Le coup de sang du Dr Saliou Béla : «On ne peut pas nous prendre comme des enfants…»
CONAKRY-Ça sent le roussi au sein de la « Conférence des coalitions politiques et faitières de la société civile ». A peine lancée, cette nouvelle Coalition enregistre des dissensions majeures. La COPADEG (coalition des partis pour le développement de la Guinée) s’est désolidarisée du mémorandum adressé au colonel Mamadi Doumbouya. Interrogé, Dr Saliou Béla Diallo a fourni des explications sur l’origine de cette mésentente. Entretien.
AFRICAGUINEE.COM : A peine lancée, la conférence des leaders et des coalitions faîtière de la société civile enregistre quelques failles. Qu’est-ce qui se passe concrètement ?
DR SALIOU BÉLA DIALLO : Nous avons travaillé avec les collègues au niveau du cadre du dialogue. Après, nous nous sommes retrouvés en commission technique en comité de suivi et en commission de vulgarisation. Nous avons effectué des missions. Nous nous sommes déployés. Moi qui coordonne Ratoma, je me suis déplacé à trois reprises pour me rendre au Fouta pour faire de la vulgarisation, en éduquant la population, en les sensibilisant sur les 35 résolutions et notamment sur le recensement général de la population et de l’habitation ainsi que le recensement administratif à vocation électorale. De retour, nous avons pu rencontrer les autorités après nos missions de vulgarisation et tout. Lors de la dernière rencontre entre nous et le ministre de l’administration du territoire, on a eu des documents. Nous avons promis de faire un mémorandum.
Deux jours après, par surprise, nous avons vu la naissance d’une alliance à laquelle on ne s’attendait pas, puisque personnellement, je souhaitais une unité autour des facilitatrices et un travail concerté autour de nos différentes missions pour que nous puissions contribuer au maximum pour assurer une transition apaisée, inclusive et réussie. Donc, cette activité qui nous a surpris, nous a amenés nous aussi, à nous entendre pour créer une alliance. Le premier ministre Lansana Kouyaté, lors de cette réunion nous a présenté comme étant des forces vives de la nation. Finalement, on a tenu une réunion le 12 août à l’hôtel Kaloum et le 19 à Lambanyi au carrefour canadien pour créer la conférence des coalitions politiques et faîtière. Le mémorandum dont il est question était confié à une commission qui nous a rendu compte. Nous avons eu à le corriger parce qu’il y avait tellement de passages excessifs. Nous avons arrêté à ce que cette commission nous fasse lire le contenu après correction.
Malheureusement, quand nous nous sommes séparés à cette réunion à laquelle j’ai été le président de séance, nous avons vécu les choses extraordinaires. Puisqu’ils ont cessé même de nous décrocher au téléphone. On nous a promis qu’on nous envoyait le texte, ça n’a jamais été fait. Et quand des occasions se présentent où on se rencontre, ils nous disent tel a signé, tel autre a signé (…) Moi, on m’a dit que Lansana Kouyaté a signé. Alors finalement, nous nous sommes rendus compte que c’est du bluff. Quand j’ai rencontré monsieur Lansana Kouyaté puisqu’il n’était pas à la réunion (le 19), on s’est rendu compte que ce n’est pas vrai.
Alors il y a eu des comportements de ce genre. Finalement, nous on a appris que tout ce qu’on a corrigé à Lambanyi, on n’a pas revu ce texte jusque maintenant. Le texte qu’on vu publié sur les différents sites, le format papier, moi je l’ai vu hier. Monsieur Lansana Kouyaté était tellement fâché, beaucoup de nos collègues la même chose. Et on a vu des choses excessives telles que « le budget exorbitant, manque de concertation, de transparence, de sincérité, etc. Le CNRD doit respecter ses engagements… ». Alors que nous n’avons pas de problème avec le CNRD, nous n’avons pas de problème avec le gouvernement. Nous avons quelques difficultés avec les facilitatrices, d’un point de vue coordination entre instances, organes et organismes pour que cela s’harmonise afin que l’information et la communication puisse passer et que nous ne soyons pas surpris.
Vous dites que Lansana Kouyaté très fâché. Pourquoi ?
