Ibrahima Diallo parle : ‘’La France est un soutien de taille pour nous…’’
CONAKRY-Le Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC) maintient sa manifestation du 20 juillet 20, en dépit de la prorogation de l’Etat d’urgence Sanitaire. Quelles sont les mesures prises pour réduire les risques de propagation de la Covid-19 ? Quelles sont les villes concernées par cette mobilisation qui vise à exiger le départ d’Alpha Condé ? Quelle sera sa nouveauté ? Ibrahima Diallo, le Responsable des Opérations du FNDC s’est confié à notre rédaction. Dans cet entretien, ce membre du comité de pilotage du FRONT, parle aussi de la rencontre entre Sidya Touré et Jean Yves Le Drian à Abidjan. Ibrahima Diallo a également répondu aux accusations de coup d’Etat que le RPG a porté sur le FNDC. D’autres sujets ont également été évoqués dans cette interview exclusive. Lisez !!!
AFRICAGUINEE.COM : Le Président Alpha Condé a prolongé pour 1 mois l'Etat d’urgence sanitaire. Est-ce que le FNDC va reporter sa manifestation prévue le lundi 20 juillet prochain ?
IBRAHIMA DIALLO : La marche du FNDC est toujours maintenue comme nous l’avions prévue. D’ailleurs, nous avons avancé sur le terrain en termes de sensibilisation et de mobilisation de la population. Je pense qu’on ne peut plus invoquer l’Etat d’urgence sanitaire, pour empêcher les citoyens d’exercer leur droit constitutionnel. Vu ce qui se passe à Kankan, Siguiri, au Mali et un peu partout. Ce que nous avons cherché à faire c’est d’harmoniser nos stratégies avec les mesures barrières édictées par l’Organisation Mondiale de la Santé, pour minimiser la propagation du Coronavirus.
Où en êtes-vous dans les préparatifs ?
Dès après l’annonce de cette manifestation par le comité de pilotage du FNDC qui regroupe les principaux leaders au niveau des opérations, nous avons activé toutes nos antennes et toutes les structures sociopolitiques membres du FNDC et le collectif des femmes pour avoir une compréhension partagée sur le mode opératoire. Donc, nous avons informé tout le monde que c’est une marche pacifique dans tout Conakry, également à Coyah et à Dubréka. Donc, pour la circonstance nous avons élaboré un guide pour les manifestants en six points. Le premier point précise qu’il s’agit d’une manifestation pacifique, le deuxième point du guide, c’est d’utiliser les messages non-violents, parce qu’on aura des pancartes pour exprimer notre désaccord vis-à-vis du troisième mandat et vis-à-vis de la confiscation du pouvoir par Monsieur Alpha Condé. Le troisième point, c’est de protéger les biens publics et privés.
Le FNDC est un mouvement citoyen qui a en son sein des personnes responsables qui font la promotion de la loi et de la non-violence. Donc, nous appelons tous les citoyens à protéger les biens publics et privés qui n’ont rien à voir avec la démarche du FNDC, qui consiste à manifester pacifiquement. Egalement, nous demandons au point quatre du guide, d’ouvrir le passage aux ambulances, aux sapeurs-pompiers et aux véhicules diplomatiques. Cinquième point, ce de ne pas provoquer ni céder à la provocation des forces de défenses et de sécurité. Ensuite, au sixième point chaque manifestant doit venir avec son masque de protection, pour participer à cette grandiose mobilisation du FNDC qui n’a pour objectif que d’exiger le départ de Monsieur Alpha Condé pour parjure.
Voilà, le niveau de préparation, mais sur le terrain nous avons pu faire en sorte que les antennes puissent sensibiliser la population à travers l’organisation des séances de causeries, de sensibilisations et d’informations sur les directives et orientations données par le comité de pilotage et la coordination pour cette autre manifestation prévue le 20 juillet 2020. Nous espérons que tout se passera dans de meilleures conditions. En tous cas les citoyens sont mobilisés et déterminés de manière pacifique à exprimer leur désaccord vis-à-vis de la confiscation du pouvoir par Monsieur Alpha Condé.
Quelle sera la nouveauté de cette manifestation alors que nous sommes en période de crise sanitaire avec la COVID 19 ?
