Lansana Komara : « Ce ne sont pas les manifestations qui vont amener le Gouvernement à organiser les élections… »
CONAKRY- Face aux menaces de reprise des manifestations de rue, le camp d’Alpha Condé a haussé le ton ! Lansana Komara, le Secrétaire permanent du RPG Arc-en-ciel dénonce un « agenda caché » de l’opposition. De l’application des accords politiques à la tenue des prochaines consultations électorales, Lansana Komara clarifie la position de sa formation politique. Exclusif !!!
AFRICAGUINEE.COM : Pourquoi selon vous l’application de l’accord politique du 12 octobre est toujours en souffrance ?
LANSANA KOMARA : Il faut comprendre qu’il y a les accords et il y a leur application. On peut signer des accords, mais l’application peut causer des problèmes. Actuellement c’est ce qui se passe. C’est pourquoi nous avons mis en place un comité de suivi des accords. Ce comité est en train de travailler, nous sommes à la 15è session pour voir l’applicabilité de tous les points. Partout où il y a des problèmes on va essayer de trouver des solutions pour les lever afin d’aller beaucoup plus loin. C’est ce que nous sommes en train de faire. Il n’est pas dit que tous les points de l’accord sont à exécuter sur place.
Un exemple : quand on parle de modification du code électoral, du code des collectivités locales, ça ne se fait pas d’un trait. Il y a beaucoup d’acteurs qui doivent s’impliquer pour faire le travail. Une fois que les textes sont peaufinés, il faut saisir l’Assemblée Nationale. Tout ce processus doit être respecté, c’est pourquoi la mise en œuvre des accords prend un peu de temps et c’est normal. Mais notre opposition qui n’est pas du tout constructive essaie d’interpréter ça d’une autre manière à la population et à l’opinion internationale. Or eux-mêmes le savent très bien que ce qu’ils disent n’est pas la réalité.
Moi je peux vous rassurer que les choses ont bien évolué. Au niveau du comité de suivi le travail se fait correctement. La CENI (Commission électorale nationale indépendante, Ndlr) est à pied d’œuvre pour nous donner un chronogramme. C’est ce qu’elle a fait d’ailleurs tout dernièrement. Maintenant si tous les points énumérés dans ce chronogramme sont exécutés, nous irons vers une date des élections. Il faut que les gens comprennent ça.
A cette allure on comprend que les élections locales ne pourraient pas se tenir avant la fin de l’année 2017. N’est-ce pas une violation de plus de l’accord du 12 octobre ?
Aucune date n’a été fixée pour dire qu’il y a eu report. Quand on dit report c’est parce que la date a été fixée. On est en train d’aller vers les élections locales, mais il y avait des préalables qu’il fallait résoudre. Il y avait des questions que l’opposition avait soulevées qu’il fallait résoudre. C’est ce qui nous a amenés dans tout ça. Donc il faut laisser la CENI faire le travail pour qu’on aille à ces élections dans la tranquillité et dans la transparence.
Les élections se tiendront quand tous les points qui ont été soulevés par l’opposition seront réglés. Si on va aux élections sans que ces problèmes ne soient réglés, c’est les mêmes opposants qui vont crier au loup, à la fraude.
Quels sont ces problèmes selon vous ?
Il y a beaucoup de problèmes. Ils sont en train d’être réglés (…) Et au sortir de chaque réunion du comité de suivi, les opposants disent qu’ils sont satisfaits. Mais nous sommes étonnés quand ils arrivent dans leur état-major ils disent le contraire à leurs militants.
Comment le RPG-arc-en-ciel prépare-t-il ces élections ?
Nous sommes en train de mettre nos militants en ordre de bataille. Pratiquement tout se passe bien. Nous sommes prêts à aller aux élections même aujourd’hui. Une fois que la CENI déclare qu’elle est prête, nous n’aurons aucun problème à notre niveau.
De l’autre côté l’opposition dénonce la mauvaise foi du Gouvernement et agite l’arme de la rue pour exiger la tenue des élections avant la fin d’année. Comprenez-vous sa démarche ?
