Kouboura Baldé, initiatrice de « week-end lecture » : « Les solutions à nos problèmes se trouvent dans le livre… »

Kadiatou Koboura Baldé

CONAKRY-Les week-ends à Conakry sont souvent dédiés au divertissement chez les jeunes : plage, football, bar, boite de nuit… bref tout ce qui a trait à la distraction. Mais une jeune dame a trouvé une idée particulière d’occuper les jeunes autrement sans se consacrer uniquement qu’au divertissement durant ce moment. Les week-ends lecture, c’est comme ça qu’elle a dénommé son initiative. Un rendez-vous où les participants n’ont pas droit d’être en contact avec leurs smartphones. Durant deux heures, ils se consacrent uniquement à la lecture.


Nous avons rencontré Kadiatou Kouboura Baldé, l’initiatrice. Kipé, aux studios Kirah, c’est là où nous avons trouvé Kouboura à l’occasion de la célébration de l’an deux (2) de Week end lecture. Avec elle, nous avons parlé de son initiative, de sa particularité, des difficultés rencontrées et des ambitions qu’elle s’est fixée avec son équipe et sa communauté des lecteurs.

AFRICAGUINEE.COM :  D’où est partie l’idée de mettre en place « week-end lecture ?

KADIATOU KOUBOURA BALDE :  L’idée est partie d’un constat. Autour de moi, j’ai remarqué que les gens aiment la lecture mais ils ne lisent pas. J’ai trouvé cela paradoxal. Parce que quand on aime quelque chose, on se consacre à la chose et on essaie de montrer l’amour qu’on a pour cette chose. Malheureusement, ce n’est pas qu’en Guinée certes, mais j’ai réalisé que cette façon d’abandonner avait des conséquences. Ces conséquences, c’est quand nous voyons le niveau des élèves. Dans les conversations orale ou écrite, on le sent tout de suite. Partant de ça, on s’est dit si la Guinée a pu abriter un grand évènement comme Conakry Capitale Mondiale du Livre, le mal devrait normalement être guéri, fort malheureusement ce n’est pas le cas. Même avec l’existence des bibliothèques, des Points de lecture, de beaucoup d’activités littéraires, le mal persiste toujours. Donc on s’est dit d’aller s’attaquer au mal à la racine. C’est quoi la racine ? C’est d’amener effectivement les gens autour du livre, sans faire le semblant. Le semblant n’existe pas, parce que lorsque nous invitons les gens à prendre le livre pour 2heures du temps, ils le lisent et quelque fois nous les amenons à faire une restitution. Et à ce niveau, nous nous sommes mises dans la posture à faire la promotion de la lecture. Pour cela, ce n’est pas simplement des mots pour dire que nous nous faisons la promotion de la lecture, mais c’est parce qu’effectivement les gens, ils lisent. Ce qui est intéressant dans ça, c’est que depuis que Week-end Lecture a été créé, nous avons eu des lecteurs fidèles, qui sont venus, ont lu et fait des restitutions et se sont rendus compte qu’à Week-end Lecture, ils ont lu plus de livres que lorsqu’ils étaient à la maison.  

Quelle est la particularité de Week ends Lecture ?

Ici, nous nous sommes arrangés pour que « Weekends Lecture » devienne un cadre plus approprié à la lecture. Si d’habitude on fait la lecture assis entre quatre murs quand il s’agit des bibliothèques ou de se trouver tout seul à la maison, isolé, Week-ends lecture, on essaye de braver un peu ces contraintes-là. Certes vous venez sur un espace approprié, un espace ouvert pour la lecture mais ce qui est encore plus intéressant avec Week ends lecture, c’est que vous le faites en communauté. Nous avons réussi de créer aujourd’hui une communauté des lecteurs, une communauté que nous avons appelée, « les week ends lecteurs ».

Mais l’autre partie innovante de cette initiative, c’est qu’à un certain niveau, le téléphone, vous ne l’utilisez pas. Parce que le téléphone, de notre constat, est l’un des éléments contraignants ou qui nous empêche de lire et de se concentrer sur un ouvrage. Donc on a dit que pendant les séances de « Week-end Lecture », tous autant que nous sommes, nous bannissons les téléphones. Ainsi, les gens arrivent à se contrer sans qu’un message ou un appel téléphonique ne les interrompe. Mais ce qui est encore plus intéressant, ce qu’ils se déconnectent carrément des réseaux sociaux.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ?

