Kerfalla Camara KPC : « Ce que je reproche à la Fédération Guinéenne de Football… » (Interview)

Kerfalla Camara KPC

CONAKRY- Qu’est-ce qui a réellement motivé la démission de Kerfalla Camara KPC de la tête de la Ligue Guinéenne de Football Professionnel ? Que reproche-t-il à la Fédération Guinéenne de Football ? Le Président du Hafia Football Club va-t-il quitter définitivement le monde du sport ? Kerfalla Camara KPC a bien voulu répondre à toutes ces questions. 


Dans cette interview exclusive accordée à notre rédaction, KPC répond également à certaines accusations portées contre lui. Exclusif !!!

 

AFRICAGUINEE.COM : Beaucoup estiment aujourd’hui que les raisons de votre démission sont plutôt d’ordre financier. On évoque notamment les arriérés de primes que vous devez aux arbitres. Que répondez-vous ?

KERFALLA CAMARA KPC :Bon ! Je réponds d’abord par la négation. En aucun je ne peux démissionner parce que je dois des salaires. Ce n’est pas la personne de Kerfalla Camara qui doit quoi que ce soit dans le cadre de la gestion de la ligue, c’est plutôt l’institution qui doit. Ce que je sais, j’ai pris un engagement en tant que personne morale et personne physique de solder leurs primes. C’est à-dire, si entre temps l’Etat arrivait à payer la subvention de la ligue de la saison écoulée sans oublier que c’est deux saisons que l’Etat guinéen doit à la ligue en terme de subvention, si entre temps l’Etat paye, les arbitres seront payés ; Dans le cas contraire, c’est moi qui vais mettre la main à la poche à travers la fondation pour avancer la ligue. Ce n’est même pas un don dans ce cadre-là. Donc en aucun cas je ne peux démissionner à cause de ça, d’ailleurs c’est un petit montant par rapport à ce que nous avons déjà englouti pour améliorer les qualités des services au niveau de la ligue.

Je voudrais revenir un peu en arrière par rapport au corps arbitral, ce qui explique d’ailleurs ma décision de vouloir faire siéger au moins deux personnes de la ligue au sein de la commission fédérale des arbitres. Comment on peut comprendre que ce soit nous qui payons les primes des arbitres, comment on peut comprendre que c’est pour nous que les arbitres viennent officier les matchs, et que ces arbitres soient à 100% gérés par la fédération sans qu’on ait notre mot à dire dans la gestion quotidienne au sein de cette même corporation ?

 Quand je venais à la ligue, les arbitres avaient entre 300 et 400,000gnf si je me souviens, dès que je suis arrivé j’ai doublé, voir triplé leurs primes. C’était pour au moins pour leur permettre de se débrouiller avec ça en vue de diminuer la corruption en leur sein. Parce que quelles que soient les valeurs que nous reconnaissons à certains d’entre eux, il y a d’autres qui n’incarnent pas ces valeurs qui se laissent aller à travers des gens qui viennent certainement les faire miroiter un peu d’argent. Mon combat était d’abord d’aller dans ce sens, augmenter leurs primes, ce qui a été fait ; Mais encore aller plus loin, faire quelque chose pour ces arbitres en passant par la formation et autres pour qualifier leurs prestations, tant pour le bien de notre football national, que pour le bien de notre pays à l’international. Vous avez vu un peu les arbitres des autres pays d’Afrique qui vont officier des matchs pendant la coupe du monde, ça serait une fierté aussi pour nous de voir un arbitre guinéen lors de la coupe du monde ; Mais cela passe d’abord par la conscientisation, la moralisation et la formation de ces arbitres à la base.

Donc ce sont des spéculations, c’est une façon de faire la diversion, je ne répondrais jamais à ça. Je sais que ce n’est pas ça la cause et ça ne sera pas ça la cause. La cause elle est connue, elle est dans mon courrier. C’est très simple. J’ai tout simplement demandé que l’octroi des licences soit confié à la ligue, parce que c’est nous qui gérons les clubs de la ligue 1 et de la ligue 2, nous avons la responsabilité de ces jeunes confiés par la fédération guinéenne de football. Alors comment voulez-vous que nous on organise les compétitions, on gère des jeunes dont a pas les cartes d’identité. C’est comme si on dit tel est ton fils, mais sur son extrait de naissance ce n’est pas toi le mandant, c’est incompréhensible. Et demander simplement que deux viennent à la commission fédérale des arbitres, ce n’est pas de la mer à boire. Vous remarquerez au niveau des équipes au début de la saison, chaque équipe a droit à 35 licences, aucune équipe ne doit aller au-delà des 35 licences, et aucune équipe n’a le droit de recruter un joueur en dehors des périodes de trêve.

