L’histoire déchirante de Benjamin Oularé, 23 ans, candidat dans l’armée : ‘’ comment j’ai été abandonné après une déchirure pendant ma formation’’

Benjamin Oularé

CONAKRY-Son histoire est pathétique. Benjamin Oularé, 23 ans, voulait servir son pays sous le drapeau. Mais son rêve s’est brisé. Comment ? L’histoire remonte entre 2019-2020, sous le régime d’Alpha Condé. Le ministère de la Défense dirigé à l’époque, par Dr Mohamed Diané, avait lancé un recrutement national pour étoffer les effectifs de l’armée guinéenne. Au moins cinq morts avaient enregistré lors des exercices préliminaires.


Le jeune Oularé faisait le Lycée à Guékédou. Enthousiaste, il décide d’affronter l’épreuve et franchit toutes les étapes, quelquefois difficiles. Admis, il entame la formation militaire avec 50 autres jeunes de sa catégorie. C’est à Kindia où sa vie a basculé, après seulement trois seulement de formation.

Victime d’une déchirure à sa jambe droite, le jeune de Benjamin Oularé s’est vu amputer sa jambe. Aujourd’hui âgé de 23 ans, il est devenu handicapé à vie. Il marche avec des béquilles. Il a repris les études, non sans difficultés. Le plus difficile pour Benjamin, c’est le sentiment d’abandon. D’après lui, après son accident le ministère de la défense n’est pas occupé de lui. Toutes les charges liées à soins ont été supportées par sa famille. Un reporter d’Africaguinee.com l’a rencontré. Il livre un message poignant et interpelle le Président de la Transition Colonel Mamadi Doumbouya, qu’il veut d’ailleurs rencontrer. Entretien.

 

AFRICAGUINEE.COM : Vous étiez candidat au compte du recrutement au sein de l’armée, mais aujourd’hui handicapé à vie. Comment cela est-il arrivé ?

BENJAMIN OULARÉ : Tout a commencé entre 2019-2020, suite au recrutement annoncé dans l’armée par le gouvernement du Professeur Alpha Condé. Je m’étais comme candidat dans la préfecture de Guékédou. Il y avait près de 8000 candidats. Après les épreuves de la course et le test écrit, le nombre a chuté à 200 personnes au compte de la préfecture. Après, on nous a dit que le recrutement dans l’armée ne doit pas être géré par les civils. C’est ainsi qu’une délégation de militaires a quitté Conakry pour partir à Guékédou. Avec ceux-ci, on a repris le test. Après publication des résultats, il n’y avait que 50 admis. J’en faisais partie.

 

Par la suite, c’est l’Etat même qui a payé nos frais de transport pour que venions à Kindia pour la formation. Deux semaines après le début de la formation, à la troisième semaine, j’ai eu une déchirure au niveau de ma cheville. Lorsque j’ai eu la déchirure on a entamé les soins préliminaires à l’hôpital de Kindia, ça n’a pas marché. On est venu à Conakry, à l’hôpital Donka où la première fois un patient que j’étais ait pris 44 poches de sang. C’est grâce à mon papa, ma maman, ma famille que j’ai eu la vie sauve. Après mon handicap, je me retrouve abandonné par l’Etat. Depuis, je traine avec ce mal. L’Etat n’a rien fait depuis lors.

A L’hôpital, comment s’est passé le traitement ?

Quand j’ai eu la déchirure à Kindia et que ça n’a pas marché, on m’a évacué pour Conakry, à l’hôpital Donka. Là-bas, j’ai fait neuf mois d’hospitalisation, sept (7) mois de crises intenses. Dans la semaine, je pouvais faire trois jours dans le coma. J’ai failli en mourir car les médecins mêmes se disaient c’est par chance que je pouvais m’en sortir. Et ce qui est triste dans ça, tout le traitement c’est ma famille qui a pris en charge.

Qu’est-ce qui a vraiment amené à l’amputation de votre jambe ?

D’après ce que les médecins m’ont dit, quand j’ai eu la déchirure, mon pied s’est enflé. Le sang ne circulait plus à ce niveau, c’était bloqué à un niveau. Par curiosité, ils ont commencé à déchirer mon pied qui a fini par se gangrener. C’était vraiment quelque chose de très difficile pour moi. Ils ont finalement dit que la meilleure solution qu’il fallait c’était d’amputer ma jambe. Chose à laquelle je me suis finalement résignée à accepter.

Il n’y a rien eu comme accompagnement. Et l’Etat aussi n’a rien fait. C’est ma famille qui a tout pris en charge. Jusque-là où je vous parle, c’est toujours ma famille qui me prend en charge.

Maintenant que vous êtes sortis ‘’guéri’’ de l’hôpital. Qu’est-ce que vous faites ?

J’ai finalement décidé de reprendre les cours au lycée Titi. Je ne peux rester les bras croisés, j’ai mes parents, mes sœurs et petits frères qui comptent sur moi. Si je reste sans rien faire, je risque de finir dans la mendicité alors qu’il y a des responsabilités qui m’attendent. C’est pourquoi je me suis fixé comme objectif de finir mes études. C’est pourquoi j’en appelle aux autorités.  

Qu’est-ce que vous sollicitez de l’Etat ?

Ce que je demande, que l’Etat puisse me prendre en charge. Qu’on m’aide ne serait-ce qu’à avoir une bourse d’étude pour pouvoir aller continuer ma formation académique à l’étranger. Je voudrais profiter également pour solliciter d’une rencontre avec le Président de la République, Colonel Mamadi Doumbouya pour pouvoir mieux lui décrire ma situation.

 Et qu’est-ce que vous envisagez de faire à la fin de vos études ?

C’est de revenir servir mon pays comme j’ai voulu le faire en intégrant l’armée. Malgré ce qui m’est arrivé, je n’ai pas de regrets d’avoir choisi de porter la tenue pour servir mon pays en le défendant.

 

Entretien réalisé par Siddy Koundara Diallo

Pour Africaguinee.com

Tel: (00224) 655 311 114

Créé le 17 mai 2022 17:15

Nous vous proposons aussi

TAGS

étiquettes: ,

TOTAL

ECOBANK

UNICEF

LONAGUI

LafargeHolcim

cbg_gif_300x300

CBG

UBA

smb-2

Consortium SMB-Winning

Annonces

Recommandé pour vous

Annonces

Siège de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS)