Guinée : la victoire de « l’autoritarisme » sur l’Etat de Droit (FIDH)
PARIS-Après la réélection controversée d’Alpha Condé pour un 3ème mandat en Guinée, certaines organisations internationales de défense des droits humains évoquent "un recul démocratique" qui les inquiète.
La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) a dénoncé «la victoire de l’autoritarisme sur l’État de droit» en Côte d’Ivoire, en Guinée et en Tanzanie. L’année 2020 a été marquée par l’organisation des élections présidentielles, parfois troublées, dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne et qui a posé de réels défis pour la démocratie et l’État de droit, constatent la FIDH et ses structures membres, dans une déclaration dont copie est parvenue à notre rédaction.
Ces organisations de défense des droits humains soutiennent que les élections générales de 2020 dans ces différents pays ont été émaillées d’incidents, y compris de violations des droits humains avant, pendant et après la tenue des élections nuisant «à la crédibilité des résultats et au processus électoral dans son ensemble». Face à cette situation, la FIDH a condamné les violences et s’est insurgée « face au recul de la démocratie sur l’ensemble du continent».
Pour le cas guinéen, au pouvoir depuis 2010, Alpha Condé a été réélu à un 3ème mandat à l’issue du scrutin du 18 octobre 2020 dans des conditions contestées et un contexte entaché par des violences, selon la FIDH.
«Ce troisième mandat a été rendu possible par une modification de la Constitution votée en mars 2020. Le 6 avril 2020, le Barreau de Guinée a constaté des divergences entre la Constitution promulguée et celle approuvée lors du scrutin en mars, et a dénoncé l’atteinte à l’État de droit en Guinée. La nouvelle Constitution permet en effet au président Condé de rester au pouvoir au moins douze années de plus », a fait remarquer la Fidh qui dénonce la répression violente des manifestations par les forces de l’ordre.
«Nous avons également constaté une escalade dans l’acharnement à l’encontre des défenseur.e.s et des opposant.e.s politiques dans toutes les régions, comme en témoignent les cas d’Oumar Sylla, libéré et puis de nouveau arrêté le 29 septembre et de Saikou Yaya Diallo. Malgré deux décisions judiciaires ordonnant sa libération, M. Diallo a été maintenu en détention puis condamné à un an de prison le 16 novembre alors que selon ses avocats aucune preuve de sa culpabilité n’a été présentée », a condamné l'organisation. Pour la FIDH, c'est tout simplement «la victoire de l’autoritarisme sur l’État de droit».
Abdoul Malick Diallo
Pour Africaguinee.com
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Créé le 4 décembre 2020 12:17