Guinée (Fouta-Djalon) : L’histoire de deux mosquées qui divisent les fils d’une même localité…
TOUGUE- Si la religion, à travers ses symboles (mosquées, églises…) est perçue comme un facteur d’union entre les fidèles croyants, à Fatako, une sous-préfecture située à Tougué, en Moyenne Guinée, elle est une source de division.
Dans cette localité, deux mosquées sèment la zizanie entre les fidèles depuis un certain temps. La division s’est cristallisée davantage, depuis l’inauguration de la mosquée construite par l’opérateur économique El-hadj Ousmane Sans loi. Depuis cette date, d’autres fils de Fatako, ont lancé des travaux d’élargissement de la mosquée dite « historique » avec l’appui des autorités. Une situation emblématique, qui au lieu d’unir, les fils de la localité, les a plutôt mis dos à dos.
De l’origine du problème…
Fatako et Fogo habitaient le même village. Les deux bourgades partageaient la même mosquée, jusqu’au moment où il y a eu mésentente entre agriculteurs et éleveurs. Brouille qui a conduit à la dislocation du village, amenant, le partage du matériel de la mosquée qu’ils avaient en commun. Chacun s’installa ailleurs et construit sa propre mosquée, il y a de cela quatre siècles ou même plus.
« Celle de Fatako est parmi les rares mosquées du Foutah, où l’Almamy du Foutah théocratique (Almamy de Timbo) a fait une retraite de plus d’un mois et a béni le village et ses habitants pour l’accueil », explique un membre de la ligue islamique.
« Vouloir délocaliser cette mosquée au profit d’une autre n’est pas admissible, c’est cela qu’il faut élargir et non une autre à côté. C'est ce que nous déplorons », souligne El-hadj Mamadou Samba Baldé dans une lettre.
Avec le soutien des autorités, notamment celui du Président de la République, Pr Alpha Condé, les travaux d’élargissement de la vieille mosquée de Fatako, ont été lancés en début de semaine en grande pompe par le Gouverneur de la région de Labé, Sadou Keita, sous haute sécurité. Cette manière de faire est vue d’un mauvais œil par une frange des habitants de Fatako, qui estiment que les autorités voulaient transformer leur paisible localité, en un champ de bataille.
Honnir le village
« Ce qui se passe chez nous est vraiment regrettable. Comment peut-on réunir le monde entier pour inaugurer une mosquée de 6000 places et qu’un mois après d’autres viennent pour élargir une autre dans le même périmètre ? », S’est interrogé un ressortissant de Fatako, contacté par notre reporter. Notre interlocuteur qui a requis l’anonymat estime c’est une façon d’honnir leur village, en y déployant de surcroit un important dispositif des forces de sécurité.
« Quiconque amène des militaires chez toi, n’aura aucun souci à te mettre en prison. Cette attitude montre qu’on voulait faire de Fatako un champ de bataille. Mais heureusement les citoyens n’ont pas réagi. Ceux qui ont envoyé ces policiers et gendarmes chez nous, ont prouvé à tous que les relations familiales qui nous lient ne sont plus là. Ce, avec la complicité des autorités dont le Président qui a promis du ciment », a déploré ce citoyen de Fatako, qui assure qu’ils feront tout pour éviter des affrontements entre fils de leur localité.
Interrogé par nos soins, les autorités régionales et préfectorales n’ont pas voulu faire de commentaires sur cette actualité dont elles sont pourtant acteurs.
Affaire à suivre…
Alpha Ousmane Bah
Tel. : (00224)657 41 09 69
Créé le 5 juin 2016 11:37Nous vous proposons aussi
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