L’entretien vérité de Cellou : « Alpha, les détenus politiques, l’avenir de UFDG et moi… »

Cellou Dalein Diallo, leader de l'UFDG

CONAKRY- L'opposant Cellou Dalein Diallo, a une nouvelle fois, brisé le silence ! Dans une interview à bâtons rompus, accordée à votre quotidien en ligne Africaguinee©, le leader de l'Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG) aborde sans détour l'actualité sociopolitique du pays.


Dans cette première partie, -d'une série de trois diffusions-, nous abordons plusieurs questions, y compris celles qui "fâchent". De la détention de ses proches collaborateurs à la fermeture des bureaux et du siège de son parti, l'ancien premier parle sans langue de bois.

A-t-il tourné la page de la présidentielle d'octobre 2020 dont il réclame toujours la victoire ? Cellou Dalein Diallo est-il disposé à négocier pour obtenir la libération de ses proches collaborateurs ? Comment entrevoit-il son avenir et celui de de l'UFDG après une troisième tentative manquée dans la course à la magistrature suprême ? Entretien exclusif !

 

AFRICAGUINEE.COM : Dans quel état d’esprit êtes-vous aujourd'hui sept mois environs après la fermeture des bureaux et du siège de votre parti ? 

CELLOU DALEIN DIALLO : Rappelons que la fermeture des bureaux et du siège de notre Parti a eu lieu au lendemain des élections du 18 octobre sous le choc des résultats qui ont été défavorables à Alpha Condé.  Il fallait neutraliser les moyens et lieux d’actions de l’UFDG pour réussir la forfaiture de confisquer notre victoire et garantir ainsi le 3ème mandat voulu par Alpha Condé.

La fermeture de nos locaux et leur occupation par l’Armée n’est qu’un abus de pouvoir ne reposant ni sur une décision de justice ni sur un acte administratif. C’est un acte despotique qui contribue à abîmer l’image de l’autocrate.

Si nous sommes privés depuis sept mois de la jouissance de nos locaux, il faut reconnaitre que le fonctionnement et l’animation du parti n’en ont été affectés que pour un temps. En effet, grâce au télétravail et à la visioconférence qui se sont développés sous le joug du Covid-19, le Parti a pu maintenir le contact avec ses Fédérations, tenir ses réunions de direction et même ses Assemblées Générales.

La page de la présidentielle est tournée. Dites-nous comment se porte l'UFDG ?

Comment peut-on considérer que cette page est tournée alors que 47 militants de l’Opposition ont été abattus lors des violences post-électorales et surtout lorsqu’on sait que ceux-ci, tout comme les 4 détenus morts en prison faute de soins, n’ont eu droit ni à la justice ni à la moindre compassion du gouvernement qui préfère plutôt nier ces crimes ? Comment peut-on considérer que cette page est tournée alors que 400 citoyens dont des membres de la Haute Direction du Parti et de l’ANAD sont encore arbitrairement détenus dans les geôles du régime ?

Avec une Assemblée dépourvue de toute représentativité, une élection Présidentielle dont les résultats ont été spoliés et un président sans légitimité, exerçant de surcroit un troisième mandat illégal, cette page est loin d’être tournée. 

En ce qui concerne l’UFDG, elle a conservé sa vitalité tant dans son organisation que dans son fonctionnement. Avec nos alliés de l’ANAD, auxquels je rends un hommage appuyé pour leur concours à la réussite de notre campagne présidentielle et à notre victoire, nous nous organisons avec d’autres patriotes Guinéens épris de démocratie et de justice pour combattre le troisième mandat.

Ceux qui prêchent d’accepter le fait accompli en tournant la page du double scrutin du 22 mars et de la présidentielle du 18 octobre 2020 ont-ils conscience du mal qu’on ferait au pays et à son avenir si la Constitution est violée et le verdict des urnes n’est pas respecté ?

C’est pourquoi cette revendication de l’UFDG et de l’ANAD n’est pas seulement politique. Elle est aussi citoyenne. Elle concerne tous les Guinéens puisqu’il s’agit en fait de défendre leurs droits.

Alors que plusieurs de vos proches incarcérés à la maison centrale sont malades, vous aviez déclaré récemment que l'UFDG ne va pas ramper pour obtenir leur libération parce qu'ils sont illégalement détenus. Votre position a-t-elle évolué sur cette question ?

Face à l’arbitraire, à l’injustice et à l’arrogance, la seule attitude digne qui convient à un Parti comme le nôtre est de rester debout et de dénoncer sans relâche les violations des droits et libertés des citoyens et d’exiger le respect de la Constitution et des lois de la République.

