La nouvelle révélation de Mamadou Sylla:  » Cellou m’a appelé pour me dire… »

Mamadou Sylla, Chef de file de l'oppostion

CONAKRY-Le chef de file de l’opposition a fait une nouvelle "révélation". Dans la seconde partie de l'interview qu'il a accordée à votre quotidien en ligne Africaguinee©, Elhadj Mamadou Sylla est revenue sur sa rencontre avec le Premier Ministre avant d'annoncer ses ambitions.


Le leader de l'Union Démocratique de Guinée (UDG) évoque aussi ses relations avec Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré et Lansana Kouyaté qui, selon lui, « sont isolés de la vie de la Nation ». Ce n'est pas tout. L'ancien président du patronat guinéen, lève un coin du voile, sur le rôle qu'il a joué entre Alpha Condé et Cellou Dalein pendant les manifestations de 2012-2013.

AFRICAGUINEE.COM : Vous avez rencontré le Premier Ministre Kassory Fofana. Que contenait le mémorandum que vous lui avez remis?

MAMADOU SYLLA : Nous étions partis lui rendre une visite de courtoisie comme on avait fait avec les autres institutions républicaines du pays. Le Premier ministre incarne la 3e institution après le président de la République et l’Assemblée nationale. Nous lui avons présenté les condoléances suite au décès de son conseiller et le féliciter pour sa reconduction à la Primature et à la présidence du cadre du dialogue. Les gens pensent que c’est nouveau alors que la Constitution prévoit que c’est le Premier ministre qui est garant du dialogue social. Nous lui avons présenté le cabinet du chef de file, et le plan d’action qu’on a élaboré depuis le 19 décembre 2020, date à laquelle on a été investi par l’Assemblée. Après la validation du plan d’action, il fallait trouver un local qui va abriter le siège du chef de file. Ce qui a été fait. Le cabinet et tout son service d’appui sont installés. Il reste maintenant de meubler le bureau du chef de file.

Dans le cadre de dialogue permanent, c’est deux places qui ont été données à l’opposition. Or, aujourd'hui, l’opposition a pris une nouvelle dynamique. Au sein du cabinet du chef de file, les partis politiques des 4 régions naturelles sont présentes. Nous avons formulé une doléance au Premier ministre d’augmenter le nombre de places accordées à l’opposition.

Nous avons aussi demandé que le ministère de la Justice accepte qu’on puisse visiter les détenus politiques. Mais le gouvernement dit que ce sont des gens qui ont commis de crimes. Un député est un élu du peuple qui peut aller partout où il pense qu’il y a quelque chose qui ne va. On va visiter les détenus pour voir leurs conditions de détention. Après, on va demander à la justice de diligenter ce dossier. Il faut qu’on les juge rapidement pour qu’on sache réellement qui a fait quoi s’ils sont innocents qu’on les relaxe. Ils ont commencé à condamner certaines personnes. C’est quand il y a condamnation qu’on pourra demander la clémence au président pour qu’il libère ces gens pour la paix et la quiétude dans notre pays. La population souffre, il y a beaucoup de tensions, il faut essayer d’apaiser la situation.  

Avant le Premier ministre, vous aviez rencontré les présidents des institutions républicaines. Envisagez-vous de rencontrer le chef de l’Etat ?

Il y a un mémorandum qui est en train d’être préparé. Il y a un draft qui a été partagé aux partis politiques pour amendement. Quand on va valider le document, je vais demander une audience avec le Président. On a déjà rencontré les institutions républicaines. On a écouté la proposition de chacun. Comme la loi dit, le chef de file s’entoure d’un cabinet qui va travailler autour de ce que le gouvernement est en train de faire. Si c’est bon, on va féliciter, si ce n’est pas bon, on va dénoncer et proposer. On ne va pas dire forcément qu’il faut tenir compte de notre idée parce qu’on n’a pas le monopole de la vérité, mais je pense que cela va aider le président à améliorer. C’est cela notre devoir. Il y a aussi les moyens que l’Etat doit mettre à notre disposition pour qu’on puisse travailler, le budget d’installation, de fonctionnement, les véhicules. Depuis mars 2020, je devais rentrer en possession de tout cela. Aujourd’hui, on a une dizaine des gardes de corps. A l’occasion de l’arrivée du président sierra léonais, on faisait partie de corps constitués invités à l’aéroport.

Avez-vous un pincement au cœur suite au refus de Cellou Dalein, de Sidya, de Kouyaté de vous recevoir en tant que Chef de file de l'opposition ?

