Le fils du président de la Guinée équatoriale jugé pour détournement de fonds publics

Le fils du président équato-guinéen

JUSTICE -Vice-président de Guinée équatoriale, Teodorin Obiang, doit être jugé ce jeudi à Paris dans le cadre de l'enquête sur les patrimoines bâtis en France par des proches de dirigeants africains…


C’est le premier procès dans l’affaire des « biens mal acquis », cette vaste enquête sur les patrimoines bâtis en France par les familles de plusieurs dirigeants africains, celle de Denis Sassou Nguesso (Congo), du défunt Omar Bongo (Gabon) ou encore du président centrafricain déchu François Bozizé. Teodorin Obiang, fils du président de Guinée équatoriale, doit être jugé à partir de ce lundi à Paris. Après avoir multiplié les voies de recours, il demande un report de l’audience.

Abus de confiance, corruption…

Ancien ministre de l’Agriculture et des forêts, promu fin juin par son père Teodoro Obiang Nguema vice-président de Guinée équatoriale, il est poursuivi devant le tribunal correctionnel de Paris pour blanchiment d’abus de biens sociaux, de détournement de fonds publics, d’abus de confiance et de corruption.

Le procès doit s’ouvrir à 13 h 30 et durer jusqu’au 12 janvier. Selon l’un des avocats du prévenu, Emmanuel Marsigny, les délais son « beaucoup trop courts » et ne sont pas conformes à la loi, compte tenu du fait que son client a déclaré son adresse à Malabo, la capitale de la Guinée équatoriale.

Les avocats de Teodorin Obiang, qui devait être absent ce lundi, demandent « qu’il puisse bénéficier du temps raisonnable pour pouvoir organiser effectivement sa défense », a déclaré Me Marsigny. L’avocat envisage de faire citer plusieurs témoins, dont certains résident à l’étranger.

Robinets couverts de feuilles d’or

L’enquête, ouverte après des plaintes des associations Sherpa et Transparency International, a mis au jour le patrimoine considérable de Teodorin Obiang, 47 ans : immeuble avenue Foch, dans l’un des quartiers les plus huppés de Paris, estimé à 107 millions d’euros, voitures de luxe et de sport (Porsche, Ferrari, Bentley, Bugatti).

Ses dépenses somptuaires en France étaient très éloignées du quotidien de son petit pays pétrolier d’Afrique centrale, dont plus de la moitié des habitants vivent sous le seuil de pauvreté.
Quand il est à Paris, Teodorin Obiang, éternel célibataire au look savamment étudié (lunettes noires, cheveux lisses, barbe taillée), dépense des mallettes entières de liquide chez les couturiers de l’avenue Montaigne. Dans ses appartements de l’avenue Foch, les robinets sont recouverts de feuilles d’or, le maître des lieux dispose d’un hammam, d’une salle de sport, d’une discothèque, d’un salon de coiffure, d’une salle de cinéma.

« Taxe révolutionnaire » sur le bois

Au terme de l’instruction, les juges ont estimé qu’il s’est bâti son patrimoine en France en y investissant le produit « des détournements de fonds publics », de la corruption.
Le fils du président équato-guinéen « a toujours dit qu’il a gagné légalement son argent dans son pays », il est « innocent des faits qu’on lui reproche », assure Me Marsigny.
Entre 2004 et 2011, près de 110 millions d’euros provenant du Trésor public de Guinée équatoriale sont venus créditer le compte personnel de Teodorin Obiang, selon les juges d’instruction.

Les enquêteurs estiment qu’il avait imposé une « taxe révolutionnaire » sur le bois, dont le paiement, au nom de la Somagui Forestal, devait lui être directement remis. Cette entreprise est chargée de l’exploitation du bois précieux qui représente avec le pétrole l’une des principales richesses du pays du golfe de Guinée. Contrôlée par Teodorin Obiang, elle assurait nombre de ses dépenses.

Des faits relevant de sa vie privée

Le prévenu a multiplié les voies de recours. Mis en examen en 2014, il a essayé en vain de faire annuler les poursuites à son encontre, invoquant son statut à l’époque de deuxième vice-président de Guinée équatoriale qui octroyait à ses yeux une immunité.

Mais la Cour de cassation avait estimé que les faits reprochés avaient été commis à « des fins personnelles », relevant de sa vie privée et donc détachables des fonctions étatiques protégées par la coutume internationale.

Récemment, il a, sans succès, demandé à la Cour internationale de Justice (CIJ) de suspendre les procédures en France contre lui.
« S’ouvre un procès inédit, sans précédent en Europe et bien au-delà », souligne William Bourdon, avocat de Transparency International, « le chapitre Obiang va se clôturer », mais d’autres vont s’ouvrir.

Source: 20 minutes.fr

Créé le 4 janvier 2017 17:35

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