Jean Marie Doré : « Amnistier Bah Oury serait une bonne chose… » (Interview exclusive)

Jean Marie Doré

CONAKRY- C’est un soutien inattendu pour le premier vice-président de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée. Bah Oury peut désormais compter sur le soutien de l’ancien Chef du Gouvernement de transition, Jean Marie Doré, qui vient de plaider pour sa cause afin de lui permettre de retourner dans son pays. Le leader de l’Union pour le Progrès de la Guinée a salué le courage et l’objectivité de Bah Oury. Sans langue de bois, Jean Marie Doré évoque également la question du choix du prochain Premier Ministre du Président Alpha Condé. Le chef de file de l’UPG serait-il prêt à accepter d’être nommé à nouveau à la tête d’un Gouvernement ? Son parti a-t-il été approché par le Président Alpha Condé pour son éventuelle participation au prochain Gouvernement. Jean Marie Doré dit tout, ou presque. Exclusif !!!


 

AFRICAGUINEE.COM : Honorable Jean Marie Doré bonjour !

JEAN MARIE DORE : Oui bonjour !

Quel devrait être selon vous le profil de futur Premier ministre ?

Je dois observer que la Constitution et ses lois organiques d’application font de la formation du Gouvernement, un domaine discrétionnaire du Président de la République. Il n’a pas à tenir compte de mon avis ni du vôtre. Mais la seconde partie de votre question donne une indication. Le président avait organisé au siège de son parti un meeting, il était accompagné par le présidium, les directeurs de campagne qui ont travaillé avec lui durant la campagne, il a dit d’une façon claire qu’on ne prendra plus quelqu’un dans le Gouvernement pour son ancienneté ou sur des bases qui ne sont pas démontrées par la qualification. Il a dit  qu’on prendra les ministres en fonction de leur capacité, de leur formation et l’évidence de leur aptitude à gérer l’Etat correctement. Ça c’est une indication. C’est un élément d’analyse. Je pense qu’il n’a pas dit ça au hasard. Il a dû réfléchir longuement.

Seriez-vous prêts à occuper de nouveau ce poste ?

Excluez-moi de ça. Je connais la difficulté de former un Gouvernement. Il ne faut pas charger le président de questionnement comme de ce genre. Parce que ça n’ouvre pas la voie nécessairement pour trouver la bonne solution. Donc, il faut laisser le président réfléchir à froid, consulter qui il veut, pour avoir une équipe qui applique sa politique. Maintenant à  l’application du programme remanié du RPG on verra s’il a fait le bon choix.

Votre formation politique devrait-elle faire son entrée dans la prochaine équipe gouvernementale ?

Non je ne vais pas rentrer dans ce jeu. Le président de la République a un pouvoir discrétionnaire. Il nomme qui il veut à telle ou telle fonction.  Notre vœu est qu’on  prenne des gens qualifiés pour régler les problèmes multiples qui assaillent le pays. C’est mon souhait. Je ne suis autorisé qu’à émettre des vœux parce que je suis respectueux de la Loi. 

Je crois qu’il faut laisser le Président dans les limites de la Constitution, former le Gouvernement selon l’engagement qu’il a pris lors du meeting où il a dit clairement qu’il ne prendra les gens qu’en fonction de leur qualification et de leur compétence.

A distance comment observez-vous cette guéguerre qu’il y a dans l’entourage du Président, notamment entre Dr Diané et le ministre Kassory ?

Je n’ai jamais vu Kassory ou Dr Diané avec des gans. A aucun moment je n’ai vu Diané et Kassory porter des gans et monter sur un ring.

Sauf qu’ils ne cessent de s’attaquer par medias interposés ?

Est-ce que vous pouvez apporter la preuve que les medias qui parlent de ça le font à la demande de l’un ou de l’autre des cadres que vous avez cité.  Je ne pense pas. Diané a un poste stratégique, il est Directeur de cabinet du Président, Kassory a un poste stratégique, chargé des investissements et du partenariat gagnant-gagnant. Le président travaille avec un certain nombre de personnes comme ça. Je ne peux pas dire plus parce que ça fait partie encore une fois du Pouvoir discrétionnaire du  Président de la République, de prendre de conseillers dont il estime que les compétences facilitent ses analyses pour ses prises de décisions.

