Kaloum : que réclament les manifestantes? (vidéo)

CONAKRY-Les femmes mareyeuses ont protesté ce vendredi 18 novembre 2016 devant le ministère de la pêche et de l’Economie Martime sis au centre-ville de Kaloum. Ces manifestantes dénoncent l’annexion des chinois dans le marché local du poisson. Elles menacent de mettre le feu sur les frigos des chinois si leurs revendications ne sont pas entendues par les autorités.

Très déterminées, ces femmes ont érigé des barricades sur la chaussée empêchant tout passage. Il a fallut une longue médiation avec un grand dispositif mixte de sécurité déployé sur place appuyé de certaines autorités pour qu’elles acceptent de libérer le passage.

« Les chinois ont envoyé des frigos dans tous les marchés de la capitale et à l’intérieur du pays. Là où ils n’ont pas envoyé des frigos, ils partent charger les poissons dans leur véhicule et venir revendre le carton au marché à 270.000 GNF alors qu’au port aussi, ils nous revendent le même carton à au même prix nous les détaillants. Personne n’achète plus nos poissons. A 6 heures 30 locale, ils prennent d’assaut les différents marchés pour revendre en détail. Nous souffrons beaucoup. On ne voit plus aucun acheteur. On a même alerté le ministre de la pêche qui nous a invités pour avoir d’amples explications. Après notre rencontre, il a promis de fermer tous les frigos appartenant aux chinois dans les marchés locaux. Mais il n’a pas honoré sa parole. Il nous a menti parce que les chinois continuent d’envoyer leur poisson dans les marchés », a hurlé une femme très en colère que nous avons interrogée devant le ministère de la pêche.

Avant-hier, les femmes mareyeuses ont arraisonné un camion de poissons appartenant à chinois évoluant dans le secteur de la pêche. « Ce camion est toujours à nos dispositions. Ils disent que notre mouvement n’aura l’effet qu’une tempête dans un verre d’eau et que si on nous corrompt avec 10 millions nous allons nous taire. Mais ils verront que nous sommes incorruptibles. Nous irons jusqu’au bout. I faut qu’ils dégagent leurs frigos et qu’ils les ramènent à Kényen dans le respect. S’ils refusent, nous irons mettre le feu sur tous les frigos. Parce qu’ils ne peuvent pas venir troquer sur nous dans les marchés locaux. Ils ont fini d’envahir tous les marchés. Il faut qu’ils arrêtent de venir revendre en détails dans les marchés locaux. On est d’accord qu’ils nous revendent en gros comme toutes les autres sociétés qui évoluent dans le secteur. Nous vivons de cette activité », explique cette manifestante sous les hués approbateurs de ses camarades.

Ce vendredi elles ont accepté de détaler mais tout en donnant un ultimatum au ministère de la pêche. « Nous leur donnons jusqu’au lundi. A 7 heures nous serons là, s’ils ne respectent pas nos revendications, nous leur montrerons de quoi on est capable. On n’a peur de personne. Ici c’est chez nous. Un étranger ne peut pas venir nous envahir comme ça. C’est en Guinée seulement que tu peux voir un étranger venir s’imposer sur un citoyen du pays. Que les chinois comprennent qu’ils ne peuvent pas nous faire fuir de la pêche. Nous vivons de ça. Ceci c’est un avertissement. Ils sont partout dans le pays. Nous exigeons qu’ils dégagent leur conteneur frigorifique. On n’est pas contre qu’ils envoient les poissons pour nous revendre au Port, mais nous n’accepterons pas qu’ils viennent nous annexer au niveau du marché local » a averti une autre manifestante.

Interrogé, un cadre du département de la pêche a promis qu’une solution va être trouvée très prochainement au profit de tous les acteurs. « Nous avons pris note. Nous avons mis en place une commission qui va commencer à travailler dès demain au profit de tous les acteurs. On fera en sorte que tout le monde soit satisfait. On fera en sorte que personne ne vienne gêner la population », a promis Mohamed Cherif Diallo, conseiller juridique du ministre de la pêche.