L’Italie pourrait abolir le délit d’immigration clandestine
ROME-L'immigration clandestine pourrait bientôt ne plus être un délit aux yeux de la loi italienne. Le Sénat a voté, mardi 21 janvier, en faveur de l'abrogation de la loi criminalisant l'entrée clandestine sur le territoire national. La mesure, qui doit encore être validée par la Chambre des députés pour entrer en vigueur, assouplit sensiblement une loi adoptée sous un des gouvernements Berlusconi qui fait de tout migrant arrivé clandestinement un délinquant.
Aux termes de la loi adoptée en 2009, tout immigrant entré en Italie sans les papiers nécessaires est en effet considéré comme un criminel et peut être condamné à 5 000 euros d'amende avant d'être expulsé. Selon le nouveau projet de loi, les immigrés clandestins, qui ne seront plus poursuivis que pour délit administratif, seront mieux protégés contre les patrons qui les emploient au noir et les exploitent souvent dans des conditions inhumaines.
Le projet de loi prévoit toutefois de punir pénalement des migrants qui tenteraient de revenir après avoir fait l'objet d'un arrêté d'expulsion ou qui refuseraient de se signaler aux postes de police.
L'OMBRE DE LAMPEDUSA
Le projet adopté par le Sénat est le résultat d'un compromis entre les forces de droite et de gauche composant la coalition au pouvoir en Italie et a immédiatement suscité des réactions violentes de rejet de la Ligue du Nord. « Dans les palais [du gouvernement], ils ont gagné pour le moment. Préparons-nous à la bataille sur les places. Là, parmi les gens bien, nous l'emporterons », a lancé le chef de la Ligue, Matteo Salvini, dans un tweet.
La ministre de l'intégration, l'Italo-Congolaise Cécile Kyenge, a au contraire qualifié le vote de « progrès qui nous rapproche de l'Europe » et qui « prouve que l'Italie est un pays civilisé et respecte la diversité ».
Nadia Ginetti, membre de la direction du Parti démocrate (PD), premier parti de gauche, a en outre souligné que « la Bossi-Fini [la loi qui avait instauré le délit d'immigration clandestine] n'avait en aucun cas découragé l'afflux de migrants et avait même transformé la Méditerranée en une mer de morts ».
A Lampedusa, lors des naufrages de bateaux chargés de réfugiés et migrants en octobre 2013, des pêcheurs avaient évoqué la possibilité que certains ne leur soient pas venus en aide par crainte des représailles judiciaires.
AFP
Créé le 26 janvier 2014 16:51Nous vous proposons aussi
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