L’opposition crie toujours à la mauvaise foi du gouvernement. Mais au contraire ce sont eux qui sont de très mauvaise foi. Leur objectif c’est de créer des troubles, sinon, si c’est pour l’organisation des élections, il n’y a pas de marche. Puisque eux-mêmes apprécient l’allure des choses. Aucun guinéen conscient ne peut justifier des marches aujourd’hui. Pourquoi marcher ? Ce n’est pas les marches qui vont obliger la CENI ou le gouvernement à organiser les élections. C’est juste pour créer des troubles. Et les troubles n’arrangent personne.
Pourtant les dernières manifestations n’ont pas été émaillées d’incidents ?
Il y a toujours eu des violences.
Le 02 août dernier il n’y en pas eu…
Même le 02 août il y a eu des violences (…) Il ne faut pas sortir les enfants des citoyens dans la rue et aller les faire tuer ! C’est très dangereux. La vie est chère. Et à chaque marche les opposants nous font perdre un guinéen. C’est ça le problème ! Ils vont organiser des marches, vous entendrez autre chose. Ce sont des jeunes guinéens qui meurent. L’écrasante majorité même n’a pas même l’âge de voter si on regarde parmi les manifestants. Mais ils les utilisent, les manipulent. C’est mauvais !
Mais si les accords étaient respectés, n’est-ce pas qu’on ne serait pas arrivé là ?
On ne peut pas organiser les élections tant que les points cités ne sont pas réglés. C’est ce qu’on est en train de régler. Une fois que c’est fait, on va tous aux élections.
Je reviens à la charge. Quels sont ces points ?
Est-ce qu’on pouvait aller aux élections si le code électoral et le code des collectivités ne sont pas révisés ? Ce n’est pas possible ! Il y a plein de cas comme ça dans l’accord. Il faut les régler pour aller aux élections.
L’autre fait majeur qui pourrait constituer un facteur de blocage à l’organisation de ces élections c’est celui du budget. Nous constatons qu’entre le budget revendiqué par la CENI et celui disponible, il y a environs un gap de 200 milliards. Comment le combler ?
Je crois qu’il faut poser cette question à la CENI puisque c’est elle qui a fait le budget. Pour qu’elle explique de quoi il s’agit. Tout ce qu’on sait, c’est que nous nous préparons pour aller aux élections communales si possible dans les meilleurs délais et nous nous préparons pour gagner. Au lieu de marcher, c’est le moment de préparer les élections. Ce ne sont pas les marches qui vont les faire gagner. Ce n'est pas les marches qui vont non plus pousser la CENI à aller en catastrophe vers une date. En ce qui nous concerne nous sommes très avancés, ce qui prouve à suffisance que nous allons gagner les élections, nous allons battre l’opposition à plate-couture.
Est-ce qu’un couplage des élections locales avec les législatives n’est pas envisagé ?
Il n’y a pas de glissement. Si le programme est bien géré on peut organiser les deux scrutins sans aucun problème. Les élections législatives sont prévues en fin d’année. Les locales en début d’année. Où est le problème ? Ça facilite d’ailleurs le travail puisque l’organisation qui sera mise en place pendant les communales va faciliter l’organisation des législatives.
Quel regard portez-vous l’accord de 20 milliards qui vient d’être signé entre la Guinée et la Chine ?
C’est une joie et une grande satisfaction pour nous. Je profite de l’occasion pour féliciter le Pr Alpha Condé pour le grand travail qu’il est en train d’abattre pour le bonheur de toute la Guinée. Je suis convaincu que tout guinéen conscient doit se réjouir de cet acte parce que ce n’est pas pour le RPG ni pour le Pr Alpha Condé. J’invite les jeunes à redoubler d’efforts dans les études parce que le Pr Alpha Condé est en train de préparer leur avenir. Quand on a 20 milliards en 20 ans sans compter qu’on a d’autres créneaux qui existent, c’est un acquis extrêmement important qui doit réjouir tous les guinéens en dehors de la politique.
