Kankan : A la rencontre de Mory Kanté, 71 ans, forgeron depuis tout petit
KANKAN-Le métier de forgeron est l’une des professions les plus vieilles en Afrique. Dans la commune urbaine de Kankan, ils sont nombreux ces ouvriers qui essaient, à l’aide de moyens rudimentaires voire primitifs, de perpétuer ce savoir-faire ancestral. Ils gagnent leur vie dans la pratique de ce métier qui tend presqu’à disparaître.
Notre correspondant dans la région de Kankan est allé à la rencontre de certains de ces artisans qui participent à leur façon à la construction du pays, mais dont souvent l’action n’est pas reconnue à sa juste valeur.
La commune urbaine de Kankan regorge de nombreux ateliers. Mory Kanté âgé de 71 ans, est un forgeron qui exerce ce métier depuis tout petit. Il l’a hérité de son papa.
« Dans cette forge, je travaille avec mes fils et mes frères, nous sommes tous des Kanté. C’est ce travail que nous avons hérité de nos aïeux. Mon père…mes grands-parents ont pratiqué ce métier. Nous comptons le perpétuer pour ne pas qu’il s’éteigne », explique M. Kanté.
Dans sa forge, il confectionne des houes, des faucilles, des coupecoupes et tant d’autre. Son atelier se situe en plein cœur de la ville de Kankan.
« Nous fabriquons des outils qui servent à l’agriculture comme la daba, nous fabriquons aussi les couteaux, des faucilles, des haches et autres outils manuels », détaille-t-il.
Le marteau et l’enclume constituent les outils de base du forgeron. Ces artisans dotés d’un savoir-faire et d’une ingéniosité hors pair, sont capables de transformer n’importe quel métal à chaud. A côté de l’esprit créatif, le métier demande aussi assez d’énergie et de courage. Les difficultés ne manquent pas.
Sékou Condé est un autre forgeron résidant au quartier Banankoroda, dans la commune urbaine. Il explique quelques difficultés auxquelles ils sont confrontés.
« Il y a bien sûr des difficultés dans ce métier. Premièrement, nous n’avons pas d’accompagnement. L’Etat n’accorde pas d’importance à ce métier. Le marché n'est pas tellement rentable pour nous comme avant. Parce qu’il y a aussi les produits manufacturiers qui nous envahissent. On confectionne des pièces pour les engins roulants parce qu’après la période agricole, on ne gagne pas de clients », relate le forgeron.
Mory Kanté et Sékou Condé lancent cependant une invite aux autorités afin qu’elles s’impliquent pour valoriser leur métier.
« Nous demandons au gouvernement de valoriser au moins certains métiers traditionnels africains. C'est le cas de la forge. Sinon ce métier risque de disparaître. Nous demandons aussi aux passionnés de la tradition de soutenir cette profession qui a traversé des millénaires pour ne pas qu’il meurt ».
Depuis Kankan, Facély Sanoh
Pour Africaguinee.com
Créé le 14 février 2022 18:27Nous vous proposons aussi
TAGS
étiquettes: Echos de nos régions, Kankan, Reportage