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Mais des informations me parviennent selon lesquelles il y a des clubs qui utilisent 45 joueurs la saison. Maintenant pour aider la fédération à éradiquer tout ça, nous leur faisons la proposition de faire une gestion commune, même s’ils nous confient l’octroi des licences on peut pas avoir le pouvoir de décider, nous faisons des propositions d’octroi, la fédération valide et elle nous suit dans la gestion. Ce n’est pas une chose que je demande pour moi, moi rien m’intéresse dans cette affaire-là, à part apporter quelque chose à la Guinée à travers le sport Et si les gens trouvent le moyen de dire que je dois aux arbitres, ça ne me regarde pas. Celui qui veut le dire n’a qu’à le dire. Le jour où j’aurais l’argent l’argent pour les payer mais ça sera payé. C’est en ce moment qu’ils diront à nouveau, on a menti sur lui. Mais pour le moment je ne réponds pas 

Il se dit aussi que la ligue reste devoir aux différents clubs, est-ce que vous confirmez cette information ?

Oui je confirme ! La ligue ne paye pas, mais la ligue n’a pas soldé la subvention des clubs. Les subventions accordées aux clubs ne sont pas payées à 100% pour cette saison achevée là. Vous savez notre pays a connu beaucoup de difficultés sur le plan de la trésorerie, et qui sont dues à des phénomènes que vous connaissez. L’Etat est pour tout le monde. Nous on ne pouvait pas rester sans organiser le championnat national avec le peu de moyens qu’on avait en notre possession. Ce qui fut fait. Donc pour éviter que les mêmes problèmes se répètent et que je sois plongé dedans corps et âme la saison prochaine, j’ai demandé à ce que des dispositions soient prises, comme ça j’allais m’engager auprès des banques pour nous avancer, afin qu’on organise le championnat prochain aussi le plus rapidement possible. Vous avez vu pour la première fois nous avons organisé le championnat sans interruption, du début à la fin. Les quelques interruptions enregistrées c’est par la faute de la fédération. La fédération, pendant qu’on est en plein championnat, organise une formation destinée aux arbitres, et on nous oblige d’arrêter. Donc ce sont ces disfonctionnements que je ne veux pas avoir au sien de la ligue, dans la gestion de la chose publique pour pouvoir apporter quelque chose à la jeunesse.

A votre arrivée à la tête de la Ligue, vous aviez pris beaucoup d’engagements, notamment la réhabilitation des stades afin que chaque club puisse disputer ses matchs devant son public. Qu’est-ce qui n’a pas marché selon vous ? 

C’est le même problème, je vous ai dit que la Guinée a connu un certain nombre de problèmes qui affectent tous les secteurs d’activité aujourd’hui. Les 12 stades ont été promis par le Chef de l’Etat, ils seront réalisés. Mais le temps de réalisation n’a pas été respecté indépendamment de notre volonté ; Mais les stades seront effectivement réalisés, les instructions ont été données à cet effet. Ça c’est une promesse qui liée à ma personne, ça sera réalisé, ce n’est pas une promesse du président de la ligue guinéenne de football professionnel. Ces travaux seront réalisés, toutes les études sont faites, nous ne ferons que les actualiser et passer à la réalisation des travaux 

Tout comme la Ligue, est-ce que vous pensez que le COCAN (Comité d’Organisation de la Coupe d’Afrique des Nations) est également une coquille vide ?

Je n’ai pas dit que le COCAN est une coquille vide, c’est plutôt la ligue qui est une coquille vide. Pour le moment nous parlons de la ligue. Le COCAN est une affaire d’Etat différente de celle que nous discutons maintenant là. Je me réserve de communiquer là-dessus.

Comptez-vous prendre vos distances vis-à-vis de la Fédération guinéenne de football ?  

Mais c’est de facto ! c’est le président de ligue qui est le deuxième vice-président de la fédération guinéenne de football. Donc à partir du moment où j’ai démissionné de la ligue, je ne suis plus à la fédération guinéenne de football. Maintenant je n’ai jamais été à la fédération parce que je n’ai jamais été associé à tout ce qui se passe là-bas.

Est-ce que vous reprochez au Président de la Fédération guinéenne de football, Antonio Souaré, une gestion opaque de cette institution ?

A partir du moment où j’ai démissionné je ne pourrais plus parler d’une personne physique ou morale. Dans ma lettre de démission je n’ai cité personne. Mes reproches vont à l’endroit de l’institution. Antonio est un grand-frère à moi. J’ai été le premier à annoncer devant les medias que si Antonio se portait candidat pour la tête de la fédération, je serais le premier à le soutenir. Et je l’ai dit même devant le chef de l’Etat pour plusieurs raisons. A l’époque ces raisons étaient fondées. Aujourd’hui parler de lui je ne pourrais pas le faire. Je ne suis plus aux affaires, toutes mes reproches c’est à l’endroit de l’institution. Si l’institution corrige ces choses, ça serait bien pour toute la jeunesse guinéenne, pour tout le pays, parce que ça irait dans l’intérêt du développement de notre sport.

Au lendemain de l’annonce de votre démission de la tête de la Ligue, nombreux sont ces guinéens qui ont exprimé une crainte de vous voir complètement éloigné du football. Est-ce que KPC va quitter le monde du sport ?