Que répondez-vous à l’opposition qui reste très méfiante sur cet accord et qui estime que l’argent qui sera investi retournera dans les mains des entreprises chinoises?
L’essentiel est que le travail se fasse dans notre pays ! C’est extrêmement important. La Guinée n’a pas été la seule à signer ce genre d’accord. Donc, si nous échangeons mines contre financement, ce n’est pas une première dans l’histoire de l’humanité. Beaucoup l’ont essayé, il ne faut pas que des gens extrapole ça. L’essentiel est que si on doit faire des routes, qu’on voit que celles-ci sont réalisées, si on doit construire un pont qu’on voit que le pont est réalisé, si on doit construire un barrage, qu’on voit qu’il est réalisé.
Quid de l’emploi local parce qu’on sait souvent quand les chinois arrivent dans un pays ils viennent avec la main d’œuvre ?
Si on construit un barrage ce sont les guinéens qu’on va employer. C’est clair ! On ne peut pas construire un barrage et importer des martiens.
Sauf que c’est souvent le cas avec les chinois ?
Non ça dépend de la main d’œuvre. Il y a des qualifications que les guinéens n’ont pas. Dans ces conditions on est obligé de tendre la main ailleurs. C’est pourquoi nous demandons que l’enseignement technique soit renforcé, que les jeunes soient bien formés dans les branches techniques. C’est ce qui va développer la Guinée et en ce moment on ne fera plus appel à la main d’œuvre extérieure.
Pensez-vous qu’à l’heure actuelle la Guinée a la capacité d’absorber tous ces fonds annoncés ?
Les bailleurs ont besoin de projets. Il suffit qu’on s’asseye pour bien ficeler nos projets. Il faut que nos techniciens se mettent à la tâche pour identifier tous les projets.
Beaucoup estiment que tous ces accords ou encore d’autres annonces mirobolantes s’inscrivent dans le projet du Président Alpha Condé de briguer un troisième mandat. Qu’en dites-vous ?
Le Pr Alpha Condé n’a parlé de ça à personne. Nous au niveau du RPG ce n’est pas à l’ordre du jour. Il y a un programme qu’il faut exécuter, on l’exécute. 2020 n’est pas à l’ordre du jour.
Pourquoi les gens s’inquiètent ? Vous savez il y a un problème, l’opposition guinéenne surtout Cellou Dalein, il croit mais il se trompe lourdement, tous ceux qui sont autour de lui croient que si Alpha Condé n’est pas là, c’est Cellou qui vient automatiquement. Ils se trompent lourdement. Mais je leur conseillerais de préparer les élections communales et législatives et laisser le Pr Alpha Condé faire son programme.
Est-ce que vous soutiendrez le Chef de l’Etat si demain il exprimait ouvertement l’intention de modifier la Constitution en vue de s’offrir un troisième mandat ?
Cela n’est pas à l’ordre du jour ! Je ne peux pas me déterminer. Je ne réponds jamais au « si ». Quand ça arrive, le moment venu nous allons nous déterminer. Mais pour le moment le Pr Alpha Condé n’en a pas parlé. Il faut que les guinéens acceptent ça et qu’on laisse le Professeur travailler.
Un dernier mot ?
Je dis aux guinéens que rien ne vaut la paix. Il faut mettre les divergences de tout genre ethniques et politiques pour faire face aux grandes préoccupations de développement de notre pays pour qu’il aille de l’avant. Préparons les élections communales et législatives. Qu’on mette toujours en avant le dialogue, la concertation et l’entente. Ça ne sert à rien de se jeter les pierres dans les rues, ternir l’image de notre pays à l’extérieur. C’est Dieu qui donne le Pouvoir si nous sommes croyants. Il le donne à qui il veut et le retire aussi quand il veut.
Interview réalisée par Diallo Boubacar 1
Pour Africaguinee.com
Tél. : (00224) 655 311 112
Créé le 16 septembre 2017 12:09Nous vous proposons aussi
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