Mais les journalistes veulent créer des problèmes  au Président et à ses collaborateurs en disant : on a vu Kassory et Kiridy monter sur un destrier  virevolter en l’air une épée tranchante.  Ça c’est des raisonnements qui ne servent pas le  pays.

On parle de plus en plus d’une éventuelle amnistie des prisonniers politiques et du retour des exilés politiques. Le président Alpha Condé a rencontré récemment Bah Oury à Paris, il a appelé Tibou Kamara. Quelle analyse faites-vous de cette ouverture du Chef de l’Etat ?

Mon sentiment personnel est qu’un certain nombre de personnes, si elles sont amnistiées  ce serait une bonne chose. Comme Bah Oury. Parce que c’est avec les Bah Oury, Alpha Condé, Siradio Diallo, Bâ  Mamadou, Bah Ousmane, Kerfalla Bangoura, Marcel Cross, etc…,   que nous avons créé le forum démocratique pour l’application par la voie de la Constitution le système démocratique intégral. C’était rude en ce moment-là. On pourchassait les  gens qui ne voulaient pas seulement qu’on crée deux partis. Or l’idée de créer deux partis en ce moment était fausse.  Les exemples étaient faux. On disait qu’au Etats-Unis il y a deux partis, alors que c’est faux. Il  y avait plus de quinze partis. Mais au fil  des années, le parti des Républicains  et le parti des Démocrates se sont imposés. Depuis très longtemps, aucun des petits partis n’a eu accès à la maison blanche.

Nous avons lutté ensemble. Bah Oury est un garçon très courageux. J’ai souvent travaillé avec lui. Lorsque nous avions formé  les commissions aux forces vives, il a des raisonnements carrés. Alors il y avait beaucoup de rivalités du côté où il s’attendait à de la solidarité, ce n’était pas mon affaire mais j’ai  imposé  qu’il soit le président de la commission politique. C’est moi qui l’ai nommé à ce poste là. J’ai passé outre à des conflits subalternes. Pour les négociations à Ouagadougou, on avait besoin que nous soyons avec des gens capables. Et là-bas il s’est distingué. Il a travaillé sur  notre mémorandum avec  Lonsény Fall. On a présenté un bon dossier.

Je ne dis pas que ça le dispense de respecter les lois de la République. S’il offense le Président qui est protégé par la loi (….). Le président n’a pas besoin de porter plainte s’il est offensé, il appartient au Procureur de la République d’agir immédiatement. Je n’ai pas à  juger s’il a commis où il n’a pas commis d’infractions à la loi pénale. Mais je dis que son absence sur la scène a créé un vide qu’il faut combler avec les autres fils de sa région.

Un garçon comme ça s’il manque sur le terrain c’est une perte pour tout le monde. Parce qu’il a des réflexions carrées. Par moment ça frise le parti-pris, mais il prend toujours la précaution de se présenter comme un homme objectif. Ça c’est très important pour un homme politique.  Il faut toujours laisser une porte de sortie. Certains parlent de façon catégorique comme ça : « nous ne ferons jamais ça »  Et puis voilà, ils se rangent (rires) à la faveur du crépuscule, ils vont dîner là où ils avaient fait des crachats. Cela n’est pas courageux.

A qui faites-vous allusion quand vous dites ça ?

A tous ceux qui se conduisent comme ça.

A Sidya Touré qui a longtemps  critiqué le régime mais qui sur le point de rejoindre le camp  du président ? 

Si vous n’aimez pas Sidya, c’est vous qui le citez. (Rires) Pourquoi vous ne l’aimez pas ?

Ce n’est pas une question d’amour. Je rappelle juste les faits…

Pourquoi vous le citer ? Je n’ai pas indiqué de catégorie puis vous le mettez là-bas. Sidya est gentil (rires). Il ne m’appartient pas de le juger. Mais je dis qu’il  y a des catégories de gens qui existent en Guinée, en France, qui font ça. Et je les condamne. Moi quand  j’ai un adversaire, je vais faire un adversaire courageux et honnête. Qu’il me  dise les idées qu’il ne peut pas partager avec moi, on s’explique.  Parce que la politique d’abord c’est la parole. Il faut s’expliquer. Les gens fuient les explications. Et quand ils fuient les explications, ils collent n’importe quelle épithète à quelqu’un.

