Guinée : Ouverture à Conakry d’un séminaire de haut niveau sur les « enquêtes après accidents de mer »
CONAKRY-Le Ministère des Infrastructures et des Transports à travers la Direction Nationale de la Marine Marchande, en collaboration avec l’Organisation Maritime Internationale (OMI), a lancé ce lundi 10 octobre 2022 un séminaire national de haut niveau portant sur « les enquêtes après accidents de mer ».
La cérémonie de lancement a été présidée par le ministre des Infrastructures et des Transports, Yaya Sow en compagnie de la représentante de l'OMI, Mme Leedwine David PICHON. Ce séminaire qui se tiendra dans un réceptif hôtelier de la place pendant dix jours, a pour objectif d’outiller les 24 participants, de connaissances leur permettant de s’approprier de tout le processus relatif à la conduite des enquêtes après accidents de mer. Il sera animé par des experts de haut niveau de l’OMI et s’inscrit par ailleurs dans le cadre de la matérialisation de certaines dispositions du Code maritime.
Selon la Direction Nationale de la Marine Marchande, l'administration nationale ne dispose pas d’expertise pour conduire ce type d’activités, alors que les risques d’accidents deviennent de plus en plus récurrents en raison du développement du trafic dans nos eaux territoriales.
Les cas récents d’accidents enregistrés ont mis en relief de graves manquements dans la conduite du processus d’enquêtes. L’on a notamment pointé la méconnaissance des règles et procédures, l’insuffisance des moyens techniques et financiers, la faible synergie entre les différentes structures de l’administration concernées par les évènements en mer.
"L'organisation de ce séminaire dans notre pays revêt une double signification. Il s'agit de favoriser une meilleure appropriation par les acteurs concernés, des concepts et de la méthodologie relatifs à la conduite des enquêtes après accidents de mer, de manière à permettre à notre administration de disposer de l'expertise nécessaire pour mener ces enquêtes avec célérité et professionnalisme dans le respect des dispositions des conventions maritimes internationales et celles du Code Maritime de notre pays", a déclaré le directeur national de la Marine Marchande, Mamoudou Diallo.
Selon le code de l'OMI adopté en 1997, l'accident s'entend, "comme tout évènement survenu en mer ayant entrainé la mort ou de graves blessures à un individu, une perte avérée ou présumée ou un abandon du navire, des dommages matériels causés au navire, son échouage, des matériels causés à une infrastructure maritime pouvant mettre en danger une personne et des dommages causés ou potentiels inhérents à une pollution".
Sur la base du principe de la transposition des conventions internationales au plan national, le Code maritime adopté en 2019 et dont une large vulgarisation est envisagée avant la fin de l'année, consacre une part importante de ces dispositions aux événements de mer, particulièrement en ses articles 604 à 610, a ajouté le directeur national de la Marine Marchande.
Ainsi, il ressort que sur le plan réglementaire, les textes en vigueur définissent de manière claire la notion d'accident de mer, préconisent la démarche à suivre pour déterminer les causes de l'accident et formulent des recommandations en vue de les éviter ou de les réduire à l'avenir.
"La difficulté réside dans le fait que nous ne sommes pas suffisamment outillés pour aborder toutes les étapes lorsque l'enquête est lancée. Celles qui ont été récemment menées à la suite de certains accidents enregistrés dans nos eaux illustrent à suffisance les difficultés que nous éprouvons dans cette problématique : méconnaissance des règles et procédures, manque de coordination des différentes parties prenantes, faiblesse des moyens techniques, etc", a énuméré M. Mamoudou Diallo, tout en soulignant que le présent séminaire vise ainsi à corriger ces lacunes.
Face à la problématique, la représentante de l'Organisation Maritime Internationale (OMI) indique que la coopération entre les États est un enjeu essentiel et qui très encouragé. Car selon elle, au cours des collectes et d’analyses des données sur les accidents de mer, l’on a pu constater un contraste d'expertise nationale pour mener une enquête et faire un rapport à l'Organisation Maritime Internationale (OMI).
"Chaque pays, à quelque titre que ce soit devrait avoir à sa disposition, la compétence nécessaire pour mener à bien une enquête ou de contribuer de manière continue. Car en fonction de la taille, de la flotte nationale, du volume d'activités aux larges de la côte ou de la population ressortissants travaillant comme agents de mer, chaque pays peut être confronté à des besoins différents allant de l'organisme d'enquête qui est lié, à la part entière, à des nécessités plus ponctuelles.
J'espère qu'à la fin de ces dix jours d'échanges, nous auront réalisé collectivement et en partenariat, le transfert réussi des connaissances techniques en matière d'enquête, sur les accidents de mer afin de répondre aux exigences internationales en la matière ", a déclaré Mme Leedwine David PICHON.
Au nom du Gouvernement et des autorités de la transition, le ministre des Infrastructures et des Transports a exprimé toute sa gratitude à l'endroit de l'Organisation Maritime Internationale (OMI), qui selon lui, a toujours été un partenaire important de la Guinée dans le domaine maritime. Ce présent séminaire s'inscrit dans cette continuité et traduit cette excellente qualité partenariat, explique le ministre Yaya Sow. Pour lui, le thème du présent séminaire revêt une importance toute particulière au regard l'évolution du contexte économique de la Guinée.
"En effet, avec le développement du trafic maritime que nous observons ces derniers temps, les risques d'incidents et d'accidents de mer deviennent de plus en plus élevés. Nous avons encore en mémoire les récents cas de naufrages survenus dans nos eaux et ayant entrainé des pertes en vies humaines et de nombreux dégâts matériels et environnementaux", a rappelé le ministre des Infrastructures et des Transports.
A la suite de ces évènements tragiques, il souligne que son ministère en collaboration avec les autres Départements et services techniques concernés, ont pris des dispositions nécessaires, chacun dans son domaine, pour diligenter les enquêtes, situer les responsabilités et prendre des mesures qui s'imposent. Toutefois, nuance-t-il, force est de constater que dans la plupart des cas, les résultats n'ont pas été à la hauteur des attentes.
Une situation qui s’explique, selon le ministre, par le manque de coordination entre les différentes parties prenantes pour conférer à ces enquêtes toute l'efficacité requise, dans le respect des missions et prérogatives dévolues aux uns des autres, le manque d'expertise requise pour conduire dans les règles de l'art, ce type d'enquêtes, qui nécessite une solide l'expérience et une parfaite maitrise des conventions maritimes internationales et instruments juridiques y afférents.
"C'est en cela que ce séminaire a tout son sens. Il permet de combler ce déficit et d'outiller les représentants de notre Administration de connaissances nécessaires à la conduite des enquêtes après accidents de mer. C'est pourquoi, j'invite les participants à faire preuve de discipline et d'assiduité pour bien maitriser les concepts qui leur seront délivrés par les consultants", a lancé Yaya Sow.
Siddy Koundara Diallo
Pour Africaguinee.com
Tel: (00224) 664 72 76 28
Créé le 10 octobre 2022 19:47Nous vous proposons aussi
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