Guinée : Une nouvelle crise pointe à l’horizon…

CONAKRY- C'est un nouveau bras de fer qui s'annonce en Guinée. Les enseignants contractuels et le ministère de l'enseignement pré-universitaire et de l'alphabétisation (MENA) sont à couteaux tirés autour du « concours » d'intégration à la publique. Si l’on n’y prend pas garde, l’école guinéenne risque de connaître des perturbations à quelques mois des examens nationaux. Décryptage.
Recrutés en 2019 alors que l'école guinéenne était fragilisée par la grève du SLECG d'Aboubacar Soumah, les enseignants contractuels exigent leur intégration à la fonction publique sans concours. Chose que réfute le MENA qui tient mordicus à l'organisation d'un test qui se fera sur la base du besoin exprimé mais aussi de la capacité des ministères de la fonction publique et du Budget.
Très tôt dans la matinée de ce mardi, 1er mars 2022, les enseignants contractuels qui ne veulent pas du concours ont manifesté au Ministère de l'Enseignement Pré-universitaire et de l'Alphabétisation (MENA). Ayant pris vent de cette grogne, le département de tutelle a aussitôt dépêché son conseiller juridique pour discuter avec les enseignants contractuels, a-t-on constaté.
Le tête-à-tête qui s'est tenu au lycée 02 octobre de Kaloum, n’a pas permis de rapprocher les positions. Mohamed Sanoussy Kaba a insisté sur l'organisation du concours. Une condition, selon lui, qui est non négociable pour le recrutement de tout enseignant à la fonction publique.
«Le ministre vient d'une tournée et le constat est très amer. Il y a un manque criard d'enseignants et cela ne date pas d'aujourd'hui. C'est une préoccupation pour le ministère de trouver des enseignants. Le ministère de l'enseignement pré-universitaire est un ministère utilisateur des ressources qu'on lui donne. Ce n'est pas le ministère lui-même qui recrute les enseignants. Quand il a besoin des enseignants, il exprime son besoin au ministère de la fonction publique qui à son tour va échanger avec le ministère du Budget qui paie tous les agents publics. Le ministère du budget à travers ses capacités peut dire je peux supporter tel nombre. C'est la rencontre de tous ces trois facteurs qui peut aboutir à un recrutement.
Nous avons des besoins très urgents au niveau du ministère de l'enseignement pré-universitaire mais en même temps nous sommes obligés d'observer cette démarche-là. Nous avons beaucoup de contraintes législatives. La loi dit que quand nous avons beaucoup de candidats par rapport au nombre de postes, il faut forcément passer par le concours. Nous ne voulons pas contredire la loi et le ministère de la fonction publique aussi ne va pas contredire la loi », a tranché le conseiller juridique du MENA.
Les enseignants contractuels campent sur leur position. Pour eux, il est hors de question de passer le concours. Leur argument ? L'organisation des tests de recrutement à la fonction publique n'a jamais été crédible et transparente en Guinée.
« Vous le savez très bien, les résultats des concours en Guinée sont orchestrés et connus d'avance. Ceux qui paieront de l'argent, ceux qui ont des protégés, ce sont eux qui seront sur la liste des admis. Ainsi, nous qui n'avons pas les moyens mais qui avons la compétence, l'engagement, la détermination et la formation académique, serons mis de côté. Pendant plus de 05 ans nous sommes en situation et nous n'avons jamais été rejetés par les élèves. S'ils veulent nous mettre de côté, on ne va pas l’accepter », a averti le coordinateur national des enseignants contractuels de Guinée, Alsény Mabinty Sylla.
L'école guinéenne va-t-elle enregistrer des perturbations liées à la colère des enseignants contractuels qui veulent intégrer la fonction publique sans passer par le concours ? Les prémisses sont là. Aux autorités de trouver une solution.
Siba Engagé
Pour Africaguinee.com
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Créé le 1 mars 2022 14:50Nous vous proposons aussi
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