La nouveauté, c’est que les manifestants seront munis de masques de protections ça n’a jamais été le cas lors des manifestations précédentes, parce qu’il n’y avait pas la COVID 19. On ne peut pas inventer la roue. Vous avez observé ce qui se passe aux Etats-Unis, en France, au Mali, à Kankan, à Siguiri, à Kouroussa donc nous allons manifester tout en respectant cette mesure sanitaire pour éviter la propagation du Coronavirus.
Le RPG vous accuse d’organiser un coup d’Etat contre un président en exercice. Que répondez-vous ?
Ces affirmations sont très faciles, vous connaissez le FNDC et ses leaders. Vous savez exactement et les citoyens le savent que le FNDC est un mouvement citoyen qui prône la non-violence et le respect de la loi. Ce que nous demandons à Monsieur Alpha Condé c’est de respecter la constitution sur laquelle il a juré par deux fois de respecter et de faire respecter les dispositions contenues dans la constitution. Donc, c’est aussi simple. Le combat du FNDC c’est cela, c’est non au troisième mandat. Ce n’est pas autre chose. Nous n’avons pas d’arme de guerre, nous n’avons que les mains nues. Nous sortons manifester les mains nues. Nous demandons à tous les citoyens de sortir comme d’habitude pour manifester les mains nues pour éviter la violence et de ne pas provoquer les forces de défense et de sécurité, de ne pas non plus céder à la provocation.
Donc comprenez bien, ceux qui font le coup d’Etat sont de l’autre côté, parce qu’ils ont fait un premier coup d’Etat constitutionnel le 22 mars et heureusement que le peuple s’est mobilisé massivement pour empêcher le coup d’Etat constitutionnel. Maintenant, ils imposent le diktat pour aller à une élection présidentielle dans le seul but de permettre à Monsieur Alpha Condé de briguer un troisième mandat pour se maintenir au pouvoir à vie. Nous disons qu’actuellement, ce sont ceux qui nous gouvernent qui le font illégalement. Donc, c’est eux les putschistes. Aujourd’hui, le pouvoir ne tient qu’à deux choses : c’est la Banque Centrale parce qu’il y a des milliards à distribuer aux citoyens et l’achat des consciences un peu partout. Et même si cela ne fonctionne plus, parce que les gens ont repris conscience, ils prennent l’argent ils mangent mais ils soutiennent quand même le FNDC dans son combat puisque c’est là où il y a la vérité.
Les gens manifestent pacifiquement pour le respect de la constitution, pour l’alternance démocratique, pour la justice et pour les droits de l’homme. Le peuple dans sa majorité est aujourd’hui pour le FNDC et vous allez le comprendre le 20 juillet 2020. Vous allez voir que la population est pour le FNDC et le FNDC exprime la volonté du peuple de Guinée.
Le maire de Matoto a menacé de sévir contre tout manifestant qui sortira dans la rue dans sa circonscription. Ne craignez-vous pas des confrontations pouvant entrainer de nouvelles victimes ?
Vous avez bien fait de rappeler cette menace du maire de Matoto. Un maire ne parle pas comme ça. Un maire ne menace pas ses citoyens et ne prends pas des initiatives qui consistent à priver ses citoyens de leur liberté ou qui consiste à assassiner les citoyens. Dès qu’il a fini sa déclaration, nous l’avons entendu et nous avons documenté cette déclaration, parce qu’il est dans la prédisposition de faire recours au force de défense et de sécurité pour réprimer les manifestants. Nous disons s’il y a des cas de morts ou de blessés, le maire de Matoto sera cité parmi les responsables de ces assassinats.
Qu’est-ce qui est prévu en cas de débordement ?
Il n’y aura pas de débordement au niveau du FNDC. Les consignes et les orientations sont très claires. Chaque citoyen est libre de manifester pacifiquement les mains nues. Vous pouvez vous munir des pancartes avec des messages non-violents pour exprimer votre désaccord vis-à-vis de Monsieur Alpha Condé et de son gouvernement. Nous demandons que la manifestation soit pacifique. C’est pourquoi nous invitons les forces de défense et de sécurité à la retenue, de ne pas accepter cette fois-ci d’obéir à un ordre manifestement illégal en tirant sur la population civile qui manifeste pacifiquement pour exiger le respect de la loi.
Malgré vos nombreuses marches de contestation contre la nouvelle constitution, Alpha Condé est sur la voie du troisième mandat. Ne pensez-vous pas que votre lutte est une peine perdue ?
