Guinée : les coordinations régionales émettent de sérieuses réserves sur une annonce phare de la junte
CONAKRY-Alors que lors de son adresse à la nation à l'occasion du nouvel an, Mamadi Doumbouya a annoncé la tenue sur toute l’étendue du territoire national et dans les ambassades à l’étranger des assises nationales dénommées « journées de vérité et pardon », les coordinations régionales émettent de sérieuses réserves.
Ces journées qui permettront selon le chef de la junte de cerner l’ampleur et le contour du vaste chantier de construction de « notre union sacrée » sont annoncées dans le 1er trimestre de l’année en cours. Le porte-parole des sages des quatre coordinations régionales apprécie la démarche, mais selon lui, le timing fixé ne permet pas d'organiser un tel événement au risque de rallonger de plus la transition.
"Il faut voir le timing que nous avons. Notre pays a beaucoup des problèmes, donc ça va être très compliqué de vouloir s'atteler à tous ces problèmes maintenant là. Il serait mieux que les responsables du CNRD se focalisent sur l'essentiel. Vouloir faire ces assises cela nous prendra suffisamment du temps parce qu'on ne peut pas faire ça dans la précipitation. Pour le moment, l'urgence c'est la mise en place du CNT et plusieurs d'autres cas liés à bonne marche de la transition. Il serait mieux de mettre les bases en ce qui concerne le procès du massacre du 28 septembre en 2009, du dossier du Camp Boiro et autres.
Il serait mieux que le futur Président démocratiquement élu s'occupe de ça parce qu'on ne peut pas faire un jugement dans la précipitation. Pour moi ce n'est pas opportun d'organiser des assises parce qu'il y aura un CNT qui sera mis en place et ce CNT pourra réfléchir autour de tous les maux dont souffrent le pays et voir puisqu'il y aura aussi une nouvelle constitution qu'il faut récrire, voir comment prendre en comprendre en compte les différentes préoccupations des guinéens. Si on se met dans ces assises, finalement le CNT n'aura plus assez de choses à faire", a expliqué Niouma Sory Léno.
Il invite le Colonel Mamadi Doumbouya à aller à l'essentiel. « "Du côté des sages, nous pensons qu’il serait mieux de passer à l'essentiel c'est-à-dire mettre le CNT en place puisque toutes les entités qui composent notre société seront représentées au sein du CNT, il faut laisser ces représentants réfléchir par rapport à la vie de la nation et prendre en compte toutes ses préoccupations qui seront inscrites dans la nouvelle constitution. Comme ça, quand il y aura un Président démocratiquement élu, ce dernier pour aller pas à pas par rapport à tout ce qu'il faudra faire dans l'avenir", préconise M. Leno.
Le vice-président de la Coordination de Foulbhè et de Haali Poular interrogé sur le même sujet a émis de sérieuse réserves par rapport à cette annonce du colonel Doumbouya. Pour Elhadj Saidou Diallo, il y a d'autres priorités à faire pendant cette transition.
"Ces assises pourraient se faire mais peut-être pas dans le temps actuel. Il faudrait d'abord que le CNT soit installé, qu'il y ait un chronogramme clair et précis de l'ensemble de la transition. A titre personnel, j'estime qu'il y a beaucoup de choses à faire, il y a un peu de chevauchement et d'anticipation. On peut mettre en place ces assises mais il faudrait d'abord consulter toutes les forces vives de la nation, qu'on mette en place des termes de référence claires, l'objectif des assises et la durée de ces assises. Ce qui est fondamental aujourd'hui c'est la durée de transition, le chronogramme des activités et l'installation du CNT dont la durée doit être définie. A date on est un peu perdue dans les actions. On a besoin d'aller dans un chronogramme bien articulé, dans un ordre chronologique des actions ", a expliqué le porte-parole de la coordination du Foutah. Il émet le souhait de retourner la junte.
"On a besoin de rencontrer les autorités pour leur donner des messages nécessaires. Le Colonel Doumbouya nous a enlevé une épine. C’est vrai. Jusqu'à preuve de contraire nous pensons que le Colonel reste de bonne foi, et qu'il acceptera les conseils des sages et de toutes les bonnes volontés pour pouvoir mettre en place la transition telle qu'elle est envisagée dans un délai raisonnable", a souhaite Elhadj Saidou Diallo.
Affaire à suivre !
Oumar Bady Diallo
Pour Africaguinee.com
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Créé le 5 janvier 2022 08:42
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