Lamarana meurt le jour de sa sortie de prison: « Il a été torturé à la maison centrale… »

Elhadj Amadou Diallo

CONAKRY-Arrêté le 05 avril dernier, soit deux semaines après le double scrutin législatif et référendaire controversé du 22 mars 2020, Mamadou Lamarana Diallo, vient de décéder. Ce chauffeur de profession était détenu pendant tout ce temps, à la maison centrale de Conakry. Ses proches qui l'avaient perdu de vue depuis s'interrogeaient sur son sort.


Ce jeune âgé de 25 ans, est décédé dans la nuit du vendredi 05 décembre 2020, le jour de sa libération. Ses proches que nous avons pu interroger ce lundi 7 décembre 2020, explique qu'il a été torturé. Elhadj Amadou Diallo raconte qu'il y a des traces de tortures sur son beau, qui avait perdu ses dents pendant sa détention et paralysé du côté gauche. Son témoignage est pathétique.  

"C’est le vendredi 5 décembre 2020 à 18 heures que des gardes pénitentiaires et des gendarmes l’ont ramené jusqu’au marché d’Enco 5. Ils lui ont demandé s’il connaissait où étaient ses parents. Il leur a dit que sa sœur Fatoumata est vendeuse dans le marché. Les agents ont demandé aux gens qui étaient venus voir d’appeler sa sœur. Moi, je n’y étais pas. C’est ainsi, on m’a appelé pour m’informer. Par après, les agents m’ont appelé pour me dire que le jeune que vous cherchiez avait été arrêté depuis le 2 avril et il était en détention à la Maison centrale.

Nous l’avons directement envoyé à la clinique. Après l’avoir consulté, les médecins nous ont dit de rentrer à la maison. L'un d’entre eux nous a accompagnés. Quand nous sommes arrivés chez nous, le médecin nous a fait savoir qu’il fallait faire des examens de selles et d’urines. J’ai demandé au docteur de m’aider puisque, moi, c’est l’oncle de mes enfants. On a essayé, mais Mamadou Lamarana n’a pas pu. Il lui a administré deux sérums et des injections. Par après, mon beau-frère est décédé à 00 h 40. Je suis allé directement informer les parents, les imams du quartier. Et le samedi à 14 heures nous l’avons enterré.

Dès qu’il a rendu l’âme, j’ai immédiatement rappelé les agents qui l’avaient ramené pour les informer. Celui-ci a appelé son chef qui, à son tour, m’a rappelé. Je leur ai dit que vous avez gardé Mamadou Lamarana en détention tout ce temps pour le faire souffrir, mais je prie Dieu que sa souffrance s’arrête sur cette terre.

 

Mamadou Lamarana Diallo était chauffeur et en bonne santé quand il avait été arrêté le 2 avril dernier. Nous l’avons perdu de vue depuis quand il avait quitté Enco 5 pour aller à la T8. Nous avions demandé à ses amis qui ne savaient pas non plus.  On ne savait pas s’il avait voyagé ou pas. Nous l’avions cherché partout dans les hôpitaux, Donka, Ignace Deen. J’étais même parti à la Maison centrale, mais je ne l’avais pas retrouvé.

Avant de mourir, il avait pu nous parler un peu de sa condition de détention. Il a expliqué que dans sa cellule, il y était avec d’autres détenus. Ils ne pouvaient que s’arrêter ou se coucher à cause de l’étroitesse de la cellule et du nombre de personnes qui y étaient. Il était resté dans ces conditions jusqu’à ce qu’il ne pouvait plus s’arrêter. Tout le temps, il était obligé de rester allongé sur son côté gauche qui a fini par être paralysé. Il avait aussi subi des tortures et avait perdu ses dents de devant. Il avait des cicatrices sur les lèvres et sur sa tête.

Les agents nous avaient dit que si je voulais savoir à propos de l’arrestation de Mamadou Lamarana d’aller à la sureté pour qu’ils me montrent les papiers. Ils ont dit qu’ils l’ont arrêté avec un groupe de bandits. Je leur ai répondu que je ne voulais rien savoir d’eux parce qu’on peut voir un vieux sans enfants, mais jamais un enfant sans parents. Donc, s’ils voulaient informer les parents de Lamarana sur les raisons de son arrestation, ils devraient le faire avant au lieu d’attendre qu’il soit mort pour me parler d’aller voir des documents".  

Interrogé sur le cas de ce détenu, Victor Charles Macka, directeur de l'Administration pénitentiaire, a indiqué qu'il est informé de sa libération, mais a rejeté les accusations de torture. "Je suis informé de sa libération, mais je suis désolé pour le cas de torture puisqu’on n'en connait pas. C’est ma première nouvelle, on ne torture pas à la Maison centrale", a-t-il martelé. .

 

Oumar Bady Diallo

Pour Africaguinee.com

 

Créé le 7 décembre 2020 16:59

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