Guinée: Riposte timide au projet de 3ème mandat
Malgré l’évidence qui crève les yeux, le professeur continue à entretenir un certain suspens qui n’en est plus un. Faisant semblant qu’on veut l’obliger à jouer aux prolongations. Au plan interne, il donne l’impression que ce sont ses proches qui prônent une nouvelle présidence à vie. Aux partenaires de la Guinée il insinue que c’est le bas peuple qui réclame à cor et à cri son maintien au pouvoir.
C’est ainsi qu’il faut interpréter ce qui s’est passé à Coyah et à Fria. Pendant plusieurs jours, on annonce avec tambours et trompettes une visite présidentielle. Tout le monde se mobilise pour donner à l’évènement toute sa dimension. A la dernière minute ce sont des ministres et autres commis de l’Etat qui se présentent à la place du président. Ces thuriféraires font une véritable démonstration de force en faveur d’une nouvelle constitution. C’est une manière de dire que le président ne veut pas mais on l’oblige.
En réalité, le nouvel animal politique de la sous-région veut savoir si son projet passe ou s’il casse. Les incidents de Coyah, de Tanéné et de Boffa annoncent les couleurs. Ces incidents constituent un revers pour ceux qui lui ont promis un véritable plébiscite de ce projet. Le président se rend compte que l’adhésion populaire escomptée relève d’une gageure. Et ce bien malgré les moyens mis en œuvre pour l’achat acheter la conscience de ceux qui sont dans le besoin.
Mais en dépit de ce camouflé dans toutes les localités où les promoteurs de ce projet sont passés, la réaction de l’opposition et de la société civile n’est pas à la dimension des enjeux. Voire le danger. Nous assistons à une réaction timide et isolée. Pour faire capoter un tel projet, la riposte doit être à la hauteur des enjeux. Ce qui n’est pas le cas pour le moment. Jusqu’ici ce sont des jeunes volontaires voire suicidaires qui font la résistance.
Et pourtant, le contexte actuel ressemble terriblement à celui que le pays traversait il y a dix ans. L’atmosphère politique en ce mois d’avril 2019 rappelle celle d’août et septembre 2009. La seule différence est que le capitaine subissait hier plus de pressions que le professeur en subit aujourd’hui. Parce que, justement ce dernier faisait partie de ceux qui combattaient le bouillant officier.
Alpha veut faire aujourd’hui ce qu’il a refusé à Dadis hier. A l’unanimité la classe politique, appuyée par les autres acteurs sociaux, avait exigé à Moussa Dadis Camara de renoncer à sa candidature. D’où l’origine des évènements du 28 septembre. Lors desquels événements celui à qui profitera cette descente aux enfers s’était, comme à son habitude, mis à l’abri. Les 3 anciens Premiers ministres recevront une correction inoubliable.
Or, la communauté nationale et internationale exigeait à Dadis le respect d’un engagement verbal : celui de ne pas se présenter à l’élection présidentielle. Aujourd’hui c’est la constitution qui est en jeu. Cette loi a été rédigée par des représentants de toute la société guinéenne. Elle a permis à la Guinée de sortir d’une crise sans précédent. Que dix ans plus tard, un des acteurs majeurs de ce processus veille remettre en cause cette loi, la riposte doit être à la dimension des enjeux.
Ce qui est loin d’être le cas. Et ce malgré la mise en place du front national pour la défense de la constitution. Malgré le lancement de brassards rouges ou d’autres initiatives, la riposte est timide. Les atermoiements auxquels nous assistons constituent un danger mortel pour la démocratie et l’Etat de droit pour lesquels les Guinéens ont consenti l’ultime sacrifice.
Habib Yembering Diallo
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Créé le 16 avril 2019 15:21Nous vous proposons aussi
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