Kérouané : A la découverte de l’héritage de l’Almamy Samory Touré…
KEROUANÉ- Située à plus d'une centaine de kilomètres de la ville de Kankan, chef-lieu de la région administrative, la préfecture de Kérouané renferme plusieurs sites historiques dont la mise en valeur pourrait booster substantiellement le développement du tourisme. Mais de nos jours, la ville d’origine l’Almamy Samory Touré, fondateur de l’empire Wassoulou, est laissé pour compte. « Elle ressemble à un gros village », selon un citoyen de Kérouané. Africaguinee.com y a fait un tour. Reportage.
La préfecture de Kérouané est une localité riche d'histoires. Dans cette ville de la Haute Guinée, se trouvent des sites touristiques régulièrement visités par les touristes venant de divers horizons. Au centre-ville, on y voit la statue sur laquelle l'Almamy Samory Touré, résistant à la pénétration coloniale française avait enterré son fils vivant. A côté de ce monument, s’ajoutent la tombe des victimes des colons français et plusieurs vestiges faisant partie de l’héritage laissé par l'Almamy Samory TOURE.
Toutes ces potentialités touristiques ne sont pas exploitées de manière optimale. La préfecture de Kérouané très réputée dans les temps, reste aujourd'hui l'une les localités les plus oubliées par les différents gouvernements qui se sont succédé à la tête du pays. Au micro de notre correspondant, Moussa Kérouané Camara, un citoyen de la ville a retracé l'historique de sa préfecture.
« Historiquement, la communauté de Kérouané est composée de 18 cabilas (grandes familles), dont le patriarcat géré par les Camara, autrement appelés les Djomani, descendants de Koya Amara Camara, cousin de l’Almamy Samory TOURÉ. Et jusqu'à présent nous continuons sur cette même lancée. Cette ville que vous voyez est très riche en histoire. Samory TOURÉ a été le pilier de ses hauts. Jusqu'à présent, il y a certaines réalités qui existent dans notre communauté. Et la statue qui se trouve de l'autre côté de la route, c'est là-bas, où Samory a enterré son fils vivant, parce que, ce dernier avait eu l’admiration de certains mérites des colons à cette époque », a-t-il révélé.
Almamy Samory Touré, naquit à Minianbalandougou vers 1830. L’histoire de ce célèbre résistant est enseigné dans les grandes écoles. Il décéda en 1900 au Gabon. Que reste-t-il de son héritage ?
« En ce qui concerne les vestiges historiques laissés par Samory TOURÉ à Kérouané ici, nous pouvons citer entre et autres, le puits de SaranKen (épouse de l’Almamy Samory TOURÉ), le vestibule de l’Almamy Samory TOURE, sa poudrière à Famoudou, sa baignoire et la pierre d’esclave. Et d'autres sont également les bouteilles vides cassées des colons blancs, la tombe des victimes des colons français, notamment la forêt sacrée, la chute d’eau blanche (Djigbè) (l'endroit ou Samory faisait ses sacrifices). Mais je vous assure que ces lieux que vous constatez là, l'État ne fait rien pour l'entretien de ces sites. Seulement l'apport de certains fils ressortissants permet de les garder », a fait savoir Moussa Kérouané Camara, un sage de la localité de de Kérouané.
Selon Sory Touré, un autre sage de la localité, plusieurs autres objets laissés par l'empereur Samory TOURÉ ont été transportés au musée du Camp Soundiata Keita de la troisième région militaire de Kankan.
« Aujourd'hui je puis vous dire que plusieurs objets de Samory ont été transportés au Musée de Kankan notamment son fusil de chasse, sa baignoire et bien d'autres matériels dont je ne me souviens plus des noms. Il faut dire que plusieurs objets sont à Kankan actuellement pour la sauvegarde », témoigne Sory Touré.
Effectivement ici à Kankan, certains responsables du Musée de la troisième région militaire interrogés par notre correspondant régional basé dans la localité ont confirmé hors micro que plusieurs objets historiques de l’Almamy Samory TOURÉ qui étaient à Kérouané se trouvent bel et bien gardés au Camp Soundiata Keita.
« Nous confirmons que plusieurs matériels de (de guerre) laissés par Samory TOURÉ sont dans notre musée ici. Et vous pouvez venir voir et nous gardons convenablement ces objets », a indiqué notre source.
Outre ses réalités touristiques, les habitants de la préfecture de Kérouané restent confrontés à d’énormes difficultés qui portent principalement sur le manque d’eau, de routes et d’électricité. Une situation qui commence à agacer Moussa Touré.
« Aujourd’hui nos voiries urbaines sont totalement dégradées. Il y a également le problème d’électricité et d’eau dans les villages environnants. Donc en ce moment, il y a beaucoup de choses qui restent à faire dans la cité. Il faut dire que la ville de Kérouané est la plus oubliée en Haute-Guinée », regrette Moussa Touré.
Mory TOURÉ se souvient de l'existence d'une société minière qui exploitait le diamant dans sa localité. Mais selon lui, cette la société minière qui a pour nom AREDOR, n'a fait que transporter les ressources minières sans que la communauté à la base ne bénéficie des avantages liés à cette exploitation.
« Dans les temps passés notre préfecture a connu l'exploitation du diamant par AREDOR précisément à Banankoro et Gbeko. Mais on n'a jamais tiré bénéfice de cette société. Et, plus d'une décennie nous sommes dans une déception totale parce que nos ressources ont été transportées à cette époque sans que la communauté ne tire profit. Actuellement les anciennes carrières sont gérées par l'entreprise Guiter SA mais difficile encore pour nous d'en tirer bénéfice », déplore Mory Touré.
Sur les différentes voiries de cette localité, il n'y a aucune trace de bitume. L'autre goulot d'étranglement c'est la vétusté très poussée de certains bâtiments administratifs. C'est du moins le témoignage fait par Ansoumane Sanoh.
« Nous n’avons jamais connu le goudron et pourtant nous étions l’un des fiefs du parti au pouvoir. Nous n'avons pas commencé un véritable développement. Notre préfecture est à l'image d'un gros village. Rien n'est fait pour améliorer les conditions de vie des habitants », s'offusque cet autre fils de Kérouané.
En dépit de toutes ces difficultés qui freinent le développement de Kérouané, SéKouba Fofana fait une invite aux nouvelles autorités pour faire face à cette ribambelle de préoccupations devenues embarrassantes.
« Nous demandons aux autorités militaires de nous venir en aide afin que notre localité puisse bénéficier d'un véritable changement comme les autres préfectures. En premier lieu, il faut résoudre le problème de courant, l'eau et la route. Nous souffrons énormément dans cette République. Dans toutes les initiatives nous sommes quasiment oubliés. Cette fois-ci, le Colonel Mamadi Doumbouya doit vraiment faire quelque chose pour le développement de notre localité », a -t-il plaidé.
En attendant la réponse à ces multiples difficultés, les populations de Kérouané continuent à garder leur mal en patience.
De retour de Kérouané, Facély Sano
Pour Africaguinee.com
Créé le 8 août 2022 16:55Nous vous proposons aussi
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