Immigration au Québec: «Il faut faire les choses plus rapidement»
John McCallum dit espérer que son ministère a appris de l'expérience de l'arrivée des 25 000 réfugiés syriens pour accélérer ses méthodes de travail. «Il faut faire les choses plus rapidement, éliminer les choses qui ne sont pas nécessaires. Il faut faire plusieurs choses simultanément plutôt qu'une seule chose à la fois.»
Citoyenneté et Immigration Canada doit ainsi accélérer le traitement des demandes, principalement dans les dossiers de réunification des familles, dit le ministre. Il juge inacceptables les délais d'attente pour les époux souhaitant immigrer pour rejoindre leur conjoint. «Ça prend plus ou moins deux ans, ce qui est loin d'être acceptable. Ça devrait plutôt être six mois.»
Plus de fonctionnaires
À l'aube du budget fédéral, John McCallum espère voir l'enveloppe budgétaire allouée à son ministère augmenter. Ayant fixé la cible ambitieuse d'accueillir 305 000 immigrants par an, le ministre compte notamment «engager plus de fonctionnaires, pour faire plus d'entrevues et admettre plus de gens». Il note que les délais d'attente dans les dossiers d'immigration, principalement de réunification familiale, ont augmenté à partir de 2011 lorsque des compressions ont touché son ministère et que la priorité a été donnée aux immigrants économiques.
Axé sur l'humanitaire
John McCallum dit soutenir entièrement la décision du gouvernement Trudeau de favoriser l'arrivée de réfugiés. Et même si ces immigrants contribuent moins à l'économie à court terme, leur contribution à moyen et à long terme en vaut la peine.
«En premier lieu, c'est un acte humanitaire. Mais à moyen terme, c'est aussi un investissement économique. Si on regarde les précédentes vagues de réfugiés, de Hongrie, du Viêtnam ou d'autres pays, après un certain temps, ces gens ont travaillé et contribué à l'économie.»
Le ministre dit ne pas aimer la distinction faite entre les immigrants économiques et les autres. «On ne devrait pas avoir deux catégories d'immigrants, économiques et non économiques, noirs ou blancs. Ce n'est pas vrai de dire que les immigrants économiques font le travail et les non économiques ne font rien.»
Défi de garder les immigrants en région
Encourager les immigrants à demeurer en région, loin des grands centres comme Montréal et Toronto, est un important défi, reconnaît le ministre McCallum. Il note que de nombreux immigrants qui s'étaient d'abord installés en région finissent par s'établir dans les grands centres après quelques années seulement, une situation qu'il attribue aux difficultés à trouver du travail. «Oui, les logements sont abordables [en région]. Oui, les gens sont accueillants. Mais est-ce qu'il y a de l'emploi? Des services linguistiques?»
Intégration plus longue
Constatant que les immigrés affichent de plus hauts taux de chômage que les personnes nées au Canada, particulièrement au Québec, John McCallum croit que le pays intègre moins bien les immigrants que par le passé. «Le taux de chômage est plus élevé pour les immigrants que pour les Canadiens. Ça veut dire qu'on ne fait pas aussi bien aujourd'hui que dans le passé afin d'intégrer ces nouveaux immigrants», dit le ministre. Il ajoute que les immigrés trouvant du travail mettent des années à voir leurs revenus se rapprocher de ceux des personnes nées au Canada.
Taux de chômage par région (2015)
Québec – Ontario – Canada
Personnes nées au Canada: 7,0% – 6,7% – 6,8%
Immigrants arrivés depuis moins de 5 ans: 18,0% – 11,6% – 12,1%
Immigrés arrivés depuis 5 à 10 ans: 11,4% – 9,1% – 9,0%
Immigrés arrivés depuis plus de 10 ans: 8,2% – 5,7% – 6,0%
Source : Institut de la statistique du Québec
Garder les étudiants étrangers
Pour faciliter l'intégration en emploi des immigrés, John McCallum dit vouloir favoriser l'immigration des étudiants étrangers, car il estime que ceux-ci sont mal desservis par le système d'immigration actuel.
Le Canada traîne en effet la patte face à de nombreux pays, comme l'Australie et les États-Unis, dans la rétention des étrangers venant étudier ici. Or ce groupe présente beaucoup d'avantages pour l'intégration, note le ministre. «Si on veut trouver un groupe de personnes mieux placées pour être les Canadiens du futur, c'est difficile de trouver mieux que les étudiants internationaux. Par définition, ils ont une éducation, par définition, ils parlent français ou anglais.»
Les deux tiers des réfugiés ont un logement
Quant aux 25 000 réfugiés syriens arrivés de décembre à février, plus des deux tiers (68%) de ceux pris en charge par le gouvernement fédéral ont aujourd'hui trouvé un logement permanent, a indiqué le ministre McCallum. «On a fait pas mal de progrès. C'était 52% il y a seulement deux semaines», dit-il.
Il faudra toutefois attendre juin avant que tous les réfugiés aient trouvé où loger à long terme, en raison des marchés plus saturés de Toronto et de Vancouver. Au Québec, la recherche de logements va beaucoup mieux, puisque 90% des 900 réfugiés pris en charge par le gouvernement qui ont atterri dans la Belle Province ont déjà trouvé un logement. Selon le ministère de l'Immigration du Québec, il leur faut moins d'une semaine pour trouver où loger.
Source: lapresse.ca
Créé le 23 mars 2016 22:22Nous vous proposons aussi
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