Parce que, quand il téléphone d’abord à la commission, il n’est pas décroché. Et ensuite quand on leur dit de venir pour nous montrer le format corrigé, ils ne viennent pas et ils nous posent des questions déplacées. Des jeunes leaders que vous connaissez s’adressant comme ça à son Excellence l’ancien premier ministre Lansana Kouyaté, vous voyez ce que cela représente ? Donc, nous ne nous reconnaissons pas dans ce mémorandum. Au sein de notre coalition, j’ai réuni les membres, nous avons discuté, on a vu que tout cela va à l’encontre de nos objectifs, de nos engagements. Nous ne nous reconnaissons pas sur ce texte et nous avons décidé que ma pré-signature est nulle et de nul effet, donc nous ne sommes pas d’accord avec ça. Nous n’avons pas quitté l’alliance mais nous ne sommes pas d’accord pour ce mémo et tout ce qui est autour de ce mémo.
Soyez explicite sur les membres de la commission ?
Mon objectif, n’est pas de parler de tel ou de tel…. Je dis juste que nous n’avons pas de problème majeur avec les facilitatrices. On n’a aucun problème avec Mory Condé, ministre de l’administration du territoire et de la décentralisation, encore moins le premier ministre. Ce que nous, nous proposons, c’est par exemple deux instances autour des facilitatrices : la réunion des présidents, une fois par mois, la coalition des faîtières, la plénière une fois par mois, regroupant les panelistes. Nous souhaitons une réunion tous les deux mois avec le ministre de l’administration du territoire. C’est-à-dire, si c’est une instance, la réunion des présidents, des coalitions et faîtières…
Nous proposons la même réunion tous les trois mois au Premier ministre. Et lorsque le gouvernement le trouvera nécessaire et si les conditions aussi le demandent, pourquoi pas avec le président, six mois par exemple après ou bien de façon extraordinaire. Si cela est respecté, je pense que les organes, organismes et instances vont réellement suivre un canal bien coordonné dans le cadre de dialogue. Mais nous ne sommes à la phase de dénonciation individuelle, nous voulons que cela marche. C’est pourquoi il n’y a pas de contradictions intempestives, de défense stérile. Nous voulons, de façon constructive, que nous prenions nos responsabilités pour aller de l’avant.
Vous voulez qu’on caresse les autorités dans le sens du poil ?
Nous, à notre niveau c’est parti des autorités pour dire, d’abord en 24 mois. C’est parti des autorités pour donner un budget. Je vous donne un exemple : prenez le budget, ça dépend du contenu. La durée aussi dépend des moyens. Quand vous voulez réduire la durée, vous augmentez les moyens. Vous devez commencer par les moyens humains, après les moyens matériels, après les moyens financiers… Et maintenant, si vous voulez, pour le budget. Pour parler de budget excessif, il faut connaitre de quoi il s’agit. Moi je félicite le Gouvernement. Je suis fier du bilan du colonel Mamadi Doumbouya.
Envisageriez-vous de claquer la porte ?
Nous ne sommes pas encore arrivés à cette phase. Je l’ai déjà dit tantôt. Mais quand on ne vous respecte pas, on vous minimise, les gens font des cloisons étanches et agissent sans même vous montrer ce que vous avez décidé ensemble, on ne peut pas gober ça. Notre objectif est de faire des contribution digestes, claires, transparentes, civilisées de façon confraternelle. Puisque nous n’avons pas de problème avec le CNRD. On ne peut pas nous prendre comme des enfants avec l’âge et l’expérience que nous avons. Ça ne peut pas marcher. Moi, c’est M. Lansana Kouyaté qui m’a appelé pour rejoindre cette nouvelle plateforme pour assurer un accompagnement aux autorités dans le cadre du dialogue pour respecter le délai de 24 mois. J’ai donné mon accord volontiers. Mais on ne peut pas me ridiculiser de cette façon alors qu’on n’a même pas fait un pas. Ça ne marche pas.
On vous accuse de jouer les trouble-fêtes. Que répondez-vous ?
On peut le dire, mais je fonctionne toujours à mes frais. Je suis allé au Foutah à trois reprises, je n’ai pas été financé. Vous pouvez le vérifier. Vous ne verrez pas quelqu’un qui a corrompu Dr Saliou Béla. C’est ce défi que je peux vous faire.
A suivre…
Dansa Camara
Pour Africaguinee.com
Créé le 4 septembre 2023 11:44Nous vous proposons aussi
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