Moi, je n’ai pas de problème. D’abord, en chaque chose, on cherche la majorité. Aujourd’hui, la majorité des partis de l’opposition est avec moi. Alors qu’eux, ils sont trois, Ufdg, Ufr et pedn. L’homme doit se mettre au-dessus de ses intérêts personnels et voir le pays. Vous savez, quand vous êtes patients, Dieu vous rembourse les bienfaits. Hier, je faisais partie du cabinet du chef de file de Cellou. Je pense que personne ne l’a interdit d’aller aux élections. Je l’avais conseillé de partir aux élections. Il avait refusé. Je suis parti et Dieu a fait que j’ai eu sa place. Ce n’est pas un décret c’est le peuple qui m’a élu. A sa place, je serais content que ce soit mon ami qui a eu le poste. Je suis le seul qui a signé une alliance en pleine journée avec Cellou. C’est pour dire qu’il devait être content que ce soit moi qui ai eu le poste de chef de file, mais c’est le contraire qui s’est passé. Je regrette, mais ce n’est pas la fin du monde. S’ils ne sont pas allés aux élections, ils ne peuvent pas nous juger. Ils se sont éliminés, eux-mêmes. Il y en a qui n’étaient pas partis, mais qui sont revenus à la raison. Ils ont compris qu’il faut qu’ils viennent gérer le pays, travailler avec le peuple. Même ce matin, j’ai reçu deux adhésions.

Estimez-vous qu’ils ont manqué de hauteur d’esprit ou de reconnaissance à votre égard ?

Ce n’est pas à mon égard, mais à l’égard de l’institution. Aujourd’hui, c’est moi, demain, ce sera un autre. Je pense qu’il faut revenir à la raison au lieu de vouloir tout le bonheur pour soi. Je crois que c’est ce qui anime les trois.

Ce n’est pas seulement le chef de file, ils disent qu’ils ne reconnaissent pas l’Assemblée Nationale. Cellou s’est autoproclamé président de la République. J’ai la lettre qu’il m’a envoyée. Tant que c’est comme ça, ce sera difficile de négocier avec lui. Moi, je lui demande de reculer pour mieux sauter. En ce qui nous concerne, on est en train d’avancer, le peuple apprécie la manière dont est en train de faire. Il y a 3 partis qui ne viennent pas avec nous contre combien d’autres ? J’ai nommé 23 leaders de partis politiques dans mon cabinet de chef de file.

Pensez-vous qu’ils sont isolés de la vie de la Nation ?

Bien sûr. Cellou dit qu’il est le président. Sidya et Kouyaté sont à l’extérieur du pays. Ils sont isolés. Je crois que leur position ne va pas les servir. Il faut qu’ils se battent pour que les prisonniers soient libérés comme nous sommes en train de le faire. La plupart des détenus ce sont des hommes de Cellou. Il doit avoir ce souci. Pratiquement, il ne dit rien alors que ses hommes sont en train de souffrir en prison. Lui, moi et le président, nous nous connaissons. Au temps du CNDD (conseil national pour la démocratie et de développement (CNDD, de Moussa Dadis Camara, ndlr). On se voyait régulièrement. Notre trio voulait que les militaires partent et que l’élection ait lieu. On se battait pour ça.

Il y a des cas similaires. Même lorsque le Président est arrivé au Pouvoir, une fois je me rappelle, onze (11) militants de Cellou ont été tués en une journée de manifestation. Il y a eu tellement de problèmes ici. Mais, c’est moi qui avais débloqué la situation. Je suis parti voir le président Alpha pour lui dire que la situation n’est pas bonne. Il faut trouver une solution. Je suis venu voir Elhadj Cellou, je lui ai dit : " tu sais (avant les élections de 2010), on s’était dit entre trois, celui qui passe, les deux autres doivent rapidement être ses conseillers, qu'on se donne la main. Il faut que la situation change, tu veux quoi ? ". Cellou m’a appelé pour me dire ‘‘ tu vois qu’il y a 11 militants qui sont tués, leurs corps sont dans les chambres froides".  Je lui ai dit : "comme eux ils sont partis, nous autres il faut qu'on vive, essayons de trouver la solution. Qu’est-ce qu’on peut faire pour que ça se calme ?" Il était avec Aliou Condé ce jour-là, dans l'antichambre.  Il (Cellou, ndlr) a dit : "Si on relaxe mes hommes (les militants, ndlr) qui sont arrêtés, ça pourrait être un premier pas pour calmer la situation". J’avoue que j’ai mis la pression sur le Président qui, à l’époque, était mon allié politique. Je lui avais demandé de sortir les prisonniers et qu'il s'adresse devant la télé. Finalement il a accepté. A l'époque, c'est Alhassane Condé était ministre de l’Administration du territoire. J’ai pu négocier la libération des détenus, sans même qu'ils ne soient jugés. Pour moi, quand cela ne va pas entre eux, il est de mon devoir d’intervenir. Actuellement, je suis bloqué parce que Cellou dit qu’il est Président comme l’autre. Il faudrait qu’il renonce à cela et me laisse faire. Les deux me connaissent (Alpha et Cellou, ndlr). Il faut qu’il se batte pour que les prisonniers sortent parce que la prison ce n’est pas leur place. Mais comment négocier avec quelqu’un s’il se réclame président ? C’est compliqué. 

A suivre…

 

Abdoul Malick Diallo

Africaguinee.com

Tél. : (00224) 669 91 93 06

Créé le 19 février 2021 20:32

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