Kankan : le fleuve Milo menacé de disparition…
KANKAN- Affluent du fleuve Niger, le Milo, d'une longueur d'environ 330 kilomètres qui arrose la ville de Kankan est menacé. Plusieurs activités de l’Homme menacent dangereusement l’existence de ce fleuve, vitrine de la capitale de la Haute Guinée.
De la fabrication artisanale des briques, en passant par l’extraction sauvage du sable, jusqu’aux aménagements agricoles anarchiques, le Milo est en danger. Les autorités, impuissantes, regardent cette catastrophe environnementale en spectateurs. Pourtant si rien n’est fait dans l’urgence, dans un futur proche, on ne parlera plus de ce fleuve. Constats…
Au total sept sites de fabrication artisanale de briques existent dans la commune urbaine de Kankan ; Et tous se situent aux abords du fleuve, évoluant dans une anarchie totale. Ce sont : Sikoba, Energie, Senkefara, Bordeau 1 et 2 et kankan-koura 1 et 2.
Selon le président des Briquetiers de la préfecture de Kankan, Mohamed Kandas Kandé, plus de mille Briquetiers travaillent sur le terrain dans le désordre. " Le nombre varie de temps en temps, présentement on peut atteindre un millier et quelques personnes. Et le travail se fait dans l'anarchie totale ", déplore-t-il, indiquant que les conséquences sont incalculables sur l'écosystème.
" Nous avons affaire à des gens qui ne comprennent pas les effets dévastateurs du réchauffement climatique. Tout le monde ressent actuellement la pénurie de la pluie. Nous évoluons tous au bord du fleuve et cela avec des conséquences incalculables ", regrette M. Kandas Kandé.
En haute Guinée, la pauvreté extrême et le mauvais rendement des champs agricoles et miniers poussent de nombreux citoyens à fabriquer des briques qui sont cuites dans des fours se trouvant le long du fleuve. Ce qui occasionne aussi la déforestation, un autre fléau qui dégrade l’environnement. Des citoyens contraints d'arrêter cette pratique à Faranah sont venus s'installer dans le Nabaya pour poursuivre la fabrication, nous a rapporté une source fiable.
Les sites orphelins sont visibles ça et là avec des trous béants, et représentent un autre danger pour la vie des animaux domestiques. Au-delà de la fabrique des briques, une centaine de personnes se ruent dans le fleuve pour y extraire du sable.
Ils sont réunis en association. LAHAYE Diakité, un des responsables dit être conscient du danger mais parle de moyen de survie.
"Nous trouvons notre vie dans l'activité là. Ici par jour tu peux avoir 12 m³ soit 12 tonnes de sables équivalent à un chargement vendu à 300.000 GNF. Cependant l'extraction du sable est aussi une pratique destructrice de l'environnement. Pour garder le sable à la berge du fleuve, il fallait trouver un moyen de stockage. C'est là qu'on a dégradé la berge pour stocker le sable », a avoué M. Diakité, estimant que c’est le seul dégât qu’ils causent à l'environnement.
Que font les autorités pour mettre fin à ces pratiques ?
Rien pratiquement. A la direction préfectorale de l'environnement, on nous parle d'une série de rapports envoyés à leur hiérarchie pour la protection du fleuve Milo.
Sur le terrain aucune mesure n’est visible. Pendant ce temps, le fleuve Milo meurt à petit feu au vu et au su de tout le monde. A certains endroits on peut traverser à gué dans d’autres à pied. Signe de la dégradation poussée du fleuve qui reliait jadis la Guinée au Mali.
Reportage réalisé depuis Kankan par Amadou Oury Souaré
Correspondant régional d'Africaguinee.com
Tél. : (+224) 656 44 26 28
Créé le 18 juin 2018 10:04Nous vous proposons aussi
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