la perpétuation du régime actuel", dirigé par le président Macky Sall, élu en 2012 pour sept ans.
Khalifa Sall, jugé avec sept de ses collaborateurs, a été condamné en première instance pour "escroquerie portant sur des fonds publics" et "faux en écriture", pour le détournement d'environ 2,5 millions d'euros prélevés entre 2011 et 2015 sur les caisses de la Ville de Dakar.
Maire de Dakar depuis 2009, Khalifa Sall, dissident du Parti socialiste (PS) et de la majorité présidentielle, affirme que les poursuites judiciaires à son encontre visent à l'empêcher de se présenter à la présidentielle de 2019, ce que démentent les responsables de la majorité.
AFP
Créé le 27 juillet 2018 17:19