La Chambre des Mines de Guinée préconise des pistes de solutions pour lutter contre la « contrebande » dans zones d’exploitation des sociétés aurifères
CONAKRY- La Chambre des Mines de Guinée a tiré la sonnette d’alarme face à l’envahissement des sites d’exploitation des sociétés aurifères, par des orpailleurs locaux dans certaines zones minières du pays. Le phénomène a atteint un seuil qui inquiète les acteurs miniers.
Ce lundi 4 avril 2022, la chambre des mines de Guinée, a organisé dans locaux, une rencontre axée sur la recherche de solutions face la problématique de l’envahissement des puits d’or. Plusieurs sociétés minières évoluant dans le domaine de l’exploitation de l’or y ont pris part, a constaté Africaguinee.com.
Cette rencontre a été présidée par le Président de la chambre des mines Guinée et d’autres responsables de l’organisation. Elle fait suite à une autre réunion tenue le vendredi dernier au ministère des Mines et de la Géologie avec certains cadres du ministère afin de faire le point sur la situation dans les zones aurifères.
« Depuis quelques années, il y a des crises sociales récurrentes dans les zones aurifères. Ces crises ont pris diverses formes. De l’envahissement des zones de prospection, nous sommes dans une situation où maintenant ce sont les puits miniers qui sont envahis. Et les minerais sont pris de façon frauduleuse par une certaine catégorie des populations locales, pour être par la suite lavée afin d’être transformée. Cette situation devient très inquiétante dans la mesure où ces envahissements sont suivis par des menaces sur des personnes, des menaces sur les activités physiques des équipements qui sont là et également qui conduisent à une destruction massive de l’environnement, mais aussi à des risques d’accidents de femmes, de jeunes qui s’associent à ces opérations d’envahissement des puits. Parce que lorsqu’on descend dans un puits, on est forcément exposé à des situations d’éboulement des minerais qui ont été extraits auparavant », a expliqué le Président de la chambre des mines de Guinée.
Ces envahissements suivis de vols et d’extractions frauduleuses des minerais causent d’importantes pertes aux compagnies minières et surtout élèvent le niveau de risque opérationnelle, a alerté Ismaël Diakité.
Il s’agissait donc au cours de cette rencontre selon lui, « de faire le point sur l’ensemble de ces difficultés que nos compagnies traversent et envisager un plan d’action de façon à accompagner l’Etat, les communautés, toutes les structures décentralisées, toutes les parties prenantes afin que cette situation cesse. On sait que ça nécessite beaucoup de moyens. C’est pourquoi donc la chambre des mines a organisé cette rencontre, en concertation avec l’ensemble des directeurs concernés par ces zones, -qu’il s’agisse de Siguiri, de Dinguiraye, Mali, de Kouroussa ou de Mamou, de Mandiana- partout où il y a des compagnies minières aurifères qui procèdent à des activités substantielles et des investissements de capitaux. Il fallait donc s’entretenir avec eux. Ensuite chercher à savoir : quel type d’action on peut mener ? quel accompagnement on peut proposer à l’Etat afin que cette situation cesse et qu’un climat d’apaisement soit connu dans ces zones et que l’exploitation minière se passe de façon calme et responsable sans préjudice au capital humain, aux ressources existants, à l’environnement et aux sociétés qui existent dans la zone » a expliqué le Président de la chambre des mines.
Pour faire face à cette situation dans les zones minières concernées par ce fléau, la chambre des mines a retenu huit (8) actions à mener sur le terrain. Il s’agit premièrement de la sensibilisation.
« Nous envisageons avec l’Etat de constituer une équipe multidisciplinaire composée des cadres du ministère des mines et de la géologie, de l’administration du territoire et même de l’environnement afin que cette équipe se rende sur le terrain pour aller davantage sensibiliser la population sur la nécessité d’éviter des risques qui sont pris par eux et d’éviter également qu’il y ait la remise en cause des permis miniers qui sont en activité et qui ont été donnés par l’Etat sur la base du droit guinéen », a déroulé M. Diakité.
La deuxième action, consiste à la réactivation du comité d’assistance pour la sécurité minière. C’est un comité qui est essentiellement composé des services de défense et de sécurité. « Nous souhaitons que ce comité soit redynamisé afin qu’il apporte son appui et surtout que cet appui se fasse dans les zones d’exclusion des périmètres miniers. Nous sommes prêts à apporter notre assistance technique et financière pour que ces corps puissent agir afin de créer des meilleures conditions de sécurité pour, à la fois les populations, mais aussi pour les compagnies minières en activité », a-t-il expliqué.
La troisième action consiste à promouvoir les activités génératrices de revenus en s’appuyant sur le FODEL (fonds du développement économique local), le FNDL ( fonds national de développement local) l’ANFIC pour les infrastructures et toute autres structures y compris la bourse de sous-traitance et du partenariat pour promouvoir les activités génératrices de revenus dans les bassins aurifères en s’appuyant sur les projets agricoles, avicoles, d’élevage, de culture maraichère en faveur des femmes et des jeunes afin que des sources de revenu durable soit créés pour cette catégorie de population.
La quatrième action sera consacrée aux orpailleurs. « Nous allons engager des discussions avec les associations des orpailleurs en relation avec l’Etat pour les sensibiliser sur la nécessité à ne pas s’exposer à un certain nombre de risque parce que quand nous sommes en train de travailler avec les machines, les populations qui viennent envahir ces zones sont exposées à des risques. Également, qu’elles préservent les zones qui ont fait l’objet de permis d’envahissement, qu’elles préservent également les puits miniers d’envahissement parce qu’il y a des risques liés à ça et pertes consécutives à ces envahissements.
La cinquième action va consister essentiellement à développer des relations avec les ONGs locales, internationales et les médias pour nous accompagner dans le processus de sensibilisation des populations et surtout nous accompagner dans la formation et une meilleure compréhension des lois guinéennes dans la protection des investissements privés et en matière de génération de revenu pour les populations qui immigrent dans ces zones là et qui sont à la recherche de leur chance.
La sixième action à mener consistera à faire un travail en amont avec l’Etat et la banque centrale pour identifier les zones qui peuvent faire l’objet d’exploitation aurifère par les orpailleurs et identifier surtout toute la chaine de valeur liée à l’orpaillage artisanal. C’est en autres ces actions que nous allons proposer à l’Etat et ensemble nous allons convenir lesquelles des actions qui sont les plus pertinentes pour pouvoir les conduire dès cette semaine », a précisé Ismaël Diakité, président de la chambre des mines de Guinée.
Siddy Koundara Diallo
Pour Africaguinee.com
Tel: (00224) 655 311 114
Créé le 4 avril 2022 18:48Nous vous proposons aussi
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