A la découverte des chimpanzés de Gban: « Ce sont nos ancêtres, on les reconnait tous… »

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LOLA-Classés patrimoine mondial de l'UNESCO, les monts Nimba regorgent une biodiversité hyper riche. Situé dans la préfecture de Lola en Guinée forestière, ce patrimoine regroupe en son sein plusieurs espèces de la faune et de la flore.


Pour conserver cette riche biodiversité, plusieurs centres de recherche scientifique ont été installés autour du Mont pour veiller à l'étude et à la conversation des espèces dont certaines tendent à disparaître. C'est le cas de l'Institut de recherche environnementale de Bossou située dans la sous-préfecture éponyme au pied du mont. 

C'est dans cette localité que vivent les chimpanzés de Gban, qui ont des fois les mêmes modes de vie que certains humains. A Bossou, les citoyens disent que ce sont leurs ancêtres. Ce qui fait qu'on leur accorde une attention toute particulière. Récemment, Fanley avait donné naissance à un bébé qu'ils ont baptisé Fangama. La cérémonie avait connu la présence de plusieurs cadres des trois pays (Guinée, Libéria, Côte d’Ivroire).

Des touristes y vont régulièrement à la rencontre de ces chimpanzés qui se distinguent des autres espèces du mont. Notre correspondant régional basé à Nzérékoré a fait une immersion à Bossou pour parler de la vie des chimpanzés de Gban.

 

En 2003, les chimpanzés de Bossou était au nombre de 18, lorsqu'une épidémie de toux s'est abattue sur eux faisant disparaître 6 d'entre eux. Ceux dont les corps avaient été retrouvés, ont été enterrés par des citoyens, dans le but de garder leurs ossements pour les immortaliser. C'est le cas de Caille, Vévé et Zimatho.

"Ils étaient au nombre de 18 en 2003 quand il y a eu une épidémie de la toux qui a fait disparaitre 6 autres. Nous avons retrouvé les corps de certains comme Caille (en Manon qui veut dire la maison). Nous l'avons enterré. Après un moment donné, nous l'avons déterré pour laver, et garder les ossements. Il y a Vévé, lui aussi il a son corps ici, il y'a le corps de Zimatho aussi", nous a confié Henry Didier Camara, gestionnaire des ressources naturelles à l'IREB.

Ces chimpanzés partagent la culture avec les habitants de Bossou, sans heurts. Ils se nourrissent de Gombo, de maïs, de manioc, de chaume de riz.

« Ce sont nos voisins et nos parents disent qu'ils sont nos ancêtres. Ils communiquent avec eux. Chose qui fait que quand nous faisons les cultures, nous divisons ensemble au moment de la récolte. Ils se nourrissent des chaumes de riz, du maïs, des gombos et des maniocs », a témoigné M. Camara. 

Toutefois, il est formellement interdit de leur donner à manger, explique ce guide scientifique qui travaille à Bossou depuis 2003 et autochtone du village.

"Chez nous ici, il y a certains de nos parents qui ont leurs champs derrière la colline. Ils peuvent apporter de la banane sur la tête. Donc quand on leur donne à manger et demain ils trouvent une veille qui a des paniers de banane, ils vont agresser la personne en question, elle va laisser tomber ces bananes et les chimpanzés vont manger. C'est pourquoi nous de l'IREB nous avons interdit de leur donner à manger. Même s'ils trouvent des gens avec le manger, ils ne les agressent pas parce que, quand tu habitues un animal en lui donnant à manger dans une assiette, le jour où tu ne lui donnes pas à manger dans l'assiette, il va refuser. C'est pour cela, on ne les donne pas à manger", explique-t-il.

Et d’ajouter : « Si c'est pendant la sécheresse, le chimpanzé peut quitter dans son nid à 5h du matin, à 06, il commence à manger. Vers 08h-09h, si le soleil est ardent, il rentre dans les forêts, il se repose là-bas de 10h parfois jusqu'à 14h. De 14h jusqu'à 17h-18h, ils vont aller encore à la recherche du manger. Ça c'est la première période. 

Pendant la saison pluvieuse, des fois ça pleut la nuit. Et quand il y a la pluie la nuit, le chimpanzé fait le nid et se couche dessus. Quand la pluie commence, il se lève et s'assoit. Donc le matin, ils sont obligés de sortir vers 6h pour aller où se trouve du grand soleil, à l'est d'une colline où ils vont faire le nid, des fois ils peuvent rester dans le nid jusqu'à 13h, parce qu'ils ont froid. Maintenant quand le soleil est ardent vers 13h, ils quittent ces nids pour aller se trouver à manger». 

 

Les chimpanzés de Bossou cohabitent avec les humainss. Les guides de l'IREB qui les suivent tous les jours, les connaissent tous, chacun par son nom et son caractère. A les écouter, c'est la famille.

« Je peux rester ici un chimpanzé crie à Gban, je dirai que c'est tel qui a crié, à travers sa voix. C'est comme si je suis à l'intérieur de la maison et que Docteur Soumah crie je vais savoir que c'est lui qui a crié. Et c'est la même chose avec ces chimpanzés. Il y a une différence entre la voix des femelles et des mâles. Mais au-delà de ça, on connait les individus par leur voix. En plus quand par exemple ils trouvent du bon manger et qu'ils s'en réjouissent en criant, nous allons le savoir par ces cris. Si c'est du danger, tel qu’un serpent, quand ils crient, nous nous rendons compte que c'est un danger qu'ils ont rencontré. On les a étudié, même en marchant en nous faisant dos on les reconnaît », témoigne M. Camara.

Les chimpanzés de Bossou attirent la convoitise de plus d'un. Des chercheurs, des touristes et des étudiants, partent chaque fois à la recherche de cette espèce animale qui se fait démarquer des autres. Des spécialistes sont à Bossou pour faire visiter la bande de primates aux désirants. Comment peuvent-ils les retrouver dans cette grande forêt et pourquoi les flashs d'appareils sont formellement interdits aux visiteurs ?

"On peut les suivre par les empreintes. En marchant, leurs empruntes sont comme les nôtres. Ou bien on peut les retrouver par les cris, ou par les résidus. Puisque quand ils mangent, il laisse les résidus dans leurs passages. Donc, on peut les suivre à partir de là. Et nous connaissons où le chimpanzé a passé et si c'est un autre animal, nous connaissons cette trace là aussi. En ce qui concerne l'interdiction des flashs, vous savez les flashs c'est comme si c'est le fusil. Étant donné que les chimpanzés ont peur du fusil, si tu mets le flash c'est comme si tu veux leur tirer dessus. Donc, ils vont t'agresser. Ils connaissent très bien la lumière », soutient un guide. 

Les chimpanzés de Bossou peuvent avoir le même âge que des humains. Certains parmi eux vivent pendant plus de soixante ans, nous apprend-t-on. Parmi eux, il existe un chef de bande. C'est celui qui est le plus fort et qui veille sur les femelles pour ne pas qu’elles soient accouplées par d'autres chimpanzés.

" Celui qui domine le groupe, c'est lui le chef qui est plus fort. Son nom c'est Jéjé. Il n'est pas le plus âgé mais il est le plus fort. Ils ont l'habitude de faire de la bagarre et le plus souvent c'est contre un jeune mâle d'un autre groupe qui veut suivre une femelle de leur équipe. Donc c'est le plus fort qui a le droit de contrôler les femelles", confie M. Camara qui ajoute que la recherche a commencé en 1976.

Yoro, est l'un des chimpanzés qui s'est fait démarquer des autres. En 2003, il avait un guide spécial à lui seul qu'il imitait souvent dans les attitudes.

« Le chimpanzé qui s'est de plus fait remarquer, c'était un jeune mâle et s'appelait Yoro. Yoro, c'est le nom d'un arbre. En 2003, 2004, on travaillait derrière les chimpanzés de 6h jusqu'à 18h. Il y'avait un guide spécialement pour Yoro. Si le guide s'assoit, Yoro s'assoit. Quand le guide se lève, Yoro se lève. Même quand le guide ne faisait pas le nid, Yoro ne faisait pas le nid ».

De nos jours, les chimpanzés de Bossou tendent à disparaitre. Plusieurs études ont été réalisées pour essayer de trouver des moyens dans le but de favoriser leur multiplication sachant qu'ils ne s'accouplent pas entre eux. La directrice générale adjointe de l'Institut de recherche environnementale de Bossou que nous avons trouvé en place n'a pas manqué de lancer un appel aux autorités.

« Nous sommes dans cette institution à cause des chimpanzés et la conservation. A l'heure où je vous parle, nous sommes avec 6 chimpanzés. Alors qu'en 2003, il y'avait 18 donc c'est un problème. L'appel que nous lançons aux autorités, c'est de nous aider à financer l'activité du corridor, pour que nous ayons la connexion entre la forêt du Mont Nimba et ceux de Bossou. Ça permettra aux chimpanzés de Bossou de se multiplier s'il y a la connexion avec ceux du Nimba et Bossou. Le deuxième facteur, c'est de nous aider à amener une autre femelle d'ailleurs pour l'introduire dans le groupe à Bossou, parce qu'aujourd'hui, nous n'avons qu'une seule femelle qui est capable de se reproduire », a lancé Madame Diaba Keita.

 

De retour de Bossou,

SAKOUVOGUI Paul Foromo

Correspondant régional d'Africaguinee.com

A Nzérékoré.

Tél : (00224) 628 80 17 43

Créé le 6 juin 2022 04:38

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