Guinée : ‘’ Ils ont sacrifié la justice’’ dixit un magistrat

Foniké Mengue et son avocat, maîre Salif Béavogui

CONAKRY- De l’avis de nombreux spécialistes du Droit, la rocambolesque libération de Foniké Mengué, Ibrahima Diallo et Billo BAH, montré les limites d’une justice guinéenne en plein déconfiture.


Incarcérés pour des faits normalement correctionnels, les trois activistes ont fait près d’une année de détention sans être jugés. Il a fallu une pression de la rue et la médiation des religieux pour que leur libération intervienne finalement le mercredi 10 mai 2023, sans aucune base légale. Le Barreau a haussé le ton et a annoncé une journée sans audience, le 15 mai en Guinée. La situation est grave, la justice guinéenne est à la croisée des chemins.

Cette mise en liberté des leaders bien que célébré par certains n’est basée sur aucun acte juridique. Les péripéties qui ont mené ce dossier jusqu’à cette tournure ont permis de mettre à nu le manque de l’indépendance de la justice guinéenne en cette période de refondation.

Certains magistrats qui ont un peu suivi le dossier déplorent la manière dont la procédure a été gérée, dès au départ.

« Quand le dossier de Foniké a été transféré de Dixinn, le juge avait fait le travail estimant qu’ils n’ont pas  commis de crimes. Ils ont fait appel, la chambre d’appel a confirmé la décision de jugement en première instance. On voulait qu’on mette des charges criminelles sur les Foniké Mengué. Or, tout ce qu’ils ont commis c’est d’appeler à des manifestations, concrètement, ils n’ont pas commis de crimes », glisse un magistrat.

Au niveau de la Cour d’Appel la décision rendue n’a pas satisfait le Procureur général qui est passé par le substitut général pour faire le pourvoi au niveau de la Cour Suprême.

« Ils ont transmis le dossier à la Cour Suprême et c’est ce même dossier qui est revenu. Dans ce dossier, ils n’ont pas ordonné la liberté des mis en causes. Mais comme il y a eu la pression, ils les ont libérés sans aucun acte. Ce n’est pas du droit. Là, ils ne sont pas totalement libérés parce qu’il n’y a aucun fondement juridique », explique le spécialiste.

Et d’ajouter, « la Cour Suprême a renvoyé le dossier à Dixinn afin qu’ils soient jugés des faits correctionnels. Ils ont juste sacrifié la justice. Normalement le procureur général ne devrait pas signer une ordonnance de mise en liberté parce que l’ordre de mise en liberté c’est pour exécuter une décision de justice. Normalement en signant le document, il devrait dire en exécution de décision telle soit de Dixinn et de de la Cour Suprême. En principe ils vont être jugés selon la loi », précise notre source.

Si les trois activistes  ont fait neuf mois en détention pour des faits correctionnels estime notre source,  « c’est parce qu’il y a une volonté de les mettre là. Dans les conditions normales ils devraient être jugés depuis quatre mois parce que ce qu’on leur reproche c’est comme un flagrant délit. Ils ont appelé des gens à des manifestations. ‘’Attroupement et complicité’.  Mais normalement quelqu’un ne devrait pas faire huit mois à cause de ce dossier », indique la même source.

A voir la tournure qu’a pris ce dossier de Foniké Mengué, c’est comme si le ministre de la justice et l’activiste il y a un duel d’égo, ajoute un magistrat. «Or, un garde des sceaux ne devrait pas se comporter de la sorte ».

Siddy Koundara Diallo

Pour Africaguinee.com

Créé le 12 mai 2023 14:21

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