Nos responsables qui sont incarcérés du seul fait du prince sont des otages du 3ème mandat, celui du parjure. Ils ont la même conviction éloquemment exprimée par leur codétenu Etienne Soropogui, Président du Parti Nos valeurs Communes qui, du fond de sa cellule, déclare :

« … Nous sommes embastillés dans la forteresse du tyran, avec ses restrictions et ses inhumanités rendues délibérément infestes, insalubres et surpeuplées pour nous faire subir des épreuves en croyant que ces épreuves vont nous détourner de la voie que nous croyons juste. Pour ma part, quels que soient le prix à payer et le temps que je mettrai ici, cela ne changera en rien mon engagement et ma détermination à me battre pour la démocratie et à rester fidèle à mes valeurs. »

Sachez que nous sommes dans l’émoi depuis le premier jour de leur incarcération. Des instances de tous ordres qu’elles soient morales, judiciaires, nationales, régionales ou internationales, ou encore diplomatiques ont été saisies de leur innocence et de l’injustice qui prévaut dans notre pays.

Vous avez repris contact avec vos militants à travers des AG virtuelles, mais certains voient derrière une manière d'exprimer votre légitimité à diriger le parti après le dénouement "inattendu" de la présidentielle. Qu'en dites-vous ?

Votre question est aussi curieuse que surprenante. Pouvez- vous invoquer pour la soutenir une seule voix dissonante dans l’UFDG ? Parce qu’il n’existe pas de débat de légitimité ni de près ni de loin dans le Parti. Comme vous le savez, la décision de prendre part à la dernière présidentielle a été prise bien tardivement, après consultation des Fédérations du Parti dont 88% avaient exigé la participation du Parti au scrutin présidentiel.

Malgré ce retard, le Parti a été capable de se doter d’une organisation moderne et de conduire une campagne efficace, ce qui a permis de l’emporter dès le premier tour et de réunir les preuves de cette victoire. Aujourd’hui, le Parti est à l’unisson, avec un fort sentiment de fierté de pari réussi et d’engagement de poursuivre la lutte. Les Assemblées Générales virtuelles ne visent pas à combler un imaginaire déficit de légitimité. Par contre, elles permettent de combler un réel déficit de communication créé par la fermeture de notre siège et la suspension de nos traditionnelles Assemblées Générales.

L’initiative a plus que réussi puisque chaque assemblée virtuelle est suivie par plusieurs centaines de milliers de nos compatriotes de l’intérieur comme de l’extérieur.

Comment entrevoyez-vous l'avenir de l'UFDG et surtout le vôtre à la tête du parti après une troisième tentative manquée dans la course à la magistrature suprême ?

L’UFDG, depuis 2010, s’est imposé comme un Parti majeur : le premier dans le rang des partis pouvant prétendre au pouvoir d’Etat dans notre pays. Sa structuration compte 105 Fédérations dont 56 en Guinée, 49 à l’étranger et environ 500 Sections avec un maillage qui s’étend sur l’ensemble de notre territoire, en Afrique, en Europe et en Amérique du Nord. Sa capacité de mobilisation et d’organisation, son poids électoral et sa résilience sont notoirement reconnus. Sans l’administration et la justice à sa dévotion, le RPG ne peut pas se comparer à l’UFDG.

Croire qu’une telle force peut être anéantie, ou décapitée ou même muselée, c’est rêver debout.  L’avenir de l’UFDG est dans son présent. Enracinée profondément dans le pays, elle s’est installée dans la conscience de la majorité des Guinéens comme porteuse d’une Guinée d’avenir telle que décliné dans son projet de société et comme rempart ultime contre la dictature.

En ce qui me concerne, le Parti et les militants sont fiers du parcours que nous avons accompli ensemble. Ils savent où se trouvait l’UFDG à mon arrivée et sont conscients de la place qui est aujourd’hui la sienne sur l’échiquier politique de notre pays.

A l’élection présidentielle de 2010, nous avons tous en mémoire les 44% des suffrages que j’ai engrangés au premier tour et comment le deuxième tour a été dévoyé.

En 2015, le coup KO a été construit ex nihilo, sans tenir compte du choix électoral des Guinéens, et cette délinquance électorale a si bien réussi que le coup KO a fait floraison auprès de plus d’un dictateur en Afrique.

En 2020, ma campagne présidentielle bien qu’effectuée dans des conditions d’urgence a suscité une ferveur populaire inégalée dans le pays si bien que le dictateur effrayé a décidé de l’interrompre en refusant que je fasse campagne en Haute Guinée. Les nombreux délégués déployés dans les bureaux de vote le jour du scrutin ont pu témoigner, preuves à l’appui, de notre victoire dans les urnes. Ma crédibilité auprès de mes compatriotes et la confiance des militants du Parti ne font pour l’instant que se renforcer.

C’est l’occasion de me féliciter de cette crédibilité et de cette confiance qui sont le socle qui soutient mon combat politique. Mais comme tout homme sage, j’écoute mon corps et je réfléchis sur le temps qui passe.  Dans le cadre de l’exercice de mon leadership, j’encourage dans le Parti l’expression des ambitions et favorise l’éclosion de nouveaux talents. Le moment venu, les décisions seront prises selon le contexte qui prévaudra et au bénéfice de l’avenir de notre Parti. 

A suivre…

 

Interview réalisée par Diallo Boubacar 1

Pour Africaguinee.com

Tél. : (00224) 655 311 112

Créé le 7 mai 2021 20:21

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