Si on veut gouverner la Guinée d’une  façon à  tenir compte de l’opinion de la majorité, il ne faut pas chercher à imposer votre vérité. Vous devez chercher la moyenne d’expression qui permette que chacun dise « Oui ce n’est pas tout à fait ce que je voulais dire, mais j’accepte ». C’est ça. Je me suis quereller avec Cellou, c’est un ami, mais c’est bon qu’on se querelle. S’il dit quelque  chose qui est correcte, pourquoi je vais rejeter ça. Mais ça ne veut pas dire que j’ai changé. La plupart des journalistes (guinéens) sont des cancres. Parce qu’ils balancent des mots comme ça.   Ce n’est pas parce que quelqu’un n’est pas d’accord avec moi que s’il dit la vérité,  je vais la refuser.

Donc, mettez-vous toujours dans la tête que la  politique c’est la réalité. Ce n’est pas le rêve dans lequel le contradictoire cohabite. La politique c’est le réalisme. Et Machiavel pousse la démonstration jusqu’à devenir pour certains odieux. Mais la vie et ce que lui il décrit. L’accession au Pouvoir c’est ce qu’il décrit. Mais quand il parle du prince, ce n’est pas le prince qui a hérité du Pouvoir de son père. Le prince c’est celui qui a la virtu, pas la vertu. La virtu c’est la  sublimation de la vertu. Le mal courage, l’esprit prompt qui est prêt à n’importe quel coup pour conserver ce qu’il a ou pour acquérir ce qu’il convoite. Fut-ce par la ruse ou par la scélératesse. Qu’est-ce  qui  compte pour Machiavel ? C’est le but. Il faut tout sacrifier au but. Il dit : « si vous faites un coup d’Etat vous tuez trois personnes vous échouez, vous  devenez le bandit assoiffé de sang. Mais si vous faites  le  coup, vous tuez cent personnes et vous réussissez, on dit que c’est un héro, il a libérez le pays ».

(Rires) Il faut bien étudier. J’ai l’intention avec des amis de créer un Institut de recherche en sciences sociales. Parce que j’ai remarqué que le niveau des gens est très faible. Parce beaucoup de problèmes qui nous assaillent souvent, n’existeraient pas si on faisait savoir aux gens qui ils sont, d’où ils viennent.

Votre de la  fin ?

Il  ne faut anticiper, le Président a cinq ans pour porter les corrections nécessaires à ce qu’il avait déjà fait. L’œuvre humaine a toujours des imperfections. Avec le temps, on se rendra compte qu’il y a des faiblesses dans telle réalisation, qu’il faut corriger.  Mais comme il est encore là, il peut corriger.  Quand il aura fini, il aura réalisé des choses. Personne ne peut régner sans poser des actes positifs. C’est impossible. Moi je suis un optimiste. C’est très important pour moi.  Parce que sinon le changement de saison serait odieux pour moi. 

Il y a beaucoup de choses qui manquent à l’éducation en Guinée. Le problème Guinéen est un problème  d’éducation. On a dispensé des cours aux gens (c’est quoi la géographie, c’est quoi l’économie), mais  on ne leur a pas donné le comportement qu’il faut avoir pour exercer le métier qu’ils ont appris théoriquement. Parce que l’Université vous donne les voies, mais ça ne s’arrête pas là(…), il  ya beaucoup de choses à faire. Le guinéen est très intelligent, mais on l’a habitué à la paresse et à la  facilité. Il faut aller au-delà des apparences, travailler en profondeur.

Honorable Jean Marie Doré merci !

Merci beaucoup Monsieur Diallo !

 

Interview réalisée par Diallo Boubacar 1

Pour Africaguinee.com

Tel. : (00224)655 31 11 12

Créé le 23 novembre 2015 12:07

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