Guinée :Qu’est-ce qui explique la recrudescence des évasions dans les prisons?
CONAKRY-Dans l’intervalle de deux mois environ, quatre cas d’évasions de détenus ont été enregistrées dans les différentes prisons guinéennes notamment dans les centres pénitentiaires de haute sécurité de Conakry et de Kindia. Face à cette situation, des interrogations subsistent. Défaillance de la surveillance ou complicité entre prisonniers et agents ?
La dernière évasion en date est celle survenue dans la nuit du vendredi à samedi 28 août, à la prison civile de Kindia, l’un des centres de détention les plus sécurisés de Guinée. En tout, ce sont 10 détenus qui se sont évadés dont 2 qui ont été repris, 1 qui, dans sa fuite, a reçu une balle mortelle. Les 7 autres sont en cavale. “Ils ont utilisé une lame de scie pour couper les antivols de la cellule n°5”, a indiqué le procureur de Kindia, Amadou Diallo avant d’ajouter que “les dispositions sont prises au niveau de l'armée, de la police et de la gendarmerie afin de traquer les 7 qui sont en fuite”.
A la prison de Kankan, les 6 et 13 août dernier, au total 6 prisonniers se sont évadés. Quatre d’entre eux étaient en train de purger leurs peines et les deux autres étaient en attente de leur procès. Quelques jours plutôt, ils étaient 9 prisonniers à s’être évadés de la prison civile de Lola dans la région de Nzérékoré.
L’évasion la plus spectaculaire est celle enregistrée dans la nuit du samedi à dimanche 18 juillet à la Maison centrale de Conakry. Là, Sidy Mohamed Diallo, considéré comme le cerveau des kidnappings en Guinée et détenu dans une cellule “très sécurisée”, s’est évadé en compagnie d’un garde pénitentiaire. Les circonstances de cette évasion ne sont toujours pas élucidées.
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Interpellé sur cette recrudescence des évasions dans les prisons guinéennes, le directeur de l’administration pénitentiaire a fait savoir que cela pourrait s’expliquer par “ la défaillance dans le contrôle et la surveillance”, a indiqué Victor Macka, sans ajouter d’autres commentaires.
Les évasions sont devenues monnaies courantes dans les prisions guinéennes. L’on se rappelle de cette tentative d’évasion à la maison centrale de Coronthie en pleine journée, le lundi 9 novembre 2015. Ou encore celle du 23 août 2013, des détenus avaient profité d’une pluie torrentielle pour prendre la fuite à la prison civile de Mamou. Cette recrudescence des évasions suscite l’inquiétude du président de la Coalition guinéenne pour la Cour pénale internationale (CGCPI).
“Quand ces délinquants s’évadent, ils reviennent parmi nous sans avoir purgé leurs peines. Cela crée l’insécurité dans la ville. Si des criminels de grand chemin se retrouvent dans la nature, cela crée une situation d’insécurité et pour les victimes qui les ont dénoncés, mais aussi pour tout le monde”, explique Me Hamidou Barry.
Pour mettre fin à ce phénomène, l’avocat propose à l'État de Construire des prisons modernes ou de rénover celles qui existent qui, pour la plupart, ont été construites depuis la période coloniale. “Il faut construire des prisons modernes ou rénover celles qui existent parce que la majorité a été construite au temps colonial. Le monde carcéral dépasse les limites qui étaient prévues. Il faut aussi une certaine diligence des procédures pénales pour que les personnes soient jugées et situées sur leur sort et éviter l’engorgement des prisons. (…) Il faut aussi renforcer la sécurité au niveau des prisons avec des agents très sérieux”, conseille cet avocat.
La recrudescence de ces cas d’évasion inquiète même au niveau des forces de police. "Ça nous gêne à plus d'un titre dans la mesure où cela met notre vie en danger. Parce que c'est nous qui les harcelons, les recherchons, les mettons en état d'arrestation. Nous ouvrons des enquêtes pour trouver des indices pour les retrouver », avait regretté il y a quelques semaines, le porte-parole de la police.
Abdoul Malick Diallo
Pour Africaguinee.com
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Créé le 1 septembre 2021 13:09
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