Lansana Kouyaté au CNRD : « Il faut avoir le courage de dialoguer… »

Lansana Kouyaté, leader du PEDN

CONAKRY- Alors que le Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD) se montre réfractaire à dialoguer avec la classe politique, l’ancien Premier ministre Lansana Kouyaté interpelle. Le leader du Parti de l'espoir et du développement national (PEDN) appelle la junte à sortir du tâtonnement et d’avoir le courage de dialoguer.  


Dans cet entretien, cet acteur politique s’exprime aussi sur la mission des conseillers du CNT (conseil national de transition) à l’intérieur du pays, mais également sur la crise en Ukraine. Pour lui, l’objectif de Poutine est l’Atlantique.

AFRICAGUINEE.COM : Malgré de nombreux appels au dialogue lancés par les acteurs politiques au Colonel Mamadi Doumbouya, la junte fait la sourde oreille. Comment expliquez-vous cette situation ?

LANSANA KOUYATÉ : On n'a pas eu une définition du cadre mais dès lors qu'il nous a reçu au Palais Mohamed V, le seul mot que j'ai eu à dire ce jour, c'était un jour d'espoir pour nous que le cadre de dialogue sera institué. Ça évitera les interprétations, les commentaires qui déraillent. Nous voulons une transition apaisée. Les questions qui peuvent fâcher peuvent arriver. Mais il faut qu'on ait ce courage, qu'on se mettent ensemble, qu'on discute. J'ai espoir que ça viendra.

Pendant que le CNRD se montre réfractaire au dialogue, le FNDC annonce la reprise des manifestations de rue. Quelle est votre position ?

Je souhaite ardemment que ces manifestations de rue ne perturbent pas la transition. Attendons, pressons-nous lentement, avec discernement sans entrer comme un éléphant dans les magasins de porcelaines. De toutes les façons, aucune transition ne réussira si ce n'est dans le calme. Si ce n'est pas dans le calme alors demain ceux qui viendront hériteront d'une situation abominable et ce n'est pas ce que je souhaite. 

Une mission conjointe ONU-CEDEAO a séjourné la semaine dernière à Conakry. Celle-ci n’a pas rencontrer la classe politique. Que pensez-vous de cette attitude ?

Je connais et la CEDEAO et les Nations Unies ainsi que les représentants qui sont venus. Si ces deux organes avaient su jouer, ce sont des choses qui se règlent facilement. Ces rencontres-là se préparent en amont, vous vous convenez de tout.

Donc selon vous c'est la CEDEAO qui n'a pas voulu rencontrer les politiques ?

Je vous parle de façon générale. La CEDEAO ne peut pas vouloir ne pas rencontrer les politiques. Mais je ne suis pas dans les secrets de Dieu. Je ne suis en contact avec personne. S'il n'y a pas eu rencontre avec nous, que la CEDEAO soit repartie après la rencontre avec les autorités, elle doit pouvoir tirer les leçons de ce qui s'est passé ici.

Des émissaires du CNT sont en tournée à l'intérieur du pays depuis quelques jours. Est-ce opportun ? 

Attendons leur retour. C'est une gratification faite aux guinéens sans quoi honnêtement une équipe de transition n'a pas besoin de CNT. On vient, on dicte par ordonnance comme dans les pays développés du nord. Ces pays démocratiques du nord ont eu à passer des moments comme ça où ça été fait par ordonnance. Savez-vous que la langue française a été créée par ordonnance ?

Ça n'a pas été discuté, les langues nationales ont été appelé les patois, celui qui ne parle plus français n'est pas français et ne bénéficiera rien de l'Etat français. Cela a été fait dans une période d'exception, on n'était pas venu encore à la République. Donc, je dirai que si j'étais à leur (la junte ndlr) place, après avoir risqué ma vie, je décide par ordonnance avec pour support ma conscience. Il y a des choses qui ne sont pas écrites, mais des choses grandioses dans ce monde.

La démocratie limitée aux deux mandats aux États-Unis est venue d'un seul homme : George Washington. Il l'a décidé et ceux qui sont venus derrière lui, il y a eu parmi eux qui ont des velléités, la loi n'a été voté qu'en 1961 alors que lui, c'était au début du 19ème siècle. La seule chose qui dépasse les lois, c'est la bonne foi. 

La Guinée s’est abstenue de voter la résolution des Nations Unies condamnant la guerre en Ukraine. Comment l’expliquez-vous ?

Parlant de cette crise, ceux qui parlent de la reprise de la guerre froide aujourd'hui, ce n'est même pas la guerre froide, moi je l'appelle la guerre tiède… La lutte des dirigeants russes n'est pas forcément contre l'occident. L’objectif de Poutine n'est pas l'occident mais l'atlantique.

Mais est-ce que c'est une raison pour aller envahir Ukraine malgré le fait qu'il y a beaucoup des russes qui vivent en Ukraine ? En plus c'est une question de frontière, la Russie pense que l'occident est installé à ses portes.  Mais quand même envahir ? Vraiment ça appartient à une autre histoire.

 

Propos recueillis par Oumar Bady Diallo 

Pour Africaguinee.com 

Tél. : (00224) 666 134 023

Créé le 7 mars 2022 09:42

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