D’abord, nous devons nous réjouir de notre lutte parce qu’on est sur la voie de la vérité. Le FNDC a été crée le 3 avril 2019. Depuis la création du FNDC, notre discours n’a pas changé, on a dit que Monsieur Alpha Condé veut se faire doter d’une nouvelle constitution dans le seul but de briguer un troisième mandat et de s’éterniser au pouvoir. Aujourd’hui, tout le monde nous félicite et tout bon citoyen devrait se réjouir du combat du FNDC, parce qu’on n’est pas sur la voie du mensonge. Tout ce qu’on a dit est en phase d’être confirmé par Monsieur Alpha Condé. Il ne fait que confirmer ce que le FNDC sait déjà et ce que nous savions déjà depuis le 03 avril 2019, c’est pourquoi la communauté internationale et les citoyens accordent du crédit au FNDC. Je pense que nous sommes dans la seconde phase de notre combat. Si dans la première phase, il y a des citoyens qui doutaient de Monsieur Alpha Condé de briguer un troisième mandat, dans cette seconde phase personne ne doute.
Donc j’invite ces citoyens qui doutaient hier, de participer à la rédaction de l’histoire positive de notre pays et d’aider Monsieur Alpha Condé à respecter les principes et les valeurs pour lesquelles il s’est battu depuis 40 ans. C’est lui-même qui l’affirme, il a mené un combat pour l’alternance démocratique contre le troisième mandat et pour l’Etat de droit depuis 40 ans. Si aujourd’hui, il revient encore pour fouler au sol ses sacrifices là, nous pensons que tous les citoyens doivent se lever et lui rappeler son passé et l’inviter à s’inscrire du bon côté de l’histoire afin qu’il puisse accepter de renoncer à son projet de troisième mandat, d’organiser des élections libres, crédibles, transparentes et de transférer le pouvoir à son successeur. Il aura rendu service à son passé, au peuple de Guinée et à tous ceux qui se sont battus corps et âmes en Guinée, en Afrique et dans le monde pour sa libération, lorsqu’il a été arrêté par feu le Président Général Lansana Conté.
Sidya Touré qui séjourne à Abidjan a rencontré le ministre Jean Yves Le Drian. De quoi ont-ils évoqué ?
C’est du combat que nous sommes en train de mener. Comme tous les membres du FNDC dès que vous avez l’occasion de discuter avec la communauté internationale, vous ne parlez que du combat que nous sommes en train de mener. Je crois que ce message est passé et vous connaissez la position de la France qui conteste le referendum et les élections législatives. Disons en un mot, le coup d’Etat constitutionnel du 22 mars 2020. La France est un soutien de taille. Donc, cela s’est confirmé encore une fois lors de la rencontre du Ministre des Affaires étrangères français avec le président Sidya Touré qui est membre du comité de pilotage du FNDC. C’est une avancée considérable et ça n’a fait que confirmer encore la position de la France à s’opposer à la dictature de Conakry et au troisième mandat et à maintenir la contestation du coup d’Etat constitutionnel du 22 mars 2020.
Quel message lanceriez-vous à vos partisans ?
Je voudrais féliciter le peuple de Guinée et tous ces citoyens qui se sont battus aux côtés du FNDC depuis le 03 avril et qui ont cru à l’alerte lancée par le FNDC depuis ce jour disant que Monsieur Alpha Condé à une volonté de briguer un troisième mandat à travers l’adoption d’une nouvelle constitution. Tous ceux qui nous ont crus on les félicite. Je pense qu’ils doivent se sentir fiers de là où ils sont. Je les invite à davantage à la mobilisation pour que la manifestation pacifique prévue le 20 juillet soit une réussite totale à Conakry, à Coyah et à Dubréka. J’invite également ceux qui doutaient hier de la volonté de Monsieur Alpha Condé de briguer un troisième mandat, aujourd’hui ils sont rassurés. Je leur demande, il n’est pas trop tard, il ne faut pas avoir honte, venez nous allons mener le combat ensemble, pour participer à la rédaction positive de l’histoire de la Guinée. En le faisant vous rendez service à la postérité, à vos enfants, à l’histoire, à toute l’Afrique et vous rendez service également à la paix et à la quiétude sociale.
Interview réalisée par Bah Aïssatou
Pour Africaguinee.com
Tél. : (+224) 655 31 11 14
Créé le 18 juillet 2020 15:36Nous vous proposons aussi
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