 Les difficultés, elles sont énormes, je ne vous le cache pas. L’une d’entre elles c’est le taux de fréquentation qui varie. Quelque fois nous avons plus de lecteurs, parfois moins des lecteurs. Donc, ce qui est en soi un problème. Nous avons envie aujourd’hui que les gens, qu’ils puissent se concentrer. C’est uniquement 2 heures du temps sur les 24 heures que vous avez de toute la journée. On vous demande tout juste 2 h, ce n’est pas tous les jours, c’est chaque Samedi, de 15h à 17 h.

L’autre difficulté à laquelle nous faisons face et dont nous n’avons pas encore trouvé solution, nous avons envie aujourd’hui d’avoir un local. Car pour le moment nous tenons les séances de lecture quelque fois dans des espaces publics ou privés, c’est le cas actuellement chez les Studios Kirah qui nous accueille gratuitement dans ses locaux et nous profitons pour les remercier. Sinon, notre toute première séance, nous l’avions tenu au Musée Sandervalia. Depuis un an nous sommes aux studios Kirah, ici c’est un incubateur mais ils nous offrent gratuitement local. Mais l’idéal, c’est que Week ends Lecture puissent avoir un repère, c’est-à-dire, quand je quitte de chez moi, je connais où trouver week end lecture où les séances lecture. A ce jour, nous avons fait des séances tournantes dans les cinq (5) communes de Conakry, nous n’avons pas un local fixe mais quelque part, les séances tournantes, nous avons estimé que ça aidait parce que nous pensons que ça permis d’approcher le livre, aux lecteurs. Mais nous aimerions aujourd’hui, nous souhaitons avoir un local à nous pour qu’au-delà des séances tournantes quelqu’un peut se déplacer chez soi et venir nous trouver dans un coin bien précis. Nous profitons pour demander de l’aide, d’où quelle nous sommes preneurs.

Est-ce que Week end Lecture a des antennes à l’intérieur du pays ?

Nous avons des localités à l’intérieur du pays qui abritent les week ends lecture. Ces antennes sont opérationnelles et se trouvent à Dubréka, Kindia, Mamou, Labé, Boké, Boffa, Télimélé, Dinguiraye, Nzérékoré, Siguiri et Yomou. Je profite de l’occasion pour remercier ceux qui ont cru en nous dès les premières heures de Week end lecture, qui ont décidé de relayer cette initiative auprès leurs communautés. Je vais remercier les représentants de Week end Lecture à l’intérieur du pays, ces jeunes font cela gratuitement car on ne leur donne rien, même le minimum qui soit les livres, l’équipe de Conakry est dans l’incapacité de leur donner mais ils tiennent quand-même. Et c’est le cas de Boké qui tient des séances plus régulières, qui dressent encore du monde, c’est extraordinaire.

Quels sont vos défis ?

 Le défi à relever aujourd’hui c’est de pouvoir enregistrer plus des lecteurs, c’est-à-dire des vrais lecteurs, des gens qui estiment qu’ils ont la capacité de lire les 35 ouvrages au minimum dans l’année. L’autre défi c’est de ramener les gens vers le livre, par exemple avoir plus d’écrivains, parce que c’est quelque chose que nous avons de plus besoin, des gens qui puissent réfléchir sur les problèmes de la Guinée et apporté des pistes de solution. Ce sont des défis que nous comptons relever, ça ne sera pas facile certes, mais nous nous sommes engagés et nous comptons aller jusqu’au bout.

 En moyenne combien de lecteurs avez-vous dans votre communauté ?

Nous avons enregistré depuis le début des week ends lecture des milliers des lecteurs qui ont rejoint notre espace lecture. De Conakry à l’intérieur du pays, c’est énorme. Nous avons des registres où enregistrons les présents, mais j’avoue que c’est encourageant car c’est énorme.

 Parmi vos lecteurs, lequel des genres est le plus fréquent ?

J’avoue que c’est beaucoup plus les femmes. Nous enregistrons plus de femmes que d’hommes pendant nos séances lectures. L’invite que je vais lancer aux jeunes, c’est vrai qu’on a le quotidien qui nous prend, des difficultés personnelles mais je voudrais inviter à mettre le livre au centre de ce que nous faisons. Les solutions à nos problèmes se trouvent dans le livre.

J’invite ces personnes de bonne volonté à soutenir cette initiative. Nous le faisons de façon bénévole, nous gagnons et nous ne demandons pas grand-chose pourquoi parce que ce nous faisons c’est pour le livre. Mais toute initiative, aussi petite soit-elle a besoin d’être soutenue, que ce soit financièrement, matériellement et même avec des idées. Donc nous lançons un appel à toutes ces personnes qui peuvent nous aider à avoir au moins un local pour « week-ends lecture » et pouvoir étendre nos forces sur les 33 préfectures de la Guinée.

Entretien réalisé par Siddy Koundara Diallo

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 655 311 114

Créé le 13 mars 2022 12:06

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