Labé : les malades désertent l’hôpital, des bérets rouges quadrillent la ville…
LABE-La psychose s’est emparée des malades, médecins et autres travailleurs de l’hôpital régional de Labé, suite à l'assassinat de l'ambulancier qui était en pleine opération de secours ce mardi 23 janvier.
Pris de peurs, les malades alités à l’hôpital sont rentrés à la maison alors que pour certains leur état était critique. Une malade diabétique et hypertendue rentrée précipitamment chez elle la nuit dernière est décédée à 1h du matin dans un quartier de Labé.
Ce matin, l’hôpital abandonné ressemble à un désert. Tous les services ne fonctionnent pas presque. Même certains médecins n'ont pas pu rallier le travail ce matin à cause du blocage des axes menant à l'hôpital. Pendant ce temps, des militaires du Bataillon autonome des Troupes Aéroportés (BATA), une unité d’élite de l’armée guinéenne, venus en renfort sont visibles dans la ville notamment à la rentrée du gouvernorat.
« Les malades sont partis par peur depuis hier nuit, d'autres ont quitté ce matin. Les services sont presque vides même les agents ce n'est pas tout le monde qui a pu venir au service. L'hôpital est libre ce matin vous pouvez le constater », a expliqué un usager de l'hôpital rencontré dans la cour.
Hadja Fatoumata Diaraye qui était hospitalisée est décédée à la maison quelques heures après avoir fui l’hôpital. « C'est regrettable vraiment ce qui est arrivé. Nous étions pris de panique quand nous avons vu que l'ambulancier a été tuée. On s'est dit que plus personne ne sera désormais épargné. Chacun s'est précipité pour prendre son malade et rentrer. La nôtre est rentrée à 19h à la maison. Elle est décédée à 1h du matin à la maison. Nous n'avions plus le choix parce que même les médecins avaient peur de la situation », a indiqué M.M.D une proche de la défunte.
Un reporter d’Africaguinee.com qui a pu visiter les locaux de l’hôpital a constaté que les salles d'hospitalisation étaient vides, quelques médecins sont visibles mais il n’y a presque pas de malades ce matin. Un groupe de 23 malades hospitalisés a quitté l’hôpital la nuit alors que d'autres sont partis ce matin parmi les 59 qui y restaient.
Les corps des trois victimes de la journée du jeudi sont encore à la morgue de l'hôpital. Il s'agit de maître Aldiouma Diallo l'ambulancier, Elhadj Mamadou Kossa, mécanicien et Alpha Barry chauffeur. En plus des morts, on dénombre aussi 14 blessés dont 4 par balles, tous des civils. Chez les forces de l'ordre, des responsables nous ont présenté une liste de 35 blessés dont quelques-uns hospitalisés à la protection civile de Labé.
La ville de Labé s’est réveillée dans la psychose totale. Une forte présence de bérets rouges est visible dans la ville. Ils circulent dans des véhicules sur lesquels sont marqués BATA. Ils sont autour du siège du gouvernorat et certains points stratégiques qui y mènent. Ils sont accompagnés par des policiers et gendarmes. Labé ressemble à une ville fantôme au lendemain d’une manifestation particulièrement meurtrière.
Un reportage d’Alpha Ousmane Bah
Pour Africaguinee.com
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Créé le 24 janvier 2020 13:22Nous vous proposons aussi
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