Guinée : le ministre Abdoulaye Magassouba dit tout sur le projet Simandou… (Exclusif)
BEIJING- L’espoir est désormais permis ! Le projet Simandou va entamer une autre phase dans les prochains jours. Après l’obtention d’un accord entre Chinalco et Rio Tinto, le Ministre guinéen chargé des Mines s’est confié à notre rédaction. Abdoulaye Magassouba revient ici sur les contours de cet accord signé le 28 octobre dernier dans la capitale chinoise. Exclusif !!!
AFRICAGUINEE.COM : Monsieur le ministre Bonjour !
ABDOULAYE MAGASSOUBA : Oui Bonjour !
Comment se sont déroulées les négociations entre Rio Tinto et Chinalco dans le cadre de la mise en œuvre du projet Simandou ?
Comme vous pouvez l’imaginer, les négociations ont été longues et difficiles compte tenu de l’importance de ce projet pour toutes les parties prenantes. Mais bien sûr, le Gouvernement a fait prévaloir le fait que nous souhaitions que le projet avance le plus rapidement possible. On a discuté avec les différents partenaires, nous avons pu trouver une solution. Et cette solution, c’est pour que le Projet puisse être transféré sous la responsabilité de Chinalco qui a jusqu’à présent démontré plus de volonté pour pouvoir le faire avancer rapidement.
Que prévoit concrètement cet accord ?
L’accord qui a été trouvé sur le principe de transfert des parts de Rio Tinto à Chinalco, porte sur les éléments suivants : D’abord, c’est le transfert de la totalité des parts tenues par Rio Tinto à Chinalco. Ensuite, il y a la contrepartie. Les accords du cadre d’investissement du projet prévoyaient que si une telle situation se présentait, que les coûts historiques de l’investisseur soient remboursés. Et compte tenu du contexte, nous avons demandé à Rio Tinto, à ce que ses prétentions soient revues à la baisse. Dans les discussions, nous avons pu entre-autres avoir la réduction des coûts historiques à un taux de 25%. L’autre chose qui a été obtenu, c’est que le remboursement ne puisse se faire que lorsque le projet entre dans sa phase de production. Ce qui veut dire qu’il n’y a pas de cash à rembourser dans l’immédiat. C’est un arrangement très favorable pour les partenaires qui restent dans le projet par rapport aux accords initiaux qui avaient été signés entre les différentes parties. Ce mécanisme est habituel dans le cadre de ce type de projet minier.
Le pari du démarrage du projet est-il gagné ?
Pour le moment, c’est le cadre d’investissement qui est en cours. Mais, il est évident qu’il y aura certainement des aménagements pour intégrer le fait que Rio Tinto sort du Projet. Nous avons immédiatement établi un cadre de collaboration avec Chinalco. Nous avons signé les termes aujourd’hui, pour que nous puissions travailler étroitement ensemble et que dans un premier temps, qu’il y ait une feuille de route établie avec tous les aménagements qui pourraient y avoir. Nous avons de longs mois devant nous avant la relance effective du Projet.
L’élément fondamental à retenir, c’est que tout le monde pensait que le projet était enterré, qu’il n’avait plus d’avenir, et ce qui vient de se passer autorise très sérieusement l’espoir pour la relance de ce projet. Simandou est un projet gigantesque, complexe. Les choses ne se passent pas souvent comme cela pouvait se faire dans un projet mineur d’un million de dollars, comparé à quinze ou vingt milliards de dollars, selon le coût arrêté avec une certaine optimisation par la partie chinoise avec le support de la Guinée. Il y a beaucoup d’aspects qui font que le projet n’est pas traité comme un projet ordinaire.
Le Président de la République, le Premier Ministre et moi-même, avons assuré que le Gouvernement était engagé à faire que le projet avance. Nous nous attèlerons à relever tous les défis, un parun, jusqu’à ce que nous atteignions la première production commerciale.
Les entreprises chinoises sont souvent citées pour leur manque de respect des normes liées à l'environnement. Quelle garantie pouvez-vous donner dans ce sens ?
La première des choses qu’il faut éviter, c’est de tomber dans les généralités et mettre tout le monde dans le même panier. La deuxième chose, je pense que le niveau de développement que la Chine a atteint est une preuve de leur capacité à construire les infrastructures selon certains standards. Tout dépend des accords que nous signons avec les partenaires, tout dépend du sérieux que nous mettons dans le suivi des différents accords. Et je n’ai aucun doute que le Gouvernement jouera son rôle, je n’ai aucun doute que les partenaires également ont la capacité de pouvoir réaliser des projets d’envergure. Notre règlementation en vigueur est très claire sur les questions environnementales et sociales. Nous sommes confiants que le projet se réalisera selon ces normes.
Est-ce que ce projet favorisera la main d’œuvre locale malgré qu’il revient désormais entre les mains des chinois ?
Comme je vous l’ai dit, nous allons engager des discussions pour voir les ajustements ne serait-ce que la marge qu’il y aurait au niveau du cadre d’investissement. Mais comme vous le savez, nous réalisons les projets en Guinée pour que l’emploi soit créé. Sur ce point, le Gouvernement se battra et mettra tous les efforts en jeu pour que l’intérêt de la Guinée soit préservé. Dans ce cadre-là, l’une des choses importantes, bien sûr, ce sont les questions d’emplois. Mais nous ne disposons pas forcément de toutes les compétences pour pouvoir réaliser un projet d’une certaine envergure. Il ne faut pas non plus oublier une chose importante, c’est que ce projet est à long terme. Il y a la période de construction, il y la période d’opération qui s’étend au moins sur un demi-siècle.
Donc, quelque soit la situation dans laquelle nous pourrions nous retrouver, pendant la période de construction, en terme de limitation de la capacité nationale, qui pousserait à avoir recours à l’expertise externe, nous devons dès maintenant prendre toutes les dispositions pour pouvoir non seulement minimiser les limites de capacité que nous avons, mais aussi travailler pour que dès la période d’opération, nous puissions aller crescendo pour pouvoir donner le maximum d’emplois aux guinéens. Il faut qu’on crée les conditions pour que les guinéens aient les compétences nécessaires pour pouvoir saisir toutes ces opportunités d’emplois. C’est ce que nous essayons de faire avec les écoles régionales des arts et métiers et avec toutes les initiatives qui se créent pour pouvoir promouvoir l’emploi guinéen. Nous nous attèlerons à ce que ce projet soit un exemple dans ce sens aussi.
Interview réalisée par SOUARE Mamadou Hassimiou
Pour Africaguinee.com
Tél. : (+224) 655 31 11 11
Créé le 31 octobre 2016 18:06
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