Kérouanè : Sur les traces de l’Almamy Samory Touré…
KEROUANE- Né vers 1830 à Miniambaladougou, Almamy Samory Touré fut l’un des farouches résistants à la pénétration coloniale en Afrique. Il était le fondateur et l’empereur de l’empire de Wassoulou qui s’étendait de Siguiri à des régions méridionales du Mali jusqu’à la région forestière, autour de ses deux capitales qui étaient Kankan et Bissandougou avant que celui ne s’effondre en 1898. Il a été capturé à Guélémou (Côte d’Ivoire) par les colons et est décédé le 2 juin 1900 à Ndjolé (Gabon).
Nous sommes à Kérouané, une ville de la haute Guinée, où ce résistant à la pénétration coloniale qui a combattu pendant plusieurs années les colons français, avait érigé sa résidence. Plus d’un siècle après sa mort, les traces de cet emblématique résistant dont les hauts faits sont encore enseignés dans les livres d’histoire sont visibles. C’est par exemple ce mur clôturé en face de la résidence du préfet.
Juste à gauche de l’entrée de la résidence du Préfet, on trouve un mur fait à base d’argile et bien clôturé par des grillages de fer faciliter sa conservation. Ce n’est pas tout, toujours à l’entrée de cette résidence, se trouve à sa droite une autre case ronde qui selon les témoignages a été construite par Almamy Samory Touré en personne.
« Cette case est le vestibule. C’est là que Samory Touré tenait ses assemblées », glisse un jeune rencontré sur place.
Cependant, les explications autour du mur clôturé se trouvant à gauche de la rentrée de la résidence du préfet sont diverses. Certains affirment que ce mur représente la statuette du Djaoulé Kramo, l’un des fils de Samory Touré.
« Nous avons grandi ici. Ce que nous avons appris de nos aïeux, il y avait un des fils de Samory que les blancs avaient capturé. Il s’appelait Djaoulé Kramo qui a été emmené en Europe avec les colons. Arrivé, ceux-ci sont parvenus à le convaincre de leur puissance de frappe. C’était un subterfuge pour qu’une fois son retour qu’il puisse convaincre son père Samory Touré de renoncer. Ils ont lancé un canon pour montrer la puissance de leurs armes.
Convaincu, à son retour au pays, Djaoulé Kramo s’est permis d’essayer de dissuader son papa d’affronter les blancs. Il a dit son père que les blancs sont plus forts que lui et qu’il ne pouvait rien contre eux quelques soient ses armements. C’est ce qui a fait mal à Samory. Il a traité son fils de faible face à l’ennemi. C’est ainsi que Samory a demandé à ses sofas de le cogner contre la boue jusqu’à l’engloutir dans la terre. Chose qui fut fait. C’est cette statuette qui est là », nous a confié notre interlocuteur.
Interrogé par un journaliste de notre rédaction, Komy Touré, le gardien de cette résidence affirme le contraire. Selon la version du détenteur des clés de ces deux places, ce mur servait de clôture au camp de Samory Touré. D’après ses explications, ce mur a été fait pour servir de boucliers en cas d’attaques des ennemis.
« C’est vrai que le fils de Samory avait belle et bien été convaincu par les colons et à son retour, il a tenté de dissuader son papa. Mais personne ne pourra vous dire où se trouve la tombe où il a été enseveli ou bien qu’est-ce qu’il est devenu. Ce qu’on sait, c’est que dès lors qu’il a tenu cette déclaration, il a disparu. Et cela s’est passé à Bissandougou. C’est après là-bas que Samory Touré est venu s’installer ici. Maintenant en ce qui concerne le mur, il servait de clôture du camp de Samory Touré. C’est ce mur qui entourait le camp.
Et quand on tirait dessus, la balle ne pouvait pas pénétrer. Et donc après la mort de Samory, vu que le mur est de très bonne qualité, les citoyens ont commencé à aller prendre pour venir exploiter sur leurs maisons. C’est comme ça qu’ils sont restés à prendre jusqu’à ce qu’il soit resté cette petite partie. Pour ne pas que ça disparaisse totalement, ils ont pris l’initiative de clôturer et interdire tout accès non autorisé au lieu. C’est ce mur aujourd’hui qui est là », a aussi expliqué Komy Touré, gardien des lieux.
De retour de Kérouanè,
SAKOUVOGUI Paul Foromo
Correspondant régional d’Africaguinee.com à Nzérékoré.
Tél : (00224) 628 80 17 43
Créé le 27 février 2023 14:38