Jean Marc Teliano : « Le CNRD ne veut pas de cohésion dans ce pays… »

Jean Marc Teliano, leader du RDIG

CONAKRY-Le fossé se creuse entre la junte et une frange importante de la classe politique guinéenne. Dans un entretien accordé à Africaguinee.com, Jean Marc Téliano, leader du Rassemblement pour le Développement Intégré de Guinée (RDIG) a interpelé la junte sur les risques de ce « bras de fer » qui couve depuis des semaines. Cet acteur politique donne aussi les raisons de son « boycott » du cadre de dialogue, lancé vendredi dernier.


AFRICAGUINEE.COM : Vous avez boycotté le 15 avril le lancement du cadre de concertation inclusif. Pourquoi ?

JEAN MARC TELIANO : Je suis fidèle au G58. C'est de ma nature d'être fidèle à mes engagements. Aussi, c’est par souci de cohérence avec ce que nous avions signé. On ne peut pas s’engager sur quelque chose et faire son contraire. C'est le CNRD qui ne veut vraiment pas de cohésion dans ce pays-là, ils ne veulent pas d'entente. Nous sommes passés par tous les moyens pour les approcher pour que la transition soit une réussite. Parce que la réussite de la transition est dans l'intérêt de tous les guinéens épris de paix et de justice. La première fois que nous fîmes convoqués par le président, moi j'avais considéré ça comme un théâtre. On était venu, le président a tenu son discours, on nous a demandés de faire des propositions, des mémorandums. Tous les partis politiques chacun en ce qui le concerne a fait un mémorandum et les a remontés. Mais à notre grand étonnement, nous avions vu une charte, comme un cheveu dans une soupe qui nous a jetés à la figure. Malgré tout et partout nous les avons soutenus.

La deuxième invite, c'est quand le ministre de l'administration du territoire a invité les coalitions de la classe politique pour nous demander quelle sorte de cadre de dialogue nous voulons, nous avons décliné aussi les préoccupations. Je pensais qu'ils nous auraient invité pour que nous tombions d'accord sur le cadre qui peut arranger toutes les parties. Patatras, ils nous sortent une lettre laconique encore pour nous dire que nous sommes invités à un cadre de concertation. Nous ne sommes pas demandeur d'un cadre concertation. On se concerte avec des amis mais nous ne nous connaissons pas, nous voulons nous connaître. Mais ils ont foulé d'un revers de main toutes nos préoccupations. Nous avions demandé le chronogramme, ensuite la publication de la liste des membres du CNRD parce qu'aujourd'hui nous sommes dans un avion qui n'a qu’un seul pilote que nous connaissons. C'est Mamadi Doumbouya. Admettons qu'un problème arrive en Guinée demain, à qui nous allons nous en prendre ? Personne. Est-ce que c'est difficile de nous donner la liste des membres du CNRD ? NON, s’il y a un minimum de volonté. 

C'est pourquoi, pour être cohérent avec moi-même et ma plate-forme, nous nous sommes abstenus d’aller à l’ouverture des travaux de concertation. S'ils répondent aujourd'hui à nos préoccupations qui sont majeures, on est prêt. On ne peut pas parler d'un cadre de concertation sans impliquer le CNRD, le G5, sans impliquer la communauté internationale parce qu'aujourd'hui, il y a un climat de méfiance. Et, c’est ceux (les dirigeants de la junte, ndlr) qui ont créé ce climat de méfiance. Aujourd'hui, ils ont créé une opposition qui n'en valait pas la peine. Je ne vous cache pas cela, aujourd'hui nous sommes opposés à eux parce qu'ils ne veulent pas le dialogue, ils ont créé une opposition sans l'avoir dit.

La phrase choc qui a retenu l’attention lors de l’ouverture de ces concertations, c’est lorsque le président de la transition a dit : « on fera le sale boulot ». Que vous inspire ces propos ?

Ça c'est des menaces. On ne peut pas demander à faire des assises, appeler à faire des concertations et employer des termes du genre : personne ne les empêchera de faire le sale boulot. Ces propos va-t-en-guerre sont contradictoires avec l’esprit des assises dites vérité-réconciliation.

Nous ne voulons pas que cette transition échoue. Nous ne voulons pas d’opposition au CNRD, mais tant mieux, s’il crée l’opposition nous sommes prêts aussi. Parce que personne n’a le titre foncier de ce pays, il nous appartient à nous tous.

Quelle lecture faites-vous du document qui a été publié par le Gouvernement définissant les étapes clef pour le retour à l’ordre constitutionnel ?

Comment pourrais-je avoir un document issu d’une rencontre à laquelle je n'ai pas assisté. J'ai appris sur les ondes comme tous les guinéens. Je dois relever que la classe politique qui était présente ne représente même pas 3% de l'électorat guinéen. Regardez la physionomie de ceux qui étaient là-bas, qui a eu 1% lors des précédentes élections ? Tous réunis, ils ne peuvent pas faire 3%. Là où il n'y a pas l'UFDG, l'UFR, le RPG arc-en-ciel, vous voulez qualifiez ça de rencontre qui va porter fruits, je dirai non. Je n'ai pas le document. Donc, je ne peux pas faire des commentaires par rapport à ça. Mais quand je l'aurais, je pourrai faire mon point de vue. 

Que pensez-vous de la démarche ?

C'est une démarche infondée et incohérente. Je souhaiterais que les dirigeants actuels joignent les actes à leurs paroles. Ils ont dit que personne ne les empêchera de faire le sale boulot. C'est vrai, ils sont en train de faire le sale boulot, parce qu’un régime politique ne peut pas employer la méthode qu’ils emploient. Je voudrais qu’ils mettent de la méthode dans leur façon de faire, personne n'est contre la récupération des domaines de l'Etat, personne n'est contre la lutte contre la gabegie ou les détournements, mais il faut mettre la méthode comme ils ont dit que la justice sera la boussole.

Je voudrais lancer un appel au Colonel Mamadi Doumbouya d'être à l'écoute de la franche partie de la classe politique. Il ne faut pas qu'il pense que la classe politique est leur ennemie. Qu'il se détrompe, il ne peut pas mener cette transition sans les politiques. Il se trompe lamentablement s'il pense qu'il va mettre out l'ancienne classe politique, ce pays ne peut pas aller sans les politiques. La transition est politique et non militaire, s'il pense qu'il va mettre la classe politique en dehors de cette transition il se trompe, ça sera un échec. 

 

Oumar Bady Diallo

Pour Africaguinee.com

Créé le 18 avril 2022 10:45

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