Il échappe à trois exécutions: « Mon bourreau était trop fatigué »

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Dans le couloir de la mort, Byson Kaula a failli être exécuté à trois reprises. L'homme ne doit son salut qu'à la fatigue de son bourreau, exténué par d'intenses journées à tuer, et à la promulgation d'une loi qui a définitivement interdit la peine capitale dans son pays, le Malawi.


Byson Kaula est ce qu'on l'appelle un miraculé. Condamné à mort en 1992, cet habitant du Malawi ne devait théoriquement plus faire partie de ce monde depuis bien longtemps. Pourtant, près de trente ans plus tard et toujours bien vivant, il raconte son incroyable histoire à la BBC.

Byson Kaula est né dans un petit village dans le sud du Malawi, en Afrique. Après avoir gagné suffisamment d'argent en travaillant dans l'industrie du gaz à Johannesbourg, en Afrique du Sud, il est retourné dans son village natal pour se lancer dans l'agriculture. "C'est à ce moment-là que les choses ont mal tourné", se souvient Byson.

Coupable d'un crime qu'il n'a pas commis

Des voisins, jaloux de sa réussite, s'en prennent à l'un de ses employés et le blessent gravement. La victime ne pouvant marcher seule, Byson, dans la quarantaine à l'époque, l'aide à se rendre aux toilettes mais le laisse tomber dans les escaliers rendus glissants par des pluies diluviennes. Son employé décèdera plus tard à l'hôpital. Byson, lui, est accusé de meurtre. Ses voisins ont témoigné contre lui lors du procès à l'issue duquel il est jugé coupable et condamné à mort.

Avant son exécution, Byson se souvient d'avoir eu l'impression d'être "déjà mort." Il n'en sera finalement rien. A cette époque, un seul bourreau, originaire d'Afrique du Sud, sillonnait les pays de la région pour pendre les condamnés à mort. Un jour, Byson Kaula apprend que son heure est venue: il sera exécuté en même temps que vingt autres prisonniers. Finalement, trois d'entre eux, dont Byson, seront épargnés par le bourreau, fatigué par deux heures passées à tuer.

Jamais deux sans trois

Aussi incroyable que cela puisse paraître, ce scénario se répéta deux autres fois. La troisième fois, il fut d'ailleurs le seul de la liste à échapper à la mort. Malgré sa bonne étoile, ces événements ont traumatisé l'homme, qui a tenté de se suicider à deux reprises.

En 1994, le règne dictatorial du président Hastings Banda prend fin après 28 ans et est remplacé par un régime démocratique. Si la peine de mort existe toujours au Malawi, elle n'a cependant plus jamais été appliquée depuis 25 ans.

S'il n'était plus dans le couloir de la mort, Byson Kaula demeurait cependant en prison, où il a suivi des cours et même enseigné. Mais il n'avait pas le moindre espoir d'être libéré un jour. Mais en 2007, un homme qui a avoué avoir tué son beau-fils alors qu'il était sous l'emprise de la drogue a convaincu la court que la peine de mort automatique devait être revue. C'est ainsi que 139 prisonniers ont été libérés, dont Byson Kaula, qui n'en croyait pas ses yeux.

"Je pensais que je rêvais"

"Lorsqu'on m'a annoncé que je pouvait partir, je tremblais de partout, mon corps était si faible… Je pensais que je rêvais. Je ne pouvais pas croire ce que le juge venait de dire", se souvient Byson Kaula.

Lucy, la mère de Byson, lui rendait régulièrement visite en prison. Lorsqu'elle a appris que son fils était enfin libre après 24 ans de prison, elle a "sauté comme un agneau." "Mon coeur était rempli de joie", dit-elle à la BBC.

Aujourd'hui, Byson Kaula travaille comme bénévole en conseillant d'autres anciens détenus. La terre qu'il cultivait autrefois est désormais envahie par la végétation. Sa femme est décédée lorsqu'il était en prison et ses six enfants ont grandi et ont fait leurs vies. Il vit seul mais s'occupe de sa mère, pour qui il veut désormais construire une maison en briques.

Source: BBC

Créé le 24 février 2019 14:52

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