Khader Y. Barry, Ministre conseiller spécial du PM : Nous sommes engagés dans une promotion active du contenu local »

Khader Y. Barry, Ministre conseiller spécial du Premier Ministre

En marge de la 9ème édition du focus Doing Business « Ease of doing business initiative » (EDBI 2018), nous avons approché Khader Y. Barry, ministre Guinéen conseiller spécial du premier ministre de la république de Guinée pour nous parler de l’expérience guinéenne en matière d’amélioration du climat des affaires. 


Depuis 2010, la Guinée a amélioré son rang dans le Doing Business de 30 places. Quelle est la recette qui a permis au pays de réaliser une telle performance ?

La Guinée a entrepris un vaste chantier depuis 2010 après l’arrivée à la tête du pays du président Alpha Condé. Nous avons engagé des réformes dans la quasi-totalité des secteurs, notamment la gouvernance économique et financière pour rétablir les principaux équilibres macro économiques, mais également la justice, la sécurité, la défense et la gouvernance politique et administrative. D’importantes réformes ont été menées plus spécifiquement en matière de facilitation des affaires. Il est évident que l’enjeu du développement du secteur privé est étroitement lié à notre volonté d’apporter des réponses à l’amélioration des conditions de vie de nos populations et à faire reculer la pauvreté dans notre pays. La transformation structurelle de notre économie, passera par l’essor du secteur privé. Nous avons beaucoup progressé depuis 2010 et nous avons gagné près d’une trentaine de places dans le classement doing business qui est aujourd’hui le principal référentiel pour apprécier le climat des affaires. Et ces dernières années, la Guinée a été citée plusieurs fois au nombre des pays réformateurs. Mais au-delà de la capacité à faire des affaires, nous continuons à poursuivre un vaste chantier d’investissement dans les infrastructures pour réduire le coût des facteurs de production notamment dans l’énergie. Aujourd’hui, la Guinée aura une capacité de production d’environ 1000 MGW à l’horizon 2020 soit 10 fois plus que ce qu’elle produisait en 2010. Ce sont des avancées notoires de ce type qui permettront au pays de pleinement exploiter son potentiel minier, agricole, halieutique, animal, etc. notamment, en développant des chaines de valeurs et en construisons un tissu économique composé de Pme dynamiques, compétitives, qui pourront s’intégrer progressivement dans le flux des échanges internationaux. 

Avec ces réformes mises en œuvre dans le cadre du Doing Business, peut-on dire que les guinéens s’intéressent véritablement à la création d’entreprises ? Combien de nouvelles entreprises ont pu être créées depuis 2010 ?

Nous y travaillons. Nous avons conscience que l’essor des Pme constitue véritablement l’un des défis majeurs à relever. A cet effet nous avons obtenu récemment 21 milliards de dollars us d’engagement de la part de la communauté internationale qui viennent s’ajouter à l’accord stratégique avec la Chine portant sur 20 milliards. Nous avons des investissements très importants dans le secteur minier. La question fondamentale aujourd’hui, c’est comment faire en sorte que ces capitaux étrangers puissent pleinement profiter aux Pmes locales. Nous sommes engagés dans une promotion active du contenu local pour que la main d’œuvre et les entreprises locales en soient les premiers bénéficiaires. Il s’agit de réformer la formation professionnelle, de prendre des mesures incitatives pour amener des investisseurs à travailler et à sous-traiter avec des entreprises locales. Il s’agit également d’accompagner des Pme en matière de financement, de renforcement de capacités, pour qu’elles puissent répondre aux exigences de la demande notamment des miniers. 

En 2017, une mission économique du patronat ivoirien s’est rendue dans votre pays, démontrant l’intérêt des ivoiriens à investir en Guinée. Y a-t-il de la place pour les ivoiriens ? Comment devraient-ils s’y prendre pour intégrer le marché guinéen et saisir les opportunités qui s’y trouvent ?
Nous avons en effet rencontré le patronat ivoirien lors du CEO forum à Genève en 2017, et les avons invité à venir en Guinée. Ce qui a été fait et nous avons été heureux de réunir le secteur privé de deux pays frères et voisins et d’être parvenus à un accord cadre créant un levier pour le renforcement de la coopération économique entre les deux pays. Nous pensons que des partenariats fructueux se noueront pour se permettre ensemble d’être plus forts et plus compétitifs et de mieux affronter la compétition internationale sur nos marchés respectifs. 

La Guinée a signé avec la Chine un accord stratégique en 2017 d’un montant estimé à 20 milliards de dollars. A quoi répond un si important engagement financier de l’empire du milieu aux cotés de la Guinée ?

Nous avons signé un accord stratégique avec la Chine en 2017 qui porte sur un montant de 20 milliards de dollars destiné à nous appuyer pour les investissements dans les infrastructures. En collatéral, nous mettons des revenus miniers issus justement de l’exploitation de permis miniers. C’est une manière de répondre à la problématique de financement des infrastructures dans un contexte où nous avons un potentiel minier qui est très important et qui n’est pas exploité et que nous avons des besoins urgent en infrastructures. Cet accord stratégique permet d’apporter une solution à cette problématique.

Ne pensez-vous pas que cet accord pourrait-être trop pesant pour la Guinée avec des inconvénients sur l’endettement du pays ?
Absolument pas. L’accord porte sur un financement qui sera étalé sur près de 20 ans et essentiellement pour des investissements productifs qui contribueront à nourrir notre croissance et a généré des revenus conséquents pour l’Etat.Par ailleurs, les engagements financiers seront couverts par les revenus miniers futurs des projets issus de l’accord. Aujourd’hui, la Guinée à un niveau d’endettement considéré comme à risque modéré par le FMI avec un ratio d’endettement global sur le PIB inférieur à 40%, bien en deçà des niveaux d’endettement observés dans la zone UEMOA ou CEMAC. La Guinée est par ailleurs soucieuse de préserver la stabilité de son cadre macro économique et est engagée dans un programme économique avec l’appui du FMI pour consolider les importants acquis depuis 2010 en matière de gouvernance économique et financière.

Au niveau énergétique, la Guinée a des potentiels qui pourraient être mises au service de la sous-région. Pourquoi, cela n’est-il pas encore le cas et que faites-vous dans ce sens ? 

Nous participons à plusieurs projets sous régionaux. Mais aujourd’hui avec le programme d’investissement en infrastructures, notamment la construction du barrage de Kaleta qui a été livré en 2015, nous avons augmenté notre capacité de 240 MW. Nous livrerons un autre barrage à l’horizon 2020 avec une capacité de plus de 500 MW, ce qui permettra à la Guinée de devenir exportatrice d’énergie au profit des pays voisins.

Dans votre intervention, vous avez insisté sur le fait que l’Afrique ne doit pas se borner à répliquer des réformes. Qu’entendez-vous par là ? 

Nous devons en tant qu’Etats Africains, prendre le leadership de nos politiques et de nos réformes. Les partenaires, la communauté internationale nous apportent leur appui technique et financier et crée notamment des référentiels comme le DOING BUSINESS pour nous accompagner. Mais il nous revient d’inscrire notre action sur un horizon long terme, de définir nos priorités et d’assurer la mise en cohérence de l’ensemble des réformes qui sous-tendent nos politiques publiques. 

 In afrikchallenges.info 

Créé le 3 décembre 2018 15:20

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