Guinée : Le retard dans la mise en place du Gouvernement paralyse l’administration…

L’absence de Gouvernement paralyse l’administration guinéenne ! Plus d’un mois après la chute d’Alpha Condé, l’appareil administratif guinéen tourne au ralentie. Conséquence du retard de la mise en place des organes de transition prévus par la charte éponyme publiée le 27 septembre dernier. Si le Premier ministre a été nommé et installé dans ses fonctions, l’ossature du Gouvernement connue (25 portefeuilles ministériels et deux Secrétariats Généraux), il n’en demeure pas moins que la composition de l’équipe gouvernementale tarde à venir.
Pourtant Mohamed Béavogui, le jour de son installation il y a dix jours, déclarait qu’il n’y avait pas de temps à perdre et qu’il faillait vite se mettre au travail pour « rattraper le retard ». Alors que depuis près de deux semaines les guinéens peinent encore à coller des noms aux différents Départements ministériels, Mohamed Béavogui s’est lancé dans une offensive diplomatique, histoire de convaincre la communauté internationale où il a suffisamment des entrées.
C’est un fait inédit en Guinée ! Plus d’un mois sans Gouvernement. Le Colonel Mamadi Doumbouya n’a pas encore fini de faire le choix de ses Hommes. L’équipe de Mohamed Béavogui peine à se mettre en place. Et cela constitue un facteur majeur de blocage de l’administration publique. Depuis plusieurs mois, aucun service de l’administration publique ne fonctionne normalement. Bien avant le coup d’État du 5 septembre 2021, l’administration publique était en mode « service minimum ». Tout le monde s’attendait à un remaniement ministériel. Et c’est finalement tout le Gouvernement qui est parti en même temps.
Il est vrai que la tâche s’annonce ardue pour le Colonel Mamadi Doumbouya. Le prochain Gouvernement devra rassurer d’abord les membres du CNRD (Comité national du rassemblement pour le développement), ce groupe de militaires qui a pris le pouvoir le 5 septembre 2021. La transition de 2021 se fera comme celle de 2009. Avec les militaires. Ils vont occuper certains postes clés de l’administration publique. Il s’agit notamment du Ministère de la Défense, de celui de la Sécurité ou encore de l’administration du territoire.
L’autre défi pour le Président de la transition guinéenne sera d’accorder ses violons avec son Premier Ministre Mohamed Béavogui. Ce dernier voudra certainement composer une équipe de technocrates. Mais il devra d’abord se débarrasser de certaines vieilles habitudes bien connues en Guinée. Le trafic d’influence notamment.
Au sein de l’administration publique, chaque cadre a d’autres chats à fouetter. Certains se voient déjà dans le prochain Gouvernement ; D’autres par contre cherchent à préserver les acquis. Le troisième groupe est constitué de ceux qui ont quasiment perdu tout espoir. Le maintien à leur poste serait un miracle. Et de tous cadres, aucun ne semble aujourd’hui préoccupé par l’intérêt national.
L’impatience grandit, mais peu d’informations circulent à propos. Toutefois une proche de la junte avertit que : « ce n’est pas du tic au tac que cela va se faire, il faut un peu du temps ». Une autre source confie quant à elle que l’équipe pourrait être connue dans la dernière semaine du mois d’octobre alors que pendant ce temps, l’appareil administratif tourne au ralentie. « Les gens viennent, mais ils ne travaillent pas. Il n’y rien à faire, tout est à l’arrêt, les partenaires ne financent aucun projet. On attend la formation du Gouvernement », explique un haut fonctionnaire de l’Etat.
La communauté internationale observe également sur fond d’impatience. L’ambassadeur de l’Union Européenne en Guinée, n’est passé par le dos de la cuillère pour l’exprimer au colonel Doumbouya, qui demande à être accompagné. « Oui » à l’accompagnement, mais il faut au préalable une feuille de route claire, passant par la mise en place des organes de transition.
« Nous attendons la mise en place de tous les organes (de transition) y compris le prochain gouvernement. Parce que c’est à partir de là que nous connaitrons la feuille de route et le plan d’action dans lesquels nous pourrons trouver des pistes où nous pourrons effectivement contribuer. Nous espérons que ceci sera rapidement fait », a indiqué Josep Coll, chef de la délégation de l’UE en Guinée.
Pendant ce temps, les populations continuent de tirer le diable par la queue. Et ceux qui acclament aujourd’hui le Colonel Doumbouya seront les mêmes qui lui demanderont des comptes dans les jours, mois et années à venir.
Africaguinee.com
Créé le 19 octobre 2021 12:43
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