Guinée : l’opposant Baadiko prône l’instauration d’un « Etat fédéral »…

L'opposant guinéen Mamadou Bah Badiko, leader du parti Union des Forces Démocratiques (UFD)

CONAKRY- L'opposant guinéen Mamadou Bah Badiko vient de soulever un sujet sensible ! Pour favoriser le "vivre ensemble" entre les guinéens, le leader du  parti Union des Forces Démocratiques (UFD) prône un Etat Fédéral en Guinée. Pour lui, le système de République unitaire que nous avons depuis 1958 ne convient absolument pas à la situation actuelle de la Guinée. Dans cette dernière partie de l'interview qu'il nous a accordée, il évoque aussi le massacre du 28 septembre 2009 et fait des révélations. Le parlementaire aborde également les sanctions de l'Union Européenne qui, selon lui, "est un coup de semonce pour le gouvernement".


AFRICAGUINEE.COM : Ces dernières années, plusieurs plantations ont été dévastées dans les préfectures de Dubréka, Coyah, Forécariah. Il n’y a deux semaines qu’un hectare de bananeraie et d’ananas a été décimé à Friguiagbé dans Kindia. Quelle est votre réaction ? 

MAMADOU BAH BADIKO : Vous avez oublié les massacres des bétails qu’il y a eu un peu partout en Basse Guinée, Haute Guinée ou en Guinée du Sud-Est. Il n’y a jamais eu de sanctions comme si on encourageait les auteurs. Nous disons qu’il faut de façon institutionnelle, promouvoir le vivre ensemble. Le système de République unitaire que nous avons depuis 1958 ne convient absolument pas à la situation actuelle de la Guinée. Quand on en vient à détruire la plantation ou le cheptel d’un citoyen, ça doit nous inspirer des choses. La solution que nous préconisons c’est la fédération qui permettent aux gens de promouvoir le développement dans leur terroir et qu’on se donne tous la main pour que la Guinée avance.

Cette situation est alimentée par des cercles du pouvoir. Tout le monde le sait, c’est officiel et à visage découvert. Cette destruction des labeurs est extrêmement grave. On se plaint des destructions pendant les manifestations. Mais il y a des faits plus graves que de détruire des richesses acquises par le citoyen à la sueur de son front. Est-ce que c’est normal ? Le problème du vivre-ensemble en Guinée est posé qu’on le veuille ou non. La solution la plus sérieuse, la plus concevable, c’est la fédération.

Pour que  la Guinée cesse d’être une République unitaire ?

Absolument. Qu’on soit une République fédérale et qu’en fin, on s’occupe du développement local des toutes les régions.

Récemment des eurodéputés ont déposé à l’Union européenne une liste de personnalités guinéennes supposées être impliquées dans les violations des droits humains en Guinée. Qu’en pensez-vous ?

Il faut dire qu’apparemment, c’est une liste qui est indicative. Ce sont des suggestions de certains Eurodéputés préoccupés par la situation politique et sociale de la Guinée, mais je dis que pour l’instant c’est un coup de semonce. Les gens chez nous doivent savoir que la Guinée n’est pas le Burundi du rebelle Pierre Nkurunziza. Le Burundi a supporté pendant longtemps toutes les sanctions possibles et imaginables, car c’est un petit pays enclavé et qui n’a besoin de rien, ils ont leurs haricots, leurs bananes, et leurs maïs ! Le président-dictateur a supporté cela jusqu’à sa mort. La Guinée ne peut pas supporter des sanctions de ce type. On espère pour ceux qui sont mis en cause qu’ils travailleront honnêtement à ce que cela n’arrive pas. L’Union européenne a dit qu’elle attendait qu’il y ait des actes concrets parce que forcément s’il y a le feu ici, c’est eux qui viendront éteindre. Libre à ceux qui estiment qu’il n’y a pas péril en la demeure et qu’ils peuvent faire ce qu’ils veulent.

Comment analysez-vous la réaction du gouvernement guinéen qui a encore brandi la « souveraineté chèrement acquise et jalousement gardée » ?

C’est une réaction qui est normale. Ils se cabrent sur leur position à la direction des affaires du pays, mais il y a des réalités de ce monde qui, aujourd’hui, ne leur échappent pas.

Vous avez évoqué à l’entame le massacre du 28 septembre. Comment expliquez-vous que des personnes inculpées dans ces événements, continuent d’assumer des fonctions jusqu’à la présidence de la République ?

Je pense que les massacres et viols du 28 septembre n’ont pas encore livré tous leurs secrets. Les différents acteurs connus et inconnus de ce massacre, ceux qui ont mobilisé des tueurs de l’Ulimo et les commandos qui ont été au stade pour commettre ces crimes, ces viols barbares comme la Guinée n’en a jamais connu dans son histoire, il faut que la vérité éclate là-dessus. De même, on aimerait bien en savoir plus sur ces  acteurs politiques dont certains étaient « en mission » à l’étranger comme par hasard, pendant que nous autres des Forces Vives allions en chantant au casse-pipe au stade. Sans compter ces militaires dont il a été dit qu’ils étaient « en mission » à Faranah et que leur hélicoptère s’est même écrasé dans un champ de manioc… Nous ne disons pas que tous les mis en cause sont coupables.

Non, il faut qu’il y ait un procès équitable pour faire jaillir la vérité. On est bien obligé de constater qu’il n’y a pas eu  de procès et que le pouvoir protège manifestement certains auteurs du massacre de 2009. Il n’y a aucune raison qui puisse expliquer que le procès ne se soit pas tenu. C’est la conclusion à laquelle est arrivée l’Union européenne, en disant en avoir assez de l’impunité en Guinée, car cela fait presque 12 ans que ça tourne en rond, il faut agir. Cela veut dire que la vérité reste à connaitre sur les tenants et les aboutissants du 28 septembre 2009, mais aussi sur l’histoire de la balle logée dans la tête de Dadis par son aide de camp Toumba Diakité.

Peut-on déduire que si ces inculpés bénéficient de la protection de l’Etat, ce qu’il y avait eu complicité ?

Je vous ai dit qu’on ne connait pas la vérité. On serait très heureux de la connaitre pour que justice soit rendue aux victimes abandonnées à leur sort. Mais d’un autre côté, je suis convaincu que certains parmi les mis en cause ont tout à gagner dans un procès équitable.  Il y a des faits qui sont connus. Je suis même étonné que Toumba Diakité soit encore vivant. Il a la peau dure ce monsieur. Je suppose que beaucoup ont intérêt à ce que Toumba ne parle pas, sinon on ne va pas laisser trainer quelqu’un 11 ans sans le juger alors que les victimes, les faits, les rapports sont là. C’est certainement au regard de cette situation que l’UE, partenaire important de la Guinée a fait sa sortie.

Si le procès ne s’est toujours pas tenu est-ce par manque des moyens ou de volonté ?

Il y a manifestement un manque de volonté, pour ne pas dire plus. Le pouvoir qui dépense des centaines de milliards en campagnes électorales ne peut pas dire non plus qu’il n’a pas les moyens. Il en a la capacité. On a des magistrats qui sont compétents. Si on les laisse les mains libres, ils vont travailler en leur âme et conscience et vont dire le droit.

 

Interview réalisée par Abdoul Malick Diallo

Pour Africaguinee.com

TEL : (00224) 669 91 93 06

Créé le 5 juin 2021 11:41

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