Ah non je ne quitterais jamais tout ce qui concerne le pays. Écoutez Monsieur Souaré, je suis né ici, j’ai grandi ici, j’ai étudié à travers le contribuable guinéen. Nous nos parents n’ont pas eu les moyens de payer nos études, à l’époque il n’y avait même pas d’écoles privées en Guinée. Il est de notre devoir de retourner à ce pays ce qu’il nous a donné. Je ne quitte pas le sport, je ne quitte pas le football. Je laisse juste une responsabilité qui n’est pas effective, je reste au niveau de Hafia, nous sommes en train de construire un centre formation à l’image des autres grands pays qui ont fait des centres, quand ça va finir tout le monde verra. Pour moi ce centre va apporter plus que ce que nous sommes en train de faire aujourd’hui. Parce que ça va former non seulement contribuer à former des joueurs pour le Hafia, pour la Guinée, mais également former d’autres jeunes dont les parents ont un peu de moyens pour venir les inscrire. Donc en aucun cas je ne quitte le sport. Je suis dans beaucoup de secteurs d’activités dans le pays, je maintiendrais cette position. C’est seulement la ligue de football et la fédération que j’ai quittées parce qu’il n’y a pas d’entente. 

Des observateurs avertis estiment que la ligue a surtout manqué de management, ce qui aurait eu pour conséquence l’absence de sponsor pour soutenir le championnat guinéen. Que répondez-vous ?

 (Éclats de rire), ce n’est pas vrai, c’est du n’importe quoi. Même si j’avais de l’argent à n’en pas finir, l’Etat assume toujours ses responsabilités. Ça n’a absolument rien à voir, moi je n’ai pas assez de moyens. Qui pour se comparer à l’Etat personne ? Personne !

Mais ailleurs il y a des sponsors qui accompagnent la ligue Monsieur Camara ….

Oui mais il y a souvent des sponsors. C’est moi qui n’ai pas voulu que le sponsor se manifeste maintenant alors que tout restait à faire. Quand le sponsor vient il faut qu’il trouve du sérieux. Si vous prenez le sponsor s’il ne trouve pas du sérieux, il ne vous respectera pas. Monsieur Souaré voici ce que je vais faire, l’état de nos stades tels qu’ils étaient, quand vous partiez voir le sponsor, au lieu qu’il vous donne par exemple 500 000 dollars, il vous donnera 100 000 dollars parce qu’ils n’ont pas d’intérêt, pour eux leurs produits ne seront pas visibles, leurs produits ne doivent pas être associés à votre activité dans la mesure où rien n’est bien fait. Donc j’ai dit à tous les employés de la ligue, mes amis et tous les collègues de la ligue, de laisser la fondation KPC investir d’abord pour qu’en partant vers les sponsors qu’on ailler avec quelque chose de concret, pour que si on demande quelque chose qu’on puisse l’obtenir. Mais vous venez voir un sponsor alors qu’il n’y a pas une bonne communication, une bonne publicité, les stades ne sont pas remplis, rien n’est en place pour les rassurer à travers votre championnat que leurs produits seront visibles. Si vous remarquez il y a la société qui passe à la télévision pour aller vers ces sponsors. C’est moi qui allais me déplacer en personne pour aller vers ces sponsors, toutes ces sociétés que nous avons déjà ciblées. Il y a même des banques qui nous ont donné leur accord de principe de nous accompagner. Tout cela on allait mettre ça dans la formation des arbitres, les commissaires des matchs pour qu’ils soient dans les conditions qu’il faut afin qu’ils fassent leur boulot. Les arbitres allaient être mieux payés, mieux formés, bien habillés pour valoriser notre sport. On allait même mettre une fondation en place pour accompagner les joueurs après leur carrière dans la vie de tous les jours. Les jeunes, l’argent qu’ils gagnent avec les clubs est insuffisant parce qu’il n’y a personne pour les accompagner. Le même système allait être proposé à la fédération pour accompagner nos internationaux pour qu’ils aient une structure ici sur laquelle ils peuvent compter, envoyer leur argent en vue d’investir pour eux avec le risque zéro. Le sponsor arrive pour tout ça. Si vous prenez les banques comme sponsor, vous domiciliez les comptes bancaires des joueurs dans ces banques-là, toutes les fois qu’un jouer a besoin d’argent même si la ligue n’en a pas, la banque peut lui accorder un prêt. Il y a tellement de choses qui peuvent faire évoluer le football chose mais tout cela ne peut aller que dans l’entente. 

Des millions de guinéens vont vous lire à travers cette interview. Avez-vous un messager à leur adresser ? 

En toute chose il faut qu’il y’ ait l’entente, la compréhension et que la gestion soit participative. Que tout le monde soit consulté et qu’on se donne des idées, ensuite faire la synthèse pour faire évoluer les choses. Je reste dans le monde sportif guinéen, je quitte seulement la fédération et la ligue, mais ma contribution ne fera pas défaut sur le plan moral, matériel et financier si j’ai la possibilité. Je lance un appel à tout autre guinéen de faire autant ou plus pour le bien de notre pays. Il n’y a pas de regret si on le fait pour le pays. Je vous remercie Monsieur Souaré.  

 

Interview réalisée par SOUARE Mamadou Hassimiou

Pour Africaguinee.com

Tél. : (+224) 655 31 11 11

Créé le 22 août 2018 13:37

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