L’UE adopte un maigre compromis face à l’afflux de réfugiés
BRUXELLES-L'Union européenne (UE) a renoncé vendredi aux quotas obligatoires d'accueil de réfugiés affluant en Grèce et en Italie, tout en durcissant sa politique d'immigration. Le bilan de ce sommet est qualifié de décevant par plusieurs acteurs, dont l'ONU.
Réunis à Bruxelles, les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE se sont querellés pendant sept heures, jusqu'au milieu de la nuit de jeudi à vendredi. Ils ont débattu de l'accueil par les Vingt-Huit de 40'000 demandeurs d'asile actuellement hébergés en Grèce ou en Italie, ainsi que de 20'000 autres personnes réfugiées hors des frontières de l'UE.
La question d'instaurer des clés de répartition obligatoires pour faire face à l'afflux des demandeurs d'asile, fuyant la guerre en Syrie ou la dictature en Erythrée, a déclenché une forte opposition. Celle-ci provenait notamment de la Slovaquie, de la Hongrie, de la République tchèque ou de la Pologne.
«C'était un débat très intense», a déclaré Angela Merkel à la presse. Elle a qualifié la crise des migrants de «plus grand défi que j'ai connu dans les affaires européennes en tant que chancelière», a-t-elle constaté.
Fortes tensions
«La politique l'a emporté sur la compassion pendant le sommet», a déploré un participant. Les dirigeants européens ont refusé toute obligation et certains ont réclamé qu'il soit précisé que l'effort de solidarité serait seulement «volontaire». Les débats ont alors tourné à l'aigre. Le président français François Hollande a parlé de «moments de tension bien légitimes».
«Si vous voulez une base volontaire, si c'est ça votre idée de l'Europe, alors gardez-là pour vous. Nous nous débrouillerons seuls», a lancé le président du Conseil italien Matteo Renzi, selon le récit fait par un des participants.
Des centres de tri
Il a obtenu gain de cause. «Le mot volontaire n'est pas dans les conclusions» du sommet, s'est-il félicité. Mais le résultat est jugé insatisfaisant, car aucune obligation n'est non plus imposée aux Etats.
Au terme du sommet, les Vingt-Huit ont notamment été décidé de la création de centres de tri pour réfugiés en Grèce et en Italie, et d'accélérer les expulsions des recalés au droit d'asile. En durcissant ainsi les conditions d'accueil des migrants, l'UE tente de désamorcer une crise menaçant la libre circulation dans l'espace Schengen.
«Ambition modeste»
Exprimant sa frustration, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a regretté un plan à «l'ambition modeste». De son côté, le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU pour les migrations, Peter Sutherland, exprime un avis similaire.
Les engagements européens envers les demandeurs d'asile restent «décevants», a-t-il estimé vendredi. Le problème posé par l'immigration «ne va pas cesser et y faire face est une obligation humanitaire et morale», a-t-il souligné.
Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) voit dans la décision de l'UE «un pas important», mais estime qu'il faut faire encore plus. «Il faut une réponse coordonnée de l'Europe centrée prioritairement sur le droit d'asile», a déclaré Adrian Edwards, porte-parole du HCR, vendredi à Genève.
Avant fin juillet
Le président du Conseil européen Donald Tusk a précisé que les ministres de l'Intérieur finaliseront le dispositif avant la fin du mois de juillet. Les négociations s'annoncent ardues, car les ministres devront fixer les critères de répartition entre pays membres en fonction de l'économie ou de la population de chaque Etat.
La crise des réfugiés a déjà mis à rude épreuve les accords de Schengen qui garantissent la libre circulation à l'intérieur des frontières de l'UE.
L'Autriche a menacé cette semaine d'imposer des contrôles aux frontières de la Hongrie, avant de faire machine arrière. Budapest avait cessé d'accueillir des demandeurs d'asile en provenance d'autres Etats membres.
ATS
Créé le 27 juin 2015 09:40Nous vous proposons aussi
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