Interdiction des manifestations : La révélation qui « épingle » les acteurs politiques
CONAKRY-En Guinée, les manifestations sont interdites sur la voie publique depuis un an. Cette interdiction a exacerbé les tensions déjà latentes dans le pays. La lutte pour la levée de cette interdiction a fait une dizaine de morts. Quels sont les dessous de cette mesure controversée prise par la junte ? Le ministre de l’administration du territoire et de la décentralisation lève le voile. Selon Mory Condé, les partis politiques ont cautionné cette décision dès au départ. Ses révélations sont tonitruantes.
« Avant d’arriver à la décision d’interdiction des manifestations sur la voie publique, tous ces leaders politiques ont été appelés. On a eu des discussions avec eux. On leur a dit : pour le moment, il n’y a pas de problème entre vous, le Gouvernement et le CNRD. Nous allons définir les règles du jeu. On a un problème de routes. Pendant onze ans, on nous a vendu ici tout sauf la réalité sur les questions de route. Aujourd’hui, nous voulons engager des programmes avec les partenaires de la Banque Mondiale et d’autres Banques pour pouvoir financer les projets de route. Mais nous avons des inquiétudes. Vous aimez organiser des manifestations de rue qui ne corroborent pas avec les travaux routiers. Qu’est-ce que nous pouvons faire ?
Ensemble on a décidé que les manifestations sur la voie publique soient suspendues et que chaque formation politique ou organisation de la société civile puissent tenir ses manifestations dans son siège. Et qu’à la limite, pour certaines manifestations pour lesquelles ils ont besoin de la force publique, qu’on puisse les aider à les encadrer. Ces règles de jeu ont été définies dès le début.
Aujourd’hui, les gens veulent manifester, mais dès qu’on leur rappelle cela, ils disent que les libertés de manifester sont interdites. Si les manifestations sont interdites est-ce que les partis politiques peuvent se réunir dans leur siège en train de chanter et danser ? Si c’est interdit, on allait fermer les sièges de tous les partis politiques. Mais chaque samedi, ils se retrouvent pour animer leur meeting. La question d’interdiction des manifestations sur la voie publique a été décidée de commun accord avec eux avant que le CNRD ne fasse son communiqué.
Même quand on a fait le communiqué, c’est moi qui devais le signer. Mais on a dit non, comme la charte dit que le CNRD est l’instance suprême de décision et d’orientation stratégique du pays, c’est pourquoi à l’époque le général Sadiba, à l’époque chef d’Etat-major général des armées l’a signé.
Aujourd’hui, on oublie cet engagement pour dire que le Gouvernement veut instaurer une dictature. Non, les manifestations ne sont pas interdites, c’est de commun accord avec les acteurs politiques, on a dit de laisser la voie publique jusqu’à la veille des scrutins qui vont être organisés ».
A suivre…
Africaguinee.com
Créé le 19 